M. B***
La Fausse Coquette
a cura di Camilla Maria Cederna
Biblioteca Pregoldoniana
lineadacqua edizioni
2018
M. B***
La Fausse Coquette
a cura di Camilla Maria
Cederna
© 2018 Camilla Maria Cederna
© 2018 lineadacqua edizioni
Biblioteca Pregoldoniana, nº 18
Collana diretta da Javier
Gutiérrez Carou
www.usc.es/goldoni
javier.gutierrez.carou@usc.es
Venezia - Santiago de
Compostela
lineadacqua edizioni
san marco 3717/d
30124 Venezia
www.lineadacqua.com
ISBN dell’edizione completa:
978-88-95598-96-3
La presente edizione è risultato dalle attività svolte nell’ambito
dei progetti di ricerca Archivo del teatro pregoldoniano
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Biblioteca Pregoldoniana, nº 18
Nota al testo
Edizione di riferimento e seconda edizione de La Fausse coquette:
Le / Théâtre / Italien / de / Gherardi, / ou / Le / Recueil
général / de toutes les comédies & Scènes françaises jouées par les Comédiens
Italiens du roi, pendant tout le temps qu’ils ont été au service. / Enrichi d’Estampes en taille-douce à la tête de chaque Comedie,
à la fin de laquelle tous les
airs qu’on y a chantés se trouvent gravés notés avec
leur Basse-continue chiffrée. / A Paris, / chez Jean-Baptiste Cusson et Pierre Witte, rue S. Jacques,
au nom de Jésus. / M. DCC./ Avec Privilège du Roy, vol. V, pp. 36-484.
Frontespizio:
LA
FAUSSE COQUETTE/ COMEDIE EN TROIS ACTES
Mise au Théâtre par Monsieur B**** & représentée
pour la première fois par les Comédiens Italiens du Roi dans leur Hôtel de Bourgogne,
le dix-huit de décembre 1694
Incisione:
Sul frontespizio della commedia appare
la prima illustrazione relativa a quest’opera. Si tratta dell’incisione di Franz Ertinger[1] (Colmar, 1640-1710).
Appare, senza numero di pagina, dopo l’occhiello e quella con la lista dei personaggi
(pp. 361-362).
La commedia
comincia a p. 363 e riproduce il titolo:
LA FAUSSE
COQUETTE./ ACTE I./ Scène
I.
Alla fine della commedia
si trovano 4 pagine di musica, non numerate:
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Un’edizione precedente (1697) è contenuta nella raccolta spuria:[2]
Supplément du Théâtre Italien, ou Nouveau
Recueil des comédies et scènes françaises qui ont été jouées sur le Théâtre Italien
par les Comédiens du Roi de l’Hôtel de Bourgogne à Paris. Tome troisième (Amsterdam, Adrian
Braakman, 1697), pp. 264-364. BNF [Microfiche M-23249
(3)][3]
Il testo
non è preceduto da alcuna illustrazione. La lista degli attori, non paginata, è
seguita dall’inizio della commedia a p. 264:
LA FAUSSE COQUETTE, COMEDIE. ACTE I. SCENE PREMIERE.
All’inizio
del volume è posto un avviso al lettore, “Le libraire
au lecteur”, nel quale l’editore
sottolinea il valore di questo terzo tomo rispetto ai precedenti, per completezza,
“esprit” delle opere contenute che, malgrado le condanne da parte dei detrattori
della commedia in generale, non saranno inutili a far conoscere il cuore umano e
i segreti meccanismi che fanno agire gli uomini, e per svelare alla luce della verità
i pretesti con cui sanno colorare le azioni più criminali.[4]
La stessa
versione di trova anche in:
Suite du théâtre italien ou Nouveau
recueil de plusieurs comédies françaises, qui ont été jouées sur le Théâtre Italien
de l’Hôtel de Bourgogne (1697),
pp. 81-182 [BNF YF 5878].[5]
M. B***
La
Fausse Coquette
LA FAUSSE
COQUETTE
Comédie
en trois actes
Mise au
Théâtre par Monsieur B*** et représentée pour la première fois par les Comédiens
Italiens du Roi dans leur Hôtel de Bourgogne, le dix-huit de décembre 1694.
Acteurs[6]
octave, prince polonais[7]
m. prudent, gouverneur du prince, Cinthio[8]
colombine, femme de M. Prudent[9]
angÉlique, nièce de M.
Prudent[10]
lÉandre, amant d’Angélique[11]
arlequin, Intrigant[12]
mezzetin, valet de Léandre[13]
pierrot, domestique de M. Prudent[14]
dame françoise, domestique de M. Prudent[15]
pasquariel, valet d’Octave[16]
un tailleur,
un peintre, Arlequin
un normand,
un magicien,
[maÎtre jacques]
[un porteur des lettres]
[un porteur de chaise]
Plusieurs
démons
La Scène est à Paris
ACTE I
SCÈNE
I[17]
Colombine en espagnolette, Angélique en
Amazone, Léandre en Espagnol, qui vont
au bal.
colombine Je me sens
d’une humeur à me bien divertir.
angélique J’ai une grande disposition, ma chère, à te
bien seconder. (à Léandre) Mais vous rêvez, Monsieur? Que vous en semble?
léandre Je ne
pense qu’à vous; et le plaisir que j’ai de pouvoir librement...
colombine Oh, point de galanterie pour ce soir; pareils
entretiens ne sont bons que dans un tête à tête. Je suis jalouse des plaisirs des
autres, quand je n’en prends point ma part. Eh, là, là, un peu de quartier: vous aurez du temps de reste à causer, quand vous serez
mariés; et Monsieur Léandre m’a l’air de se payer
avec usure des moments d’interruption dont je fais souffrir sa tendresse. Quoi? Angélique rechigne? Je vois bien
à ta mine que tu veux un amant qui paye comptant, et que de crainte de le perdre,
tu ne laisseras pas vieillir les arrérages.[18]
5 angélique Tu me fais tort de croire que je songe à autre
chose qu’au plaisir de me réjouir avec toi, et d’autant plus que je m’imagine la
joie que tu ressens quand tu peux t’éloigner de ton fastidieux époux. Avoue-le,
c’est une épouvantable chose qu’un vieillard pour ton âge.[19]
léandre Franchement, la charge est pesante.
angélique Si j’étais à ta place, je lui ferais prendre
force grains d’opium quand je voudrais me divertir.
colombine Il n’en a pas besoin; et quand je le payerais
pour dormir, il ne s’en pourrait mieux acquitter. Dites tout ce que vous voudrez,
un mari qui a le talent de dormir, quand sa femme a à faire ailleurs, a des prérogatives
charmantes.
angélique Je l’avoue. Mais s’il se réveille par hasard,
et qu’il ne te trouve point auprès de lui?
10 colombine Oh! En ce cas-là, il prendra la peine de
se tourner de l’autre côté et de se rendormir. Si après toutes les précautions que
je prends pour lui cacher mes intrigues, une insomnie dérange tous les soins que
je me suis donnés tant pis pour lui. Est-ce que je suis payée pour le bercer?[20]
léandre En effet, vous vous êtes levée sans
bruit, nous avons fermé la porte fort doucement; il doit
être content des mesures qu’on apporte à ne point troubler son repos.
colombine Assurément.
Mais parlons un peu d’autre chose. Que pensez-vous du dessein que j’ai formé contre
la liberté de ce jeune Polonais?
léandre Je ne sais quels sont les sentiments que
vous avez pour lui. Mais je doute qu’il résiste aux charmes de votre personne. Il
est déjà par avance fort rêveur depuis quelque temps.
colombine Je veux me
justifier, et vous expliquer tout. Vous savez que mon mari en est gouverneur. Les
avantages qu’il a reçus en élevant ce jeune prince l’ont si fortement attaché à
sa maison qu’il les a préférés à l’espérance de posséder en France des emplois considérables.
Cependant, ennuyé de mon absence, et s’étant toujours obstiné à cacher son mariage,
il pallia l’impatience qu’il avait de me revoir du dessein qu’il inspira aux parents
de ce prince de lui faire voir la France, où il le conduisit. Mon mari ne manqua
pas de me faire valoir à son arrivée l’adresse dont il s’était servi pour se rapprocher
de moi, et me défendit surtout de paraître aux yeux du Prince, comme sa femme. Cette
défense fit en moi tout l’effet que j’en avais attendu. Il précipita ma curiosité
dans cette occasion, pour laquelle je n’aurais eu qu’une légère impatience, si je
n’avais était poussée avec plus d’ardeur par la défense
qu’il m’en avait faite. J’étais dans un jardin un jour, et je rêvais aux moyens
de me satisfaire, quand je fus surprise par un bruit qui m’obligea de tourner la
tête. C’était justement le Prince qui y arrivait avec plusieurs autres; et comme je ne voulais être visible que pour lui, je
me dérobai à sa vue avec précipitation, et je laissai tomber mon portrait, qu’il
ramassa. Je sais que cette peinture a fait impression sur son esprit. C’est de quoi
je veux profiter, et voir ce que valent mes yeux auprès de lui, le tout sans blesser
ce que je dois à ma vertu. Je serai même bien aise que mon mari en conçoive de la
jalousie; cela vaut une médecine aux vieilles gens.
15 léandre J’approuve votre dessein, et je vous offre
mon valet Mezzetin, dont vous tirerez assurément du secours, si vous voulez vous
en servir.
colombine Cela est bien généreux; je l’accepte de tout
mon cœur. Mais il est tard. Appelons Pierrot dont je veux être escortée.
SCÈNE
II[21]
Colombine, Angélique, Léandre, Pierrot.
colombine (Appelant Pierrot) Pierrot?
Pierrot?
pierrot (Sans paraître) Paix là.
léandre Il est encore trop
matin pour lui.
colombine Il en faut bien souffrir. Pierrot? Pierrot?
5 pierrot Paix
donc là, vous dis-je.
angélique Tu vas le fâcher, ma petite; il est peut-être après quelques système de philosophie.
colombine Viendras-tu donc? Pierrot?
pierrot (Tout en colère) Peste soit de votre Pierrot! Vous ne croiriez pas avoir bien parlé, si vous n’aviez
cousu un Pierrot au bout de chaque période. Voilà-t-il pas une belle heure pour
appeler, Pierrot, Pierrot?
angÉlique (À Pierrot) Te voilà de
bien méchante humeur, mon ami! Voudrais-tu qu’on t’appelât
Citron?
10 pierrot Dame,
voyez-vous, Mademoiselle, c’est qu’avec moi il n’y a qu’un mot qui serve. Je veux
dormir tout mon saoul. Nous avons tous dormi dans notre famille. Je ne fais que
mes quatre repas par jour, une fois; encore faut-il bien
avoir un peu de repos pendant la nuit.
léandre Eh, qu’as-tu donc tant à te plaindre?
pierrot Eh, morbleu, je n’ai pas une heure de temps dans
le jour pour étudier. Aussi, je deviens tout bête depuis que je suis dans cette
diable de maison. Pierrot, ai-je fait bien de la bile ce matin?
Pierrot, j’ai mal à la tête. Qu’on demande à Pierrot où sont mes mules! Pierrot, combien de fois Monsieur le Chevalier a-t-il
craché sous mes fenêtres? Pierrot, va-t’en
entretenir les dames, pendant que je m’habille. Pierrot, va-t’en
goûter le vin à la cave. Pour cela encore passe. Quand il y a de la raison à une
chose, on ne se la fait pas dire deux fois.
angélique Que veux-tu? Quand on est réduit à servir, il
faut passer par-dessus bien des choses; et si tu n’as que
de ces chagrins-là, je te conseille de les avaler tout doucement.
pierrot Vraiment,
c’est bien ma faute si je sers. Si j’en avais cru mes amis, j’aurais buté tout droit
à quelque bon bénéfice. Mais j’ai toujours eu de la tendresse pour les chevaux,
et je me suis jeté à corps perdu dans l’écurie, pour m’avancer plus vite.
15 colombine Ne sais-tu
point si mon mari dort?
pierrot Il
ronfle à peindre. A propos, j’oubliais de vous dire qu’il faut faire changer de
place au lit de votre mari; car comme je couche à côté
de sa chambre, sa manière de ronfler ne s’accorde point du tout avec la mienne,
et cela m’interrompt quand je dors.
colombine Je
n’y manquerais pas. Mais allons nous-en au bal, il est
déjà tard.
SCÈNE
III
Arlequin, Mezzetin, l’un d’un côté du théâtre, et l’autre de l’autre.
arlequin C’est
avec raison, qu’un ancien philosophe a
écrit sur la différence du jour et de la nuit; car ils
ne se ressemblent nullement.[22]
mezzetin Il faut que quelque parent
du jour soit mort subitement, et qu’il en ait pris le deuil;
car je voyais ce matin bien plus clair qu’à présent. Il fera une vilaine journée
cette nuit.
arlequin Le
soleil a fait la débauche hier au soir, car il est longtemps à se lever aujourd’hui.
Ah! Povero Arlicchino!
mezzetin (Surpris) Come? Arlicchino è
qui?
5 arlequin (D’un
ton ferme) Signor sì, son qui. Una cosa
ben straordinaria! Ah son qui, ah son qui. Mais, tout beau,
ne faisons pas le brave à contretemps; la prudenza è la virtù dei poltroni, et à gens
de ma sorte notre dos est souvent le médiateur des différends.[23]
mezzetin Poichè Arlicchino è qui,
voglio divertirmi di lui.
arlequin (En
se promenant) Tranquilli bourgeois, che dormite tranquillamente, che la vostra sorte me doit faire envie!
Il vostro sonno vi prepara momenti fortunati; et il est permis aux chats de vos gouttières...[24]
mezzetin (Contrefaisant
le chat) Miaou, miaou.
arlequin Un
matou! Est-ce qu’il me prend pour du mou? Vous verrez que quelque chatte de mauvaise vie aura passé
par ici. Ehi voi, tenero gatto,
qui échauffé par les yeux d’une chatte amoureuse, correte de ça, et de là pour tâcher
de la surprendre en flagrant délit; deh! per pietà, fermate
il passo, ne vous mettez point martel en tête. Anca mi son innamorato; ma la mia crudele est bien plus à blâmer:
elle me préfère le fils d’un partisan. Mais pour
vous, de quoi vous plaignez-vous? Si votre chatte vous
trahit, ne savez-vous pas que la nuit tous les chats sont gris?[25]
10 mezzetin (Contrefait
le chien, le chat, l’âne, le cochon, et autres animaux).[26]
arlequin C’est
ici l’assemblée de tous les animaux.
mezzetin (Avec
deux couteaux s’approchant d’Arlequin) Allons, qu’on lui coupe la gorge.
arlequin La gorge! Je n’ai point de gorge à couper. Allons, il faut décamper.
(Arlequin
voulant fuir, Mezzetin lui tend le pied, le fait tomber, et se retire)
arlequin (Se relevant) Je suis tombé bien adroitement; car il n’y a que le nez qui a porté. A combien de
malheurs est-on exposé la nuit! Fâcheuse condition que
celle d’un valet! Le métier n’en vaut plus rien; et je trouve, pour moi, quoi qu’on en dise, que tant d’honnêtes
gens qui roulent aujourd’hui en carrosse, ont bien fait de le quitter.
15 mezzetin (Revenant
en vendeur d’eau de vie) La vie, la vie. À mon petit cabaret, la vie, la vie.[27]
arlequin Parbleu,
voilà justement mon affaire.
mezzetin Bonjour, bonjour, Monsieur. La vie, la vie.
arlequin Parlez,
Monsieur la vie?
mezzetin Que souhaitez-vous de moi?
Voulez-vous jouer aux dés? Aux cartes?
Au Toton, au Quilles, au Palet, à la Paume, au Cheval fondu, au Trou-madame, au
Qu’y met-on, au Combien, à la Coupe-tête, à Pet-en-gueule, au Plaît-il maître? Vous ne parlez pas?[28]
20 arlequin Je
ne veux point jouer.
mezzetin Voulez-vous que je vous parle de la petite
joie de Franchon, Margoton, Alison, Salisson, Cotillon,
Louison, pour boire du bon, au petit Bourbon?[29]
arlequin Je ne
connais point tous ces messieurs-là.
mezzetin (Donnant
la lanterne à tenir à Arlequin, et prenant une bouteille et un petit verre dedans
son panier)
arlequin (Prenant la lanterne, et voyant la bouteille)
Vous y êtes. Du ratafia, et du meilleur?[30]
25 mezzetin (Versant
du ratafia dans le verre) Comme vous voyez, il n’y a point de raillerie avec
moi. J’ai versé tout plein, et... je bois de même. (il boit)
arlequin Et moi
je vous éclaire.
mezzetin Il me semble que vous n’entrez pas assez dans le décorum de notre charge.[31]
arlequin A moins
que je n’entre dans votre panier...
mezzetin Savez-vous que nous sommes gens nécessaires
à l’État?
30 arlequin C’est
donc pour l’énivrer?
mezzetin Oh que non. Qui est-ce qui tient le cœur en
joie? La vie. Qui est-ce qui donne du courage aux soldats? La vie. La, la, la. (il fredonne en s’en allant)
arlequin (Le rappelant) Parlez donc. Est-ce que vous
savez chanter?
mezzetin Je le crois. C’est moi qui ai eu l’honneur
de mettre le premier clou à l’orchestre de l’Opéra. Ecoutez ma chanson.
Accourez
tous
venez chez nous
rattraper la santé si l’on vous l’a ravie.
La
vie, la vie.
Amis, buvez, chassez la maladie.
Eau
de vie, eau de vie.
Suivez-moi,
je bois Rossoli,
raccabi,
fenouillette,
eau clairette.
Piterpite et Ratafia?
Laissez-là
tisane et limonade,
fraise, framboise, orgeade.
Voici
de l’or potable.
Qui
guérit la folie.
Ma
vie, la vie.
À mon petit
Cabaret, à mon petit Bourbon,
pour boire du bon,
Fanchon,
Toinon, Margoton,
la vie, eau de vie, eau de vie.[32]
arlequin (Le contrefaisant) À mon petit Bourbon, pour boire du bon, Fanchon, Toinon,
Margoton, la vie, eau de vie, eau de vie. Cet homme-là est drôle!
Je m’en vais prendre pour un sol de vie (il
fouille dans ses poches). Où est donc mon argent? Ouais! Je pense que je n’en ai pas!
Voyons encore.
35 mezzetin (Pendant
qu’Arlequin fouille dans sa poche, se change en oublieux, et crie) La joie,
la joie, des petits tuileaux, laux, laux, la joie.[33]
arlequin (Regardant de
tous côtés) Je pense que le vendeur d’eau de vie s’est évaporé.
mezzetin (Criant
toujours) Jeanneton, Perrette, dormez-vous? M’appelez-vous,
filez-vous, cousez-vous, gribouillez-vous? Faites-vous
la joie? La joie, la joie, la petite joie.
arlequin La joie,
la joie?
mezzetin (Se
tournant de tous côtés) Qui m’appelle?
40 arlequin C’est
moi.
mezzetin (Courant
sur Arlequin) Me voilà.
arlequin Et moi
aussi (le poussant) Prenez donc garde.
Voulez-vous m’écraser?
mezzetin (Se reculant et s’en allant) Puisque vous
vous fâchez, Monsieur, serviteur.
arlequin Où allez-vous
si vite?
45 mezzetin Je m’en vais souper chez un conseiller.
arlequin Bon! Il est trop tard; vous n’arriverez
tout au plus qu’au dessert. Mais puisque vous allez chez un conseiller, vous êtes
donc dans le grand monde?
mezzetin Je le crois! Il n’y
a point de grande maison où je ne rentre plus facilement que chez moi.
arlequin Et pourquoi
cela?
mezzetin C’est que comme je couche dans un four, et
que la porte est fort petite, j’ai toutes les peines du monde à y entrer.
50 arlequin Ça, ça, voulez-vous
jouer une main ou un pied d’oublies ensemble?[34]
mezzetin Volontiers,
et par-dessus tout cela, je vais vous régaler de ma chanson.
(Ils s’agenouillent tous deux à terre, le corbillon au milieu d’eux. Mezzetin
tire un cornet et trois dés, et de temps en temps, crie:
La vie, la vie; ce qui oblige Arlequin
à se lever, et à chercher tout autour de lui. Après avoir fait plusieurs fois le
même lazzi)[35]
arlequin (Regardant Mezzetin au visage, lui dit) N’avez-vous
jamais vendu d’eau de vie?
mezzetin Non, Monsieur. Mais remettez-vous donc à votre
place si vous voulez jouer.
(Arlequin se replace à côté de Mezzetin, un genou
à terre, et regarde de temps en temps dans le corbillon, pendant que Mezzetin chante)
mezzetin (Chante)
Dès que la nuit étend son voile,
on m’entend crier comme un fou.
Ma
lanterne me sert d’étoile,
et mon corbillon de surtout.
N’êtes-vous
pas saouls
de dormir tous?
Que
ne m’appelez-vous, hou hou,
mes bonnes dames,
éveillez vos jaloux.
Gens
mariés, la nuit on vous laisse vos femmes,
et le jour elles sont
pour nous.[36]
55 arlequin (Ayant la bouche pleine d’oublies qu’il a prises
dans le corbillon pendant que l’autre chantait, contrefait Mezzetin, et répète en
bredouillant)
Et
le jour elles sont pour nous.
mezzetin (Surprenant
Arlequin la bouche pleine) Je pense que vous mangez mes oublies?
arlequin J’ai pris
la main du roi.
mezzetin Oh! Puisque vous les
aimez tant, mangez encore celles-ci. (il lui jette une poignée
de farine dans le nez, et s’en va)
arlequin (Se relevant et courant après) Attrape, attrape.
On ne saurait manger un morceau en repos.[37]
SCÈNE
IV[38]
Pierrot, avec une lanterne, Colombine, le Prince, qui les
suit.
pierrot Sauvons-nous,
vous dis-je, de ce mauvais lieu-là. J’ai eu besoin de toute ma vertu pour ne pas
succomber.
colombine En voilà
assez pour ce soir.
pierrot Vous êtes bien sobre aujourd’hui?
Mais à qui en veut ce Marmouset-là? Il vous a fleuré tout
le soir: retirons-nous, il a mauvaise physionomie.[39]
le prince (Abordant Colombine) Le sort m’est plus favorable
que je n’osais l’espérer. Je vous retrouve enfin, Madame, et mon cœur, en vous voyant,
est bien vengé de l’inquiétude que ce moment d’absence lui a causé.
5 pierrot S’il
la voyait aussi souvent que moi, il en serait bientôt las.
colombine Je ne croyais
pas, Seigneur, que vous prissiez assez d’intérêt à ma personne, pour vous apercevoir
que j’eusse disparu de l’assemblée.
le prince Ah, Madame! Mon cœur tient à vous par des charmes trop puissants,
et il est trop content auprès de vous pour vous en voir éloigner tranquillement.
colombine Vous me trouveriez
bien faible, si je donnais quelque croyance à des discours, que le seul hasard,
ou plutôt certaine manière familière à tous les hommes, leur fait débiter.
pierrot Oh! Elle y a déjà été attrapée.
10 le prince Que je suis encore loin de l’espérance dont je m’étais flatté,
puisque ma sincérité vous est suspecte!
colombine Le moyen
de croire que vous m’aimez, ne m’ayant jamais vue?
le prince Par quels
serments faut-il vous rassurer? Mais que vous êtes injuste! Tout ne devient-il pas possible aux charmes de vos yeux? Oui, madame, c’est dans vos regards que j’ai puisé cette
flamme qui me dévore. Rien n’est comparable à
l’idée que je m’en suis faite; c’est l’Amour même qui a
pris soin de vous dépeindre à mon cœur. Hélas! Si, malgré
les soins que vous avez pris à me les cacher, mon cœur n’a pu se défendre, je m’attends
à mourir de plaisir en les voyant.
pierrot Que
vous faites de façons! Si j’étais à votre place, je lui
aurais déjà fait voir tout ce qu’il aurait voulu.
colombine J’estime
trop l’erreur dont mon masque vous a prévenu en ma faveur, pour vouloir risquer,
en me découvrant, ce que mes yeux ont si heureusement commencé.
15 le prince Madame, si vous êtes si obstinée à me cacher votre visage, du moins
accordez-moi votre portrait.
pierrot Je
lui donnerais plutôt le mien par-dessus le marché.
colombine Seigneur,
je ne puis encore vous satisfaire de cela, car je le perdis dernièrement en me promenant
dans un jardin.
pierrot N’est-il
pas temps de vous retirer? Hélas!
Si mon père et ma mère savaient que je suis dans les rues à l’heure qu’il est...
le prince Ainsi
donc, Madame, je ne remporterai avec moi, pour tout fruit de mon amour, qu’une triste
incertitude, et que l’inutilité d’une espérance dont je m’étais flatté trop légèrement.
20 colombine Espérez, Seigneur. Je ne puis priver votre tendresse d’un bien qu’elle
mérite. (apercevant son mari) Ah, ciel! (au Prince) Il faut, Seigneur, que je m’éloigne, ne me suivez point de
grâce. (à Pierrot) Pierrot, voilà mon mari, je suis
perdue si tu m’abandonnes.
pierrot Diable! Le bon homme a bien peur que le serein ne tombe sur l’honneur
de sa femme.
le prince Eh quoi,
Madame...
pierrot (Repoussant le Prince) Nous avons bien d’autre
affaire que de vous écouter. (le Prince s’éloigne d’eux)
SCÈNE
V
Prudent, une lanterne à la main. Les acteurs de la scène
précédente.
prudent Où est
donc allée ma carogne de femme?
colombine (Fait tomber la lanterne de son mari, et entre
aussitôt dans la maison)
pierrot Qui va là?
prudent Est-ce
toi, Pierrot? Où est ma femme?
5 pierrot (Poussant Prudent dans la maison) Taisez-vous,
ne parlez pas, vous ne savez pas le danger où vous êtes.
prudent Mais ma femme? Je veux
savoir...
pierrot (Le faisant rentrer de force dans la maison)
vous les aurez de reste une autre fois; rentrez donc, vous
dis-je.
le prince (Seul) Dans quel étrange embarras son discours
me jette-t-il. Mais enfin, reprenons quelque espérance. Il n’en faut point douter,
c’est son portait que j’ai trouvé l’autre jour: la perte
qu’elle a avoué avoir faite du sien; son esprit et mon cœur, tout est d’accord pour
me persuader. Pasquariel, viens être témoin de l’excès
de ma joie. J’ai enfin découvert l’original du portrait qui m’avait donné tant d’inquiétude.[40]
SCÈNE
VI[41]
Octave, Pasquariel.
C’est une scène
toute italienne. Pasquariel vient avec un flambeau allumé,
suivi d’un de ses amis, qui tient une bouteille et un verre. Et comme toute l’attention
de Pasquariel est tournée du côté de la bouteille, il
ne songe qu’à la vider, sans prendre garde à ce que son maître lui dit; ce qui fait qu’il ne répond jamais juste aux demandes du
Prince qui, las de ses impertinences, l’observe attentivement et, le surprenant
avec un verre à la main, lui donne un coup de pied dans le ventre, et s’en va. Pasquariel tombe en arrière, fait la culbute sans renverser
le verre de vin, se lève, le boit; et voulant s’en aller,
il s’arrête voyant venir Arlequin habillé en femme.
SCÈNE VII
Pasquariel, Arlequin, déguisé en femme.
pasquariel Gran sventura
di servire un giovane senza cervello! Ma che vedo? Una ninfa tardiva, che sorte
sola dal ballo!
arlequin Je viens,
comme cela du bal, où tout le monde m’a pris pour une femme. J’y ai fait des conquêtes
à foison. Mais voici Pasquariel; je ne veux pas qu’il me reconnaisse (il se promène devant Pasquariel, son manchon devant
son visage). En vérité le serein est incommode dans une assemblée de nuit!
pasquariel (Amoureusement)
Buonasera a vossignoria, Mademoiselle.
arlequin Ah, fi
donc, Monsieur, fi donc! Vous me faites rougir.
5 pasquariel Ne craignez rien, Madame, je ne suis ici que
pour vous servir. Que vous êtes charmante!
arlequin Eh bien,
ne l’avais-je pas bien dit? Dame, arrêtez-vous donc. Vous
me regardez avec de certains yeux languissants; je sens
que cela dérange toutes mes parties nobles.
pasquariel Qui êtes-vous, Madame?
arlequin Moi, Monsieur?
pasquariel Oui. Êtes-vous fille?
10 arlequin (En niaisant) Bon, bon!
pasquariel Êtes-vous femme?
arlequin Point
du tout.
pasquariel Vous êtes donc veuve?
arlequin Oh, pour
veuve, je l’ai été trois fois, sans le tour de bâton, et le savoir-faire.[42]
15 pasquariel È una gran fortuna la mia, d’avervi ritrovata. Demeurez-vous loin?
arlequin Moi, Monsieur? Je n’ai point de demeure assurée, et je loge où je
me trouve.
pasquariel Mais qui êtes-vous?
arlequin Je suis
une pièce d’étoffe qui n’a point encore été déroulée.[43]
pasquariel (À part) La belle brunette, la belle brunette! (haut) Cette étoffe-là sera toujours du goût de tout le monde.
Et combien l’aune, s’il vous plaît?[44]
20 arlequin Oh, pour
cela, Monsieur, on ne me mesure pas à l’aune. Mais pour peu que cela vous fasse
plaisir, je vous en ferai bonne composition.
SCÈNE VIII
Mezzetin, Arlequin,
Pasquariel.
mezzetin È possibile che non potrò trovar il mio patron? Ma non è quello Pasquariello,
con una bella figlia? Oh, j’en aurai
ma part, ou je m’engorge. Bonsoir, Pasquariel. Qui est
cette jolie fille?[45]
arlequin (Bas en riant) Il ne me connaît pas, divertissons-nous.
pasquariel Cette jolie fille? Non la conosco.
mezzetin (À Arlequin)
Vous êtes bien tard dans les rues, Mademoiselle?
5 arlequin (D’un ton embarrassé) C’est que j’attends
s’il ne passerait pas quelque vendeur d’eau de vie, pour me rafraîchir un peu. Je
sors de ce bal, si altérée, si altérée, qu’à peine ai-je la force de cracher.
mezzetin (Bas)
C’est du gibier. (haut)
Il me semble pourtant que dans ce bal on donnait de la limonade aux dames.[46]
arlequin Cela est
vrai; et de l’air dont je suis faite, vous pouvez bien
juger qu’on ne m’en a pas offert la dernière. Il y avait un grand fripon de laquais
bien fait (on dit que c’est le laquais de la dame du logis), le pendard, il avait
un empressement étrange pour m’en faire boire; je n’ai
jamais vu un garçon plus pressant. Mais à parler franchement, j’ai trouvé la limonade
trop froide; j’aime beaucoup mieux une bouteille de vin
de Champagne, cela rappelle mieux son buveur.
mezzetin Mais, délicate comme vous êtes, le vin doit
vous incommoder.
arlequin Oh, ne
vous y trompez pas, il n’y a point de grenadier qui porte mieux son vin que moi.
10 mezzetin Cela étant, je vous offre bouteille au premier
cabaret.
pasquariel Tout beau, Monsieur
Mezzetin, tout beau: Sono il primo, e devo aver la preferenza.
arlequin Oh, point
de querelle entre vous, s’il vous plaît; je vais vous mettre
d’accord. Vous m’en donnerez chacun une bouteille, et je les boirai toutes deux.[47]
pasquariel Allez, vous êtes une insolente, Madame.
arlequin Ah, le
fripon, qui me dit des injures à ma barbe!
15 mezzetin C’est un faquin que j’aurais déjà assommé,
si...
arlequin Je n’aime pas le bruit; mais
vous me feriez plaisir de le houspiller un peu.
SCÈNE
IX
Angélique en amazone,
les acteurs de la scène précédente.
angélique (Vers la cantonade) Adieu, Chevalier, adieu,
Marquis, serviteur, Monsieur l’Abbé! Je crois, par ma foi, que toute la friperie
s’était donné rendez-vous dans ce bal-là. Mais il est
temps que je me retire. Holà, eh, quelqu’un de mes gens?
Champagne? La Fleur? Où diable
sont-ils donc? (à Mezzetin) Ah, mon
enfant, n’as-tu point vu un carrosse avec des chevaux blancs, des laquais rouges,
des galons d’or aux manches, des plumets, et des écharpes?[48]
mezzetin Non, en vérité, je n’ai rencontré que la charrette
d’un boulanger de Gonesse. Si vous en avez besoin, je l’appellerai.[49]
angélique (À Pasquariel) Mon
enfant, n’as-tu point vu un carrosse plein de masques?
pasquariel Non, je n’ai point rencontré aujourd’hui d’autres
masques que vous!
5 angélique (Apercevant
Arlequin) Ah, parbleu, Madame, je crois que vous vous moquez de moi! Il y a deux heures que je vous cherche. Vous me donnez rendez-vous
dans ce bal, et vous sortez sans rien dire.
arlequin (D’un air dédaigneux) Oh, vraiment, vraiment,
s’il fallait que je tinsse parole à tous ceux à qui j’ai donné rendez-vous, j’aurais
plus de trente galefretiers à mes trousses.[50]
angélique (Embrassant Arlequin) Ah, Madame, quel plaisir...
mezzetin (Repoussant
Angélique) Monsieur, vous vous trompez, ce n’est pas ce que vous pensez, et
cette fille-là est à nous; nous l’avons prise à fond perdu,
mon camarade et moi, pour danser à deux ou trois bals de nos amis.
pasquariel Cela est vrai, et j’ai couru toute la nuit, pour
lui trouver un corps, une jupe et une chemise.
10 angélique (À Arlequin)
Quoi, Madame, vous...
arlequin Une belle
affaire! C’est que j’avais donné mon corps et ma jupe à
la blanchisseuse.
angélique Vous
empruntez une chemise? Ah, ah, ah!
arlequin Pourquoi
non? Comme on est bien aise de n’être pas reconnue dans
un bal, j’ai emprunté une chemise blanche pour mieux me déguiser.
angélique Le
déguisement est nouveau.
15 pasquariel (À Angélique,
prenant Arlequin par la main) On vous donne le bonsoir, Monsieur.
angélique Qu’appelez-vous
bonsoir? (elle prend Arlequin par la main) Allons, Madame,
venez-vous-en avec moi.
arlequin En vérité,
Monsieur, je ne puis pas. Je suis louée pour toute la nuit, en conscience. Demandez,
demandez.
mezzetin Cela est vrai. Nous en avons payé la première
heure d’avance.
angélique Oh,
morbleu, louée ou non, je ne vous quitte pas. (vers Pasquariel et Mezzetin) Allons, Messieurs,
lâchez cette fille-là; ou par le sang bleu...[51]
20 pasquariel Oh, ne faites point de gasconnade, car je vous
donnerai de mon flambeau par le nez.[52]
angélique Comment,
maraud?
mezzetin Je décampe. (il s’en va)
angélique Tu
perds ainsi le respect à une personne comme moi? (elle lui tire un coup de pistolet sans l’attraper, et s’en va)
arlequin Ah, je
suis morte. Je n’en reviendrai jamais.
25 pasquariel Êtes-vous blessée?
arlequin Non, mais
je ne porterai jamais mon fruit à terme. Je suis grosse de quatorze mois.
SCÈNE
X[53]
Le
théâtre représente la chambre du Prince.
Le
Prince, regardant
le portrait de Colombine qu’il a au bras, Prudent qui survient.
le prince (Seul) Ah! Que mes
yeux goûtent avidement à leur premier éveil un objet si charmant!
Quand, malgré mon sommeil,
un doux élan de flamme,
de tendres visions a su remplir mon âme,
et qu’un songe flatteur m’a, par des traits nouveaux,
de ses charmes puissants tracé mille tableaux!
Hélas! D’une si douce, et si charmante idée,
mon âme à tout moment se trouve possédée.
Que
veut dire ceci, mon cœur?
Tu
te flattes. Tu crois que de tous ces mensonges,
comme ils ne sont causés la nuit que par des songes,
il ne t’en restera jamais que la vapeur.
Mais
consulte-toi mieux toi-même.
Voir
cet objet la nuit, le chercher tout le jour,
si ce n’est pas là comme on aime
apprends-moi, faible cœur, à connaître l’amour.
Ah, vous voilà, Monsieur Prudent? Vous venez bien
tard aujourd’hui.
prudent Comme
je savais que vous deviez passer une partie de la nuit au bal, j’ai cru que vous
ne seriez pas encore éveillé.
le prince Depuis
quelques jours mon sommeil est interrompu.
prudent Je me
rendrai une autre fois plus exact. Mais, Seigneur, j’ai une grâce à vous demander.
Un de mes amis, ayant fait ici mal ses affaires,
est contraint de se retirer, et voudrait
passer en Pologne; je vous demande pour lui l’honneur de
votre protection, et quelques lettres de faveur.
5 le prince Vous pouvez compter sur moi, pour vous et pour vos amis. Faites
expédier les lettres par mon secrétaire comme vous le souhaitez, et je les signerai.
prudent Que
je vous ai d’obligation! (il baise la main du Prince, et apercevait le portrait de sa femme, à part)
Mais que vois-je? Le portrait de ma femme au bras du Prince!
Puis-je bien être encore le maître de mes transports?
le prince Qu’avez-vous
donc, Monsieur? Vous changez de couleur.
prudent (À part) Dissimulons. (haut) Quelques vapeurs, dont j’ai
été frappé comme d’un coup de foudre, ont causé la surprise que vous avez remarquée.
pasquariel (Arrivant)
Monsieur, voilà cette chose que vous voulez avoir.
10 le prince Que veux-tu dire?
pasquariel C’est cet homme, vous dis-je, qui a des petits
morceaux de bois qui ont de la barbe au bout; cela est
fait comme de petits balais, et d’un seul coup de cette affaire-là il vous défigure
le visage.
le prince C’est
du peintre dont il veut parler. Fais-le entrer.
pasquariel Entrez, entrez, Monsieur.
SCÈNE XI[54]
Arlequin, en peintre,
le Prince, Prudent, Pasquariel.
arlequin On m’a
dit, Monsieur, que vous cherchiez un peintre; et comme
sans vanité je le suis, je viens vous offrir tout ce qui dépend de mes couleurs
et de mes pinceaux.
le prince Je suis
ravi de vous voir.
arlequin Tel que
vous me voyez, Monsieur, je suis un original, mais le plus original de tous les
originaux. On voit renaître dans mes ouvrages les Titien, les Paul Veronese, les Carache, les Michelange, les... Arlequin; et dans
mille ans d’ici, si je vis encore, ce sera quelque chose de beau de me voir.[55]
le prince Si vous
poussez l’excellence de la peinture jusqu’à ces temps-là, vous y découvrirez bien
des beautés, et je souhaite en être le témoin.
5 arlequin Nous
tenons de la nature certaines inclinations nécessaires pour exceller dans un art,
et je puis dire qu’elle me les a toutes prodiguées. Car j’aime le vin, le jeu, et
les femmes; je suis gueux et capricieux en diable: voilà
ce que raisonnablement on peut demander dans un peintre accompli, et ce que sans
me flatter je possède au suprême degré; mais aussi, je n’ai point d’autres défauts
considérables.
le prince Vous voulez
vous divertir.
arlequin Je suis
surtout le peintre des femmes. Il n’y en a pas une que je ne rajeunisse de dix années.
J’attrape si bien l’air du visage, que, tac, je donne un soufflet à la nature; et s’il manque quelque chose à leur ressemblance, c’est
leur flux de bouche perpétuel où je n’ai pu encore atteindre avec mon application.
le prince Ce n’est
pas aussi une chose fort facile. Mais ne nous ferez-vous point voir quelqu’un de
vos ouvrages?
arlequin Il y en
a un qui paraît assez souvent aux yeux de tous les hommes;
mais le beau temps lui est contraire.
10 le prince Qu’est-il donc?
arlequin L’arc-en-ciel![56]
le prince L’arc-en-ciel?
arlequin Oui, vraiment,
c’est moi qui l’ai peint en détrempe. Voilà ce qu’on appelle un morceau bien hardi,
et d’un beau coloris!
le prince Vous moquez-vous?
15 arlequin Bon! Ce n’est qu’une bagatelle. Je peignis l’autre jour une oppression
de poitrine qu’avait une dame, si bien et si au naturel, qu’un médecin même qui
la vit dans la rue, comme mon valet la portait, en fut si fort frappé d’imagination
qu’il voulait à toute force faire saigner et purger mon tableau;
mais vertu de ma vie, je m’y opposai fortement.
le prince Eh pourquoi
cela?
arlequin La malepeste! Si les médecins s’étaient mêlés une fois de traiter
les tableaux, il ne nous resterait non plus de morceaux de l’Antiquité que des malades
dont ils prennent soin.
le prince Venons
au fait, Monsieur; car avant de travailler pour moi, je
veux voir de vos ouvrages.
arlequin Volontiers,
Monsieur. Je vais vous faire voir un paravent que je portais chez une personne de
qualité. Allons vite, que l’on apporte le paravent.
(Deux laquais apportent un paravent. Arlequin l’ouvre. On voit dans la première
feuille un cavalier qui se peigne devant un miroir)
20 arlequin (Au Prince) Eh, Monsieur, que dites-vous de
ce cavalier-là?
le prince Il est
assez bien. Mais cette main-là, la main du peigne me paraît
un peu contrainte et engourdie.
arlequin Engourdie? Cela est vrai. Vous y êtes, Monsieur, c’est que je
l’ai peinte pendant l’hiver.[57]
pasquariel (Approchant
sa main de la poche du cavalier peint) Monsieur le peintre, ce cavalier-là n’a
rien dans sa poche?
arlequin C’est
que c’est une poche à la mode. Dans les poches d’à présent il n’y a rien. (au Prince) Mais, Monsieur, je vais vous faire
voir une feuille qui vous charmera. (Arlequin
fait voir une autre feuille du paravent, où Colombine paraît avec un cavalier à
ses genoux) Eh bien, que dites-vous de cette feuille-là?[58]
25 le prince (Tout étonné) Ah, ciel! Que vois-je? Quel charme pour
mon cœur! (regardant le portrait
qu’il a au bras, et celui du tableau)
C’est elle assurément.[59]
arlequin (Au Prince) Cette feuille-là est-elle de votre
goût?
le prince Oh, Monsieur,
je suis tout hors de moi. Cette feuille me charme. (à Prudent) Qu’en dites-vous, Monsieur Prudent?
prudent (À part voyant sa femme) Où s’est donc fourré
ma carogne de femme? (il veut s’approcher du paravent)
arlequin (Repoussant Prudent) Ôtez-vous de là. Votre
haleine gâterait tout. (au Prince) Voilà une feuille qui vous occupe
trop; je vais vous en faire voir une autre qui ne vous plaira pas moins.
(On ouvre
une autre feuille du paravent. Colombine y paraît assise)
30 le prince Une seconde fois?
prudent Encore?
arlequin (À Prudent, en lui montrant la tête de sa femme)
Avouez, Monsieur Prudent, que voilà une bonne tête.
le prince C’est
tout ce qu’il y a de plus beau au monde, et je vous prie de me laisser ces paravents-là.
arlequin Je le
veux bien; j’en ferai d’autres à la dame qui me les avait
commandés. Mais, Monsieur, ils seront chers.
35 le prince Combien?
arlequin Deux mille
écus.
le prince (En s’en allant) Monsieur Prudent, ayez soin
de faire donner deux-mille écus à Monsieur (à
Pasquariel) Pasquariel,
fais apporter tout à l’heure ces paravents-là dans ma chambre.
arlequin (Courant après le Prince) Deux mille écus
neufs, au moins. Neufs.
le prince Qu’on
lui donne tout ce qu’il demande, il n’est point d’argent qui puisse payer ce que
je viens de voir (il rentre)
40 arlequin Je
suis fâché de ne lui avoir pas demandé dix-mille francs (à Prudent). Ça, Monsieur
Prudent, de l’argent?
prudent Mais,
Monsieur le peintre, c’est n’avoir point de conscience!
Deux mille écus un barbouillage? Fi!
arlequin Qu’appelez-vous
un barbouillage? Mais écoutez, ne nous brouillons point,
Monsieur Prudent, je sais comme on en doit agir. N’empêchez pas Monsieur le Prince
de prendre mes paravents; et pour reconnaissance, je vous
peindrai gratis dans un pot de chambre.
prudent Je vous prie, Monsieur, que je revoie
encore une fois ces paravents avant qu’on les emporte;
c’est toute la récompense que je vous demande.
arlequin Ne voulez-vous
que cela? Vous allez être bientôt content. Allons, qu’on
lève encore ces paravents.
(On dresse les paravents de haut en bas, et l’on y voit une servante avec
une botte de raves à la main)
45 prudent (Étonné du changement) Qu’est-ce que cela?
arlequin C’est
Madame Simone quand elle ratisse les navets. Mais je veux vous faire voir quelque
chose de plus joli. (il déploie une autre feuille de paravent où est
Mezzetin en flamand, fumant une pipe, avec un autre Flamand qui tient une flûte
d’Allemagne à la bouche)[60]
prudent Voilà
qui est fort drôle.
arlequin Oh, cela
n’est rien. Mes figures s’animent quand je veux. Ecoutez.
mezzetin (Chante,
et l’autre l’accompagne de la flûte)
A Fanchon
l’autre jour,
voyant la peau si blanche e e e,
je glissai, plein d’amour,
ma main dedans la manche e e e,
mais la Coquine
dit, en faisant la froide mine,
ah, fripon,
cessez donc;
c’est bien là qu’on badine e e e!
50 arlequin (À Prudent) Avec ces paravents-là, on a quand
on veut de la musique qui ne coûte rien.
prudent Rien
au monde n’est plus surprenant.
arlequin Voyez
celui-ci.[61]
(On ouvre une autre feuille du paravent qui représente un voleur demandant
la bourse à un abbé, le pistolet à la gorge)
prudent Voilà
qui est terrible! Un homme qui en veut tuer un autre! (Prudent s’approche
du paravent pour le voir de plus près. Dans le même temps, celui qui y est représenté
le pistolet à la main saisit Prudent par la cravate, en lui demandant la bourse.
Prudent crie, l’autre tire son pistolet, et finit le premier acte)
ACTE II
SCÈNE I[62]
Pasquariel, Mezzetin, Arlequin qui survient.
pasquariel (Pleurant)
Ah, ah, ah, malheur, ah!
mezzetin Qu’as-tu donc tant à pleurer?
pasquariel Ah, mon pauvre Mezzetin, tu vois un homme bien
affligé.
mezzetin Quand tu m’auras dit de quoi, je te consolerai.
5 pasquariel Je suis inconsolable. Je n’avais crédit que dans
un cabaret et le maître vient de mourir.
mezzetin Quoi? La mort d’un
cabaretier te fait pleurer? Fi!
Eh, tant mieux, morbleu, tant mieux. Ces coquins-là empoisonnent le vin tous les
jours. Tant mieux, vous dis-je, tant mieux.
pasquariel (Toujours
pleurant) Eh, mon ami, il y a cabaretier et cabaretier.
mezzetin J’avoue qu’il y a d’honnêtes gens dans toutes
sortes de métiers, mais cela est rare; et d’ailleurs depuis,
un certain temps ces messieurs-là se donnent des airs, ils portent des manteaux
rouges. Tant mieux, morbleu, tant mieux.
pasquariel Quoi? Vous ne pleurerez
pas?
10 mezzetin Moi, pleurer? Ma foi, non; ma mère m’a fait
en riant. Ah, ah, ah! (il rit)
pasquariel Et savez-vous bien qui est-ce qui est mort?
mezzetin Non, et je ne me soucie guère de le savoir.
Ah, ah. (il continue de rire)
pasquariel Pourtant quand vous saurez que c’est Maître André...
mezzetin Quoi? Maître André, le pauvre
Maître André est parti? Hi, hi!
(il pleure)
15 pasquariel Oui, il est parti, et je lui dois cent francs.
mezzetin Il faudra les payer.
pasquariel Assurément. Je les payerai à son retour. Mais
ce qui me chagrine le plus, c’est que la pauvre femme est grosse.
mezzetin Grosse? Et de combien?
pasquariel De quatre enfants.
20 mezzetin Tu veux dire de quatre mois. Mais comment
est-il mort? Car j’ai bu ce matin avec lui. Lui aurait-on
donné quelque coup d’épée, de pistolet, de canon, de couleuvrine?
pasquariel Hélas, non! Il est mort
de sa belle mort, le verre à la main.
mezzetin Il est mort en galant homme.
arlequin (Entre en chantant et dansant, et se retrouvant
au milieu de Pasquariel et de Mezzetin qui pleurent, après
les avoir bien considérés, il pleure comme eux)
mezzetin (À Arlequin
qui pleure) De quoi pleurez-vous, mon ami?
25 arlequin Je
vous le demande. Je pleure par conversation.
pasquariel (À Arlequin)
Il est mort, et tu ne boiras plus.
arlequin Comment? Je ne boirai plus? Est-ce que
le vin est mort? Eh bien, je boirai de l’eau de vie.
mezzetin Eh non,
le vin n’est pas mort, mais un de tes meilleurs amis et des nôtres.
arlequin La mort
de mon meilleur ami ne me fera pas boire une goutte de moins. Je me console des
maux sans remède, moi. La mort est un mal sans remède, ergo je me console de la mort.
30 pasquariel Oui, mais quand vous saurez que celui qui est
mort s’appelle Maître André...
arlequin Hoimé! Quel coup de foudre! Maître André est mort? Hélas! Mes enfants, vous avez raison de pleurer la mort d’un
si galant homme. Pleurons tous trois de compagnie, hi, hi, hi!
(ils pleurent tous trois) Mais est-il enterré?
mezzetin Non, pas encore.
arlequin Il est
mort, et il n’est pas enterré? (après avoir rêvé) Tout à l’heure je suis à vous. (il s’en va avec précipitation)
mezzetin La bouteille
a bien perdu à cet homme-là; car il la buvait d’une haleine.
35 pasquariel (Toujours
pleurant) En mourant il disait: Adieu, Adieu, Mezzetin;
adieu, Pasquariel.
mezzetin Oh! Cet homme-là
avait du cœur comme un Cicéron, et il était vaillant comme un Démosthène. A-t-il
laissé du vin dans la cave?
pasquariel Il en a laissé huit pièces.
mezzetin Il faudra aller les boire à sa santé.
arlequin (Revient, ayant trois manteaux noirs sur ses épaules,
trois chapeaux noirs pointus sur sa tête, avec des crêpes trainant jusqu’à terre.
Dans cet équipage il passe devant Mezzetin et Pasquariel
en marchant gravement et, après avoir fait le tour du théâtre sans rien dire, il
se campe au milieu d’eux, et leur faisant signe du doigt de garder le silence, il
ôte son premier manteau qui est le plus long, et le met sur les épaules de Pasquariel, puis lui ôte sa toque et lui met à la place un des
trois chapeaux noirs. Il fait la même chose à Mezzetin, de manière qu’après cela
ils paraissent tous trois avec chacun un manteau noir, et un chapeau pointu sur
la tête. Dans cet équipage, Arlequin tire trois papiers de sa poche, et en donne
un à Pasquariel, un à Mezzetin, et garde le troisième
pour lui)
40 pasquariel (En prenant le papier) Qu’est-ce que cela?
arlequin (D’un ton dolent) C’est un tombeau.
pasquariel Que vous avez fait?
arlequin Oui. Sur
la mort de Maître André.
pasquariel Et sur quelle clef l’avez-vous fait?
45 arlequin Sur
la clef de la cave. (à Pasquariel) Vous
ferez la basse. (à Mezzetin) Vous la haute-contre; et moi je
ferai le dessus.
arlequin (Chante sur le ton du deuil d’Alceste) Hélas,
hélas, hélas! (après quoi il contrefait
la flûte avec sa gorge sur le même ton. Ensuite tous trois ensemble reprennent)
Hélas, hélas, hélas! (et ils s’accompagnent après, Arlequin en contrefaisant toujours la flûte,
Mezzetin le théorbe et Pasquariel la basse; ce qui fait
le plus plaisant et le plus comique de tous les concerts. Quand ils ont fini, Arlequin
reprend seul) Hélas, hélas, hélas! Maître André ne vit plus. (ils l’accompagnent comme dessus, et après cet accompagnement, Arlequin continue
de chanter) Il est mort, il est mort, et crédit pour nous trois est perdu.[63]
tous trois (Ensemble)
Hélas, hélas, hélas! Maître André ne vit plus. (ils reprennent l’accompagnement et s’en vont en
marchand l’un après l’autre, Arlequin à la tête)
SCÈNE II
Prudent, Pierrot.
prudent Viens
ça, maraud, viens ça que je t’assomme.
pierrot Oh,
parbleu, Monsieur, si vous voulez me battre, attendez donc que je n’y sois pas.
prudent Tu fais
encore l’insolent?
pierrot Il vaudrait mieux vraiment se laisser manger la laine
sur le dos! Oh, parbleu, Monsieur, si vous êtes mon maître,
je suis votre valet, une fois. Je boirai et mangerai chez vous tant qu’il vous plaira,
mais gare les coups; car je ne demande pas mieux que de
me brouiller avec vous.
5 prudent Je
vois bien que je n’en aurai raison que par la douceur. Or sus, Pierrot, je ne veux
plus gronder. Je suis malade, mon cher ami, mais d’un mal que tu peux seul guérir.
pierrot Ma
foi, Monsieur, je suis assez ignorant sans être médecin. Point d’injure. Je vise
pourtant assez droit quand je donne un lavement à mes chevaux. S’il ne faut que
cela pour vous guérir, je vous aime encore assez pour en faire la dépense.
prudent Ce n’est
pas les remèdes dont j’ai besoin. Ouf! De quel biais m’y
prendre pour lui découvrir mon inquiétude?
pierrot En
ami, n’auriez-vous point quelque javart encorné? Ce ne
serait pas mal aux dents? Car, par le dernier compte que
nous en avons arrêté ensemble, il ne vous en restait que cinq;
encore vous fîtes-vous grâce d’une, qui menaçait ruine.
prudent Regarde-moi,
Pierrot, et tâche à pénétrer...
10 pierrot Franchement, je ne vois rien de trop bon dans votre
personne. Mais comme tout y est mauvais, je ne sais quelle est la partie la plus
affligée.
prudent Comment
se porte ma femme?
pierrot Bon! Elle en enterrerait une douzaine comme vous.
prudent Que
pense-t-elle de moi?
pierrot Eh,
cousì, cousì.
15 prudent Je
ne t’entends pas.
pierrot Mais
cousì, cousì veut dire: là, là.
prudent Je t’entends
un peu moins que je ne faisais.
pierrot Quoi? A votre âge vous n’entendez pas que cousì, cousì, et làlà, veulent dire: hem, hem?
prudent Oh,
pour ce dernier terme, je ne l’entends point du tout. Mais parlons d’autre chose.
Je suis jaloux, Pierrot.
20 pierrot Vous
êtes pourtant assez vilain sans cela.
prudent Où est
allée ma femme cette nuit?
pierrot Pas
bien loin, Monsieur.
prudent La longueur
du chemin ne fait rien à la chose, et l’on n’est pas moins cocu pour ne l’avoir
été fait qu’à la porte.
pierrot Comme
vous en parlez, il semble que vous n’ayez été autre chose toute votre vie.
25 prudent Mais
encore, où a-t-elle été?
pierrot Elle
a été au bal, où était le jeune Prince, et elle y a dansé la mariée.
prudent Comment
donc? La mariée devant tout le monde?
pierrot Dame! Je ne sais pas comme vous l’entendez, mais tenez: on se prend d’abord par les mains, après on se tourne
le dos, on se rapproche, on court l’un après l’autre, on se balance ici, on se tourne
de ce côté-là. (il le fait danser, et le pousse à terre) Tenez,
demandez-lui, la voilà qui vient.
SCENE III[64]
Prudent, Colombine, Pierrot.
prudent Ah, vous
voilà! C’est une chose pour moi si nouvelle que de vous
voir, qu’il m’est permis de me récrier, quand je suis assez heureux, au bout de
trois semaines, de vous rencontrer dans la maison. Mais où alliez-vous? Je gage que vous ne me
cherchiez pas?
colombine Il est vrai
que j’étais si peu inquiète de vous voir que, cherchant un remède à ma migraine,
j’évitais tous les objets qui pouvaient l’entretenir.
pierrot Dame! Voilà ce qui s’appelle être de bonne foi, cela!
prudent Vous
êtes bien piquante aujourd’hui, et vous mériteriez... Suffit. Je commence à m’ennuyer,
et vos brusqueries ne me divertissent point.
5 colombine Est-ce que je prends quelquefois soin de vous divertir?
En vérité, vous n’y songez pas. Si vous voulez, pourtant, je vous dirai que je suis
bien aise de vous voir.
pierrot (À Prudent) Courage, Monsieur, courage.
prudent Ouais! Je joue un mauvais personnage. Petite mignonne, ma mie,
ne m’échauffez pas la bile. Je pourrais m’emporter à des violences dont vous auriez
tout le loisir de vous repentir.
pierrot (À Prudent) Bon!
Vous commencez à devenir vigoureux. Courage, Monsieur, courage.
colombine En vérité,
vous me faites pitié, et je fais si peu de cas de vos menaces, que je n’ai pas seulement
la force d’y répondre.
10 prudent J’aurai
celle de vous faire connaître qui je suis.
colombine Attendez-donc
que je prenne une chaise pour vous écouter. Pierrot, un fauteuil!
pierrot Morbleu,
qu’elle a d’esprit! (à Prudent) Vous avez beau dire, Monsieur, avec votre permission, vous
ne ferez jamais qu’une bête au prix d’elle.
prudent C’est
apparemment pour vous délaisser des fatigues de cette nuit...
colombine Je ne crois
pas que nous nous soyons assez nécessaires l’un à l’autre pour m’assujettir à me
rendre chez vous à l’heure que vous vous y rendez; et d’ailleurs,
c’est que j’aime à prendre l’air et que celui de la maison me fait mal.
15 prudent À
force de prendre l’air, vous devenez bien éventée, et je ne suis pas content...
colombine Eh bien, qui vous prie de l’être?
Me voyez-vous travailler à mériter vos applaudissements?
Je ne vois rien de plus inutile ni di plus fastidieux qu’un mari, quand il veut
entrer dans le petit détail de sa femme.
pierrot En
effet, un mari ne doit se mêler que du gros du ménage, c’est à dire de faire venir
l’argent à la maison, et la femme de le dépenser.
prudent S’il
n’y allait que de votre réputation, je laisserais volontiers flotter la barque.
Mais, vertu de ma vie, c’est mon honneur que vous jouez quand vous effleurez le
vôtre, et vous ne sauriez si peu y toucher qu’il ne paraisse au mien.
colombine Vous vous
moquez, Monsieur, vous vous moquez. Et qui voudrait, je vous prie, me tenir jeu,
si je n’avais que votre honneur à risquer? C’est une pièce
qui n’est pas de poids, quoi que bien trébuchante.[65]
20 prudent Mais
ne savez-vous pas que la liaison étroite qu’il y a entre l’homme et la femme...
colombine Mais ne savez-vous
pas qu’un homme qui se mêle de contrôler joue un fort mauvais personnage auprès
d’une femme, et qu’on ne saurait si peu lui échauffer la tête qu’il ne paraisse
à celle du mari?
pierrot Ah! Vous voilà dedans. Ma foi, Monsieur, vous méritez bien ce
que vous devez être.
prudent Ah,
petite tigresse, que vous profitez bien de la faiblesse que j’ai pour vous! Allons, n’en parlons plus. Mets là ta main, faisons la
paix, caresse un peu ton petit mari.
colombine Mais de quoi
vous plaignez vous? Je ne connais pas de femme plus réglée
que moi. Je joue, je vais au bal, aux comédies, aux promenades:
bienheureux les maris dont les femmes s’en tiennent à l’innocence de ces plaisirs-là!
Je vous aime véritablement, non pas à la vérité avec ces emportements de jeunesse
qui ne peuvent être un moment absents de l’objet aimé;
car je demeurerais fort bien un an, et deux, sans vous voir; mais mon amitié est
de la bonne trempe, c’est à dire comme les gens qui, quoi qu’ils aiment le vin,
ne laissent pas d’y mettre un peu d’eau. Enfin, Monsieur, je vous aime comme les
vieilles médailles, dont les curieux enrichissent leurs cabinets. Adieu, mon petit
mari. (elle s’en va)
25 prudent Ah! Maudite vieillesse! À quoi m’exposes-tu? Mais que nous veut ce facteur?
un porteur
de lettres (Présentant une lettre à M. Prudent) Ça, trois
sols.
prudent (Donnant trois sols, et prenant la lettre)
Tenez (le porteur s’en va) C’est une lettre
de mon gendre, Monsieur de Pommenville, que j’attends
aujourd’hui. Il vient pour épouser ma fille. Voyons. (il lit)
«Monsieur mon beau-père (car ne vous en déplaise il faut que
vous le soyez), je prends la commodité des chasse-marées pour vous aller voir promptement
et embrasser, chemin faisant, ma future épouse. Je ne sais pas encore si je pourrai
l’aimer, car on dit qu’elle vous ressemble; et comme vous
êtes très laid, j’aurais là un fort vilain magot de femme. Mais comme j’ai un singe
plus laid que vous, que j’aime cependant beaucoup, je ne désespère pas qu’elle ne
me plaise autant que lui. Ne manquez pas de me faire trouver du vin prêt à mon arrivée,
car je suis toujours fort altéré, surtout depuis que je sais que vous en avez de
bon en cave, et que votre fille en a la clef. Sans un mal de ventre qui m’oblige
de temps en temps à quitter cette lettre, je vous en écrirais davantage; je souhaite qu’ainsi soit de vous. Je suis, Monsieur
mon beau-père, votre gendre,
Pommenville»[66]
prudent Je m’en
vais porter cette nouvelle-là à ma fille. (il s’en va)
SCÈNE IV
Pierrot, Pasquariel.
pierrot Ah,
te voilà, Pasquariel! Eh bien, que dis-tu du petit régal que je t’ai donné? Quand Pierrot traite ses amis, comment en agit-il?
pasquariel A merveille, et je te suis obligé autant qu’un
bon déjeuner peut obliger un homme comme moi. Comment diable vous régalez!
pierrot Eh! Que dites-vous de ce vin?
pasquariel Eh, je le garantis véritable vin de Côte Rôtie.[67]
5 pierrot Bon! Je vous le livre, moi, pour véritable vin de Côte Bouillie.[68]
pasquariel Parbleu, que j’ai le plaisir de prendre demain
ma revanche. J’ai un saucisson de Boulogne de cette taille (il mesure son bras) et jamais vous n’en avez
mangé de si fin. Je vous arrête à déjeuner demain.
pierrot Demain? Je ne le puis, car il est jour de dépêche.[69]
pasquariel Comment? Est-ce que
vous servez tout à la fois de suisse et de secrétaire?[70]
pierrot Oui,
j’ai un commis qui écrit les lettres, et moi je les porte à la poste. C’est que
je suis un peu brouillé avec l’alphabet.
10 pasquariel Je vous entends. Mais à propos de lettres, en
voici une qu’il faut que tu fasses passer entre les mains de ta maîtresse Angélique.
pierrot Qui
est-ce qui lui écrit?
pasquariel C’est Léandre. Je crois qu’elle est remplie de
sentiments bien sensitifs; car depuis que je l’ai dans
ma poche, elle ne fait que me chatouiller la cuisse. Aussi ne fait-il que soupirer
et pleurer.
pierrot (Prenant la lettre) Donne. Va, je te promets
qu’elle l’aura. Morbleu, qu’elle va pétiller! Elle l’aime,
oui. Et pourquoi ma petite ne m’aime-t-elle pas de même?
Que je serais aise!
pasquariel Est-ce que tu as une maîtresse aussi, toi?
15 pierrot Je
le crois! Mais elle est diablement rétive.[71]
pasquariel Rétive? Tu es donc amoureux
de quelque vieille mule?
pierrot Oh
non; c’est qu’elle ne veut pas tout ce que je veux. Mais
je lui ai fait écrire une lettre par mon commis pour la faire gourmandiller.[72]
pasquariel Tu as bien fait. Or sus, songe à parler à Mademoiselle
Angélique. Adieu. Mais la voici.
SCÈNE V
Angélique, Pasquariel,
Pierrot.
angélique Ah,
Ah, Pasquariel! Quel bon vent t’amène ici?
pasquariel Hélas, Mademoiselle, c’est un vent du levant,
qui tire au couchant.[73]
angélique (À Pierrot) Que veut-il dire? Je ne l’entends
point.
pierrot Quoi,
mademoiselle, vous n’entendez pas les termes venteux?
5 angélique Non, je t’assure.
pierrot Moi qui ai été sur la mer à Corbeil, je vais vous les
expliquer. Le vent du levant qui va droit au couchant, c’est ce qui fait tout d’abord
enfler les voiles, et le vent du couchant, c’est ce qui les fait désenfler. Or,
quand le vent d’Aquilon vient à la traverse, les tourbillons s’élèvent, l’orage
commence... le... savez-vous ce que c’est que le vent d’Aquilon?[74]
angélique Non,
encore une fois, je ne connais aucun vent.
pierrot Tant
mieux, vous les allez connaître tout à l’heure. Le vent d’Aquilon, c’est un vent
qui est tout comme votre père, un vieillard cassé, qui ne cherche qu’à traverser
le levant et le couchant, le... tant y a que je m’entends bien. Mais voici la carte
marine qui vous dira de quel côté vient le vent. (il lui donne la lettre)
angélique Il
faut que je sois bien bonne pour écouter toutes tes folies! Voyons. (elle prend la lettre)
10 pasquariel C’est une lettre de Monsieur Léandre.
angélique Une
lettre de Léandre? De celui que j’aime plus que ma vie?
Que je suis heureuse! Et Pasquariel
en est le courrier?
pasquariel Oui, Mademoiselle, je suis le postillon, et Pierrot
est le cheval.[75]
angélique (Donnant un diamant à Pasquariel)
Tiens, voilà pour le postillon.
pierrot Et
le cheval n’aura-t-il rien? (il hennit)
15 pasquariel Que fais-tu là, coquin?
pierrot C’est
que je sens mon avoine.
angélique Tais-toi,
Pierrot, ce que je te garde te fera plaisir; voyons ce que me mande mon cher Léandre.
(elle lit)
«Je vous
écris ces mots pour vous dire que je ne vous aime point, et que je vous abandonne
pour toujours» (vers Pasquariel) Qui t’a donné cette lettre?
pasquariel Léandre.
angélique Léandre?
(elle continue de lire) «Quand je feignais de
vous aimer, ce n’était pas le cœur qui parlait». Ah, ciel!
Le traître! (vers Pasquariel) Et tu m’assures que cette lettre vient de Léandre?
SCÈNE VI
Léandre, les acteurs de la scène précédente.
léandre (Une lettre à
la main) Oui, Madame, la lettre que j’ai commise à la fidélité de Pasquariel est une copie de celle que je vous apporte moi-même
et que je n’ai osé vous envoyer, parce que si Monsieur votre père l’avait surprise,
connaissant mon caractère, il aurait aisément deviné qu’elle venait de moi. En voici
l’original. (il présente une lettre à Angélique)
angélique Et
tu me l’oses dire en face, perfide? Tiens, voilà pour l’original. (elle lui donne un soufflet et s’en va, en lui jetant
sa lettre au nez)
léandre (Étonné) Qu’est-ce que cela?
pasquariel C’est un soufflet original, et rien plus.
5 léandre (Vers la cantonade) Un soufflet à qui t’adore? Que veut donc dire ceci?[76]
pierrot Cela veut dire, Monsieur, qu’après le soufflet, gare
les coups de bâton.
léandre Mais voyons un peu. (il ramasse la lettre, et lit) «Je vous écris ces mots pour vous dire que
je ne vous aime point, et que je vous abandonne pour toujours.» Cruelle! Tu m’abandonnes? C’est donc
ainsi que tu reconnais les tendres sentiments avec lesquels je t’ai tant de fois
expliqué mon amour? (il continue de lire) «Quand je feignais de vous aimer, ce n’était point
le cœur qui parlait.» Ce n’était point le cœur qui parlait?
pasquariel Cela se peut. C’était peut-être la fressure.[77]
léandre Elle me trompait donc, la cruelle? Et son cœur était
d’intelligence avec sa bouche pour me rendre le plus malheureux de tous les hommes? Mais quelle est sa pensée? Croit-elle
que je laisserai mon rival tranquille possesseur d’un bien qui n’est dû qu’à la
sincérité de mon amour? Non, non, perfide!
(il tire l’épée) Ce fer me vengera bientôt de
ton infidélité, et ton perfide amant ne triomphera pas longtemps de ton cœur.
10 pierrot et
pasquariel (En riant)
Il se va battre contre la porte. Ah, ah, ah!
léandre Quoi,
insolents, vous riez de mon malheur? Ah, je vous apprendrai...
pierrot Miséricorde! Ce n’est pas moi.
pasquariel Ni moi non plus, Monsieur. Prenez garde de percer
mon bonnet.
léandre Mais
où m’emporte une aveugle colère? Poursuivons. (il lit le reste de la lettre) «Quand je feignais de vous aimer, ce n’était
pas le cœur qui parlait, mais j’aimais vos fricassées de poulet.» Oh, oh! Voilà un style qui me surprend.
15 pasquariel (D’un ton
fâché) Est-ce que je t’ai donné des fricassées de poulet, moi? Sauvons-nous. (il s’enfuit)
pierrot (Fouillant dans ses poches) Eh non, non, écoute.
Ah, malheureux! Qu’ai-je fait?
léandre (Toujours lisant) «Je vous quitte donc pour
une charcutière. Il est vrai qu’elle n’a que cent francs en mariage, mais on ne
peut pas avoir une plus belle main pour saler un cochon, et faire du boudin et des
andouilles. C’est pourquoi je l’ai jugée digne de mon amour, et je suis, ou la peste
vous crève, tout à vous, Pierrot, dit L’Emporté.»[78]
pierrot (À genoux) Monsieur, j’ai fait un qui pro
cro. J’ai donné ma lettre pour la vôtre.[79]
20 léandre Coquin! Tiens, voilà pour t’apprendre... (il lui donne un soufflet)
pierrot (Après avoir reçu le soufflet, s’en va en disant)
Cela est juste.
SCÉNE VII
Le
théâtre représente un bois, et un gros rocher au milieu.
Le Prince, Pasquariel, Arlequin caché derrière le rocher, faisant l’écho.
le prince Oui, sans
doute, le sort s’obstine à me cacher
cet
objet qu’en tous lieux mon amour va chercher.
Quelquefois,
ennuyé d’une recherche vaine,
le dépit vient s’offrir pour soulager ma peine,
et d’un bizarre amour veut condamner l’erreur,
par les secrètes voix qu’il élève en mon cœur.
pasquariel Monsieur...
le prince Etrange état d’un cœur dont l’amour se rend
maître!
À peine
en mes transports ose-je me connaître;
tu triomphes enfin, Amour, et de tes traits,
pour faire sur un cœur une épreuve cruelle,
tu ne pouvais choisir jamais
une victime moins rebelle.
pasquariel Monsieur...
5 le prince Je
sais qu’en tes projets rien ne peut t’échapper,
ni se parer des coups dont tu veux nous frapper,
mais au moins tu devrais ménager ta victoire,
et ne te pas d’abord épuiser sur un cœur
qui sans peine se rend facile à ton ardeur.
Un
triomphe en amour perd beaucoup de sa gloire,
quand il est acheté si peu par le vainqueur.[80]
pasquariel Je voudrais donc vous dire, Monsieur...
le prince Ah! C’est toi mon pauvre Pasquariel! Mais laisse-moi rêver
un moment à l’objet que j’adore.
pasquariel Quoi donc? C’est tout
de bon que vous êtes amoureux? Hélas!
Je crois l’être aussi.
le prince En vain
pour flatter ma faiblesse,
je me persuade à mon tour,
que de tout ce qui voit le jour
rien ne peut être exempt de l’ardeur qui me presse
oui, si le sort un jour faisait venir ici,
cette aimable beauté dont je tiens la peinture,
insensibles témoins du tourment que j’endure,
bois, prés, fontaines, fleurs, vous aimeriez aussi.
Comment
finir cette aventure?
Quel
parti prendre en ces moments?
Qui
peut me consoler? La raison ou le temps?[81]
10 arlequin (Dans la grotte, faisant l’écho, répète) Temps.
pasquariel Je crois que l’écho se mêle ici de vos affaires! Il faut qu’à mon tour je l’interroge. (il se tourne vers le rocher)
Pour
soulager l’amour dont mon jabot déborde,
Quel prix dois-je espérer que ma Philis m’accorde,[82]
arlequin La corde
pasquariel La corde? Voilà un méchant
meuble pour se mettre en ménage!
le prince Je le
connais trop bien, tout est sourd à mes vœux;
l’écho refuse encore de répondre à mes feux,
et ne trouvant plus rien qui ne me soit contraire
du bonheur que j’attends mon amour désespère.
15 arlequin Espère.
pasquariel Voilà pourtant quelque chose d’assez bon. Voyons
un peu s’il se rendra plus traitable pour moi. (à l’écho)
Cet amour qui saisit ma raison
au collet,
où
doit-il à la fin me mener?
arlequin Au
gibet.
pasquariel Voilà un fils de putain d’écho qui enrage de
parler.
le prince Parmi tant de transports dont mon âme est émue,
comment pourrais-je voir
cette belle inconnue?
20 arlequin Nue.
pasquariel Parbleu, Monsieur,
nous n’aurons pas la peine de la déshabiller. Mais vous ne savez peut-être pas où
vous êtes? Ce bois est gardé par une Pépie.
le prince Que veux-tu
dire avec ta Pépie? Une Pythie, peut-être.
pasquariel Pythie ou Pépie, c’est la même chose. Mais auparavant,
je vais vous faire parler à un magicien. Voyez-vous ce rocher?
C’est ce qui défend l’entrée à la grotte.
le prince Mais que
me dira-t-il?
25 pasquariel Il vous fera
voir ce que vous aimez et vous dira votre bonne aventure.
le prince Si cela
est, Pasquariel, je te devrai la vie. Par où faut-il aller?
pasquariel Avant d’aller nulle part, sachons s’il est dans
la grotte. Je m’en vais l’appeler.
le prince Tu me
feras plaisir.
pasquariel (Frappant
à la grotte) Holà, ho, ho?
30 arlequin (Mettant la tête hors du rocher) Farfadet? Belzebuth? N’y a-t-il point
là quelque diable oisif pour emporter ces messieurs-là?[83]
pasquariel Eh, Monsieur,
il n’est pas nécessaire. Nous voudrions bien vous parler.
arlequin (Sortant habillé en magicien, une baguette à la
main) Qui est le mortel audacieux qui vient troubler ici les mystères ténébreux
de la Triple Hécate? (à part) Mezzetin m’a dit qu’avec cette baguette je ferais venir tous
les diables. J’ai une peur que je n’en puis plus.[84]
pasquariel Signor mago?
arlequin Ah, Magot
vous-même. Je ne sais qui me tient que je ne te change en une cruche.[85]
35 le prince Vous me voyez ici, Seigneur...
arlequin Je voudrais
que vous fussiez déjà bien loin. Vous m’avez fait répandre un demi-muid de philtre
amoureux, et vous êtes cause que la femme d’un procureur ne payera de l’année un
jeune Mousquetaire qu’elle aime à la folie.[86]
pasquariel Monsieur, nous voulons savoir de vous, en conscience,
si vous êtes aussi diable que vous êtes noir.[87]
arlequin Comment,
morbleu, si je suis habile homme? Je suis un abrégé et
un compendium de la plus fine diablerie; je lis à livre ouvert dans le passé, je connais le
présent, et je ne sais rien de l’avenir.
pasquariel Et moi aussi.
40 arlequin Je
suis petit-fils de Médée, frère de Circé, cousin germain d’Urgande,
et oncle à la mode de Bretagne, d’Armide et de la Jobin.[88]
pasquariel Diable! Belle parenté!
arlequin Je sais
l’usage de toutes les divinations, prédictions, évocations, invocations, imprécations
et indigestions.
le prince Je suis
persuadé...
arlequin Je conjure
en cent manières les démons, les larves, les farfadets, les lutins, les follets,
les fées, les salamandres, et les petits collets.[89]
45 le prince J’en ai beaucoup de joie, mais...
arlequin Je compose les talismans, les anneaux magiques, la pistole
volante, la main de gloire et la baguette de Vulcain, si utile aux comédiens italiens.[90]
le prince Ecoutez-moi...
arlequin Je vois
le destin de l’homme à sa physionomie; je regarde dans
la main, sur le front, au pied et dans la poche.
pasquariel Mais finissez donc.
50 arlequin Enfin, je suis le président du sabbat, le conseiller du diable,
l’avocat des sorciers, le procureur des magiciens; je suis
le centre et la circonférence, le commencement et la fin, la partie et le tout,
le simple et le composé, le verbe et l’adverbe, le substantif et l’adjectif, et
la moutarde après-diner.
le prince Enfin, Monsieur, voulez-vous bien nous donner le loisir de
vous parler?
arlequin Très volontiers.
Voulez-vous vous faire aimer du sexe? J’ai un secret merveilleux
pour cela.
le prince Apparemment
que vous en avez fait l’épreuve?
arlequin Belle demande! Tel que vous
me voyez, j’ai usé quarante-six femmes, mais usé, que les cordes y paraissent; et je suis après à expédier la quarante-septième.
Mais parlons d’autre chose. Vous êtes amoureux, sans doute, et je m’aperçois que
vous avez de l’inquiétude de ne point découvrir celle que vous aimez? Vous jouez assurément de malheur, car rien n’est aujourd’hui
de moins rare ni à plus juste prix qu’une femme.
55 le prince Ah! Puisque vous avez découvert la raison qui m’amène, de grâce
travaillez à me rendre heureux.
arlequin Oh! Il y a plus d’affaires que vous ne pensez. Mais pour en venir
au bout, je vais invoquer un diable de mes amis avec qui je vais faire le diable
à quatre. N’ayez point peur au moins.
le prince Je ne
crains que le malheur de n’être point aimé.
pasquariel (Tremblant)
Ah, Monsieur, ne l’appelez pas, j’ai peur.
arlequin (Tremblant aussi) N’ayez pas peur, si vous
voulez. Un grand nigaud comme vous avoir peur! Fi!
60 le prince (À Arlequin) Mais, Monsieur, il me semble
que vous tremblez?
arlequin Cela est
vrai, mais je tremble de froid, moi.
pasquariel (Effrayé)
Ah Monsieur! Le Diable, derrière vous. Hoimé!
arlequin (Tout effrayé, tournant autour de lui) Ah! Je suis mort! Miséricorde! Y est-il encore? Le voyez-vous?
pasquariel (Prenant la queue du manteau d’Arlequin) Ah,
ce n’est rien, Monsieur, ce n’est rien. C’est la queue de votre manteau.
65 arlequin (Rassuré) L’animal, qui a peur d’une queue! Ça je m’en
vais commencer la congélation. (il fait plusieurs cercles
en courant tout autour du théâtre, et puis s’arrêtant au milieu, il dit)
Démons,
rôtis-brules, traînés parmi la cendre,
Quittez
vos grils et vos réchauds,
Et
venez promptement m’entendre;
Vous
humerez ici des zéphires bien moins chauds.
(À Pasquariel) Voyez-vous
quelque chose?
pasquariel Non, Monsieur.
arlequin Tant mieux. (il continue)
Accourez à ma voix, vous que, mal à votre aise,
On voit fumer comme un jambon...
pasquariel Des jambons? Ah que cela est bon! Appelez,
appelez du jambon, je l’aime, moi.
arlequin Et dont Messire Pluton
Fait
des grillades sur sa braise
70 pasquariel Des grillades? Ah! La bonne chose! (il ouvre sa bouche toute
grande)
arlequin Quelle gueule! Il
avalerait le gril avec les grillades. Si tu m’interromps encore une fois, je te
mettrai six diables dans le ventre. (il continue)
Pour toi, Dieu
des enfers, noir comme un ramoneur,
je te demanderais volontiers ta présence.
Mais si, dans
tes états, le diable suborneur
sait des pauvres maris mettre à profit l’absence,
aussi bien qu’il le fait en France,
je ne répondrais pas, ma foi, de ton honneur.
(Il frappe
de sa baguette, et il sort des ailes du théâtre quatre démons dansants et un démon
qui chante)
arlequin (Les
voyant, se recule en tremblant) Hoimé! Mezzetin m’a trompé.
le dÉmon (Chantant,
vers Arlequin)
Jusqu’au fond des enfers, ta voix s’est
fait entendre,
il répond à
tex vœux, tu peux tout entreprendre.
le prince (À Arlequin)
Seigneur, puisque l’enfer vous favorise, découvrez-moi mon aimable maîtresse.
75 arlequin (Un
peu rassuré) Démon, par le pouvoir que j’ai sur toi (si tant y a que je n’aie,
car je n’en sais rien), je t’ordonne de découvrir à ce gentilhomme ce qui s’oppose
à ses desseins.
le démon (Chante
s’adressant à Octave)
La
belle qui t’engage
Est au pillage;
Un époux en fait ses choux gras.
Mais ne perds point courage,
Car d’un si charmant avantage
L’époux
toujours ne jouit pas.
le prince Que je suis affligé de ce que je viens d’entendre! Ma maîtresse est donc mariée?
arlequin Oui, mais c’est quand il y fait bon. Une femme mariée est comme une maison dont le propriétaire
n’occupe que le plus petit appartement, et où cependant toutes les grosses réparations
se font sur son compte.
le prince Mais, Monsieur, ne pourrais-je pas la voir?
80 arlequin Volontiers. Allons, Esprits, qu’on m’obéisse.
Comment? Tout est sourd à mes commandements?
Le Diable a bien de la peine à venir à bout de l’esprit d’une femme!
le prince Mais, Monsieur, que faudrait-il faire pour
cela?
arlequin Il faudra que votre bourse fasse les frais
de votre curiosité: il faut de la pécune, il faut de l’huile.
le prince Oh, qu’à
cela ne tienne, voilà ma bourse, où vous trouverez cent pistoles.
arlequin Et voilà votre maîtresse. Admirez comme ce
métal agit promptement. (le rocher s’enfonce, et on voit Colombine nonchalamment
couchée sur un lit de gazon)
85 le prince Ah, ciel! La voilà! Je la reconnais au trouble que sa présence excite dans
mon cœur.
arlequin Dépêchez-vous de la voir, car elle a à faire; il faut qu’elle aille rendre une médecine.
le prince (S’approchant
de Colombine) Serais-je assez heureux pour... (le rocher remonte et cache Colombine) Mais que vois-je? Elle est déjà disparue?
arlequin Dame! Voilà tout ce que
vous pouviez espérer pour vos cent pistoles.
le prince Faites-moi connaître du moins le sort que
doit avoir mon amour.
90 arlequin Oh, ce n’est pas là mon affaire: il faut que chacun se mêle se son métier. Mais je m’en
vais vous faire consulter une Pythie.
pasquariel Qu’est-ce
que c’est, Monsieur, qu’une Pipie?
arlequin La Pythie? La Pythie
n’est autre chose... que... Mais je vous trouve bien insolent de m’interroger!
le prince Monsieur, ne prenez pas garde à ce que dit
mon valet, c’est un balourd, et je vous fais excuse pour lui.
arlequin Ce n’est pas que je ne sache fort bien que
la Pythie est la parente d’Apollon, mais...
95 pasquariel Le poêlon? Parente du poêlon?
arlequin Parente du diable qui t’emporte. Apollon,
et non pas un poêlon.
pasquariel Ah, Ah! Et qu’est-ce que c’est, Monsieur, qu’Apollon?
arlequin (D’un ton fâché) Apollon est le frère de la
sœur, qui avait épousé le cousin du beau-frère de la tante, dont l’oncle... Apollon
est Apollon. Que diantre venez-vous me lanterner les oreilles? J’ai d’autres choses à penser qu’à la géographie d’Apollon.
Ecoutez, je m’en vais l’évoquer. (après avoir fait plusieurs
tours sur le théâtre et quantité de postures plaisantes, il dit)
Puissant Dieu
de ménestriers,
Dieu de la gent
mâche-lauriers,
gent chez qui Madame Indigence
fait ordinaire résidence,
qui souvent, pour ne rien avoir,
déjeune à huit heures du soir;
grand papa de la médecine,
Dieu de l’art
qui nous assassine,
père du serpent forcené
qui mit en vogue le séné,
franc goyer de neuf jouvencelles,
toi qui, dans ce siècle pervers,
grades les uniques pucelles
qui soient peut-être en l’univers,
viens apprendre à ta prophétesse,
(la Pythie sort de dessous le théâtre)
qui dessus son trépied se dresse,
ce que tu as lu ce matin
dans le grimoire du destin.
(à la Pythie) Et toi, vieille et laide carcasse,
chez qui le grand dieu du Parnasse
s’insinue je ne sais comment,
et te cause plus de colique
que ne ferait un lavement
avec douze grains d’émétique,
réponds-moi pour ce jouvenceau,
qui pleure d’amour comme un veau,
à quoi le destin le destine,
et si cet amoureux transi
peut espérer de Colombine
le don d’amoureuse merci?[91]
le prince Mais, Seigneur, elle ne répond rien?
100 arlequiin Je connais
l’enclouure. N’auriez-vous point encore quelque bourse?[92]
le prince Non, mais peut-être mon valet... (à Pasquariel)
pasquariel Oui, Monsieur.
(il fouille dans toutes ses poches) Voilà une
petite pièce.
arlequin Maraud! Est-ce là
une femme à petites pièces? Garde-la
pour acheter des tripes.
le prince Seigneur, excusez la sottise de mon valet.
105 arlequin Vous êtes trop galant homme;
et à cause de votre bon naturel, je m’en vais la faire parler gratis. (aussitôt on entend un bruit de trompettes et de tambours,
et la Pythie, descendant de dessus son trépied, chante)
Renonce
à ta folle envie,
un autre est allé devant,
mon enfant.
Quant
aux pieds de ta Sylvie
tu passerais cinquante ans,
par la vertu, tu, tu, tu, de ma vie,
tu n’en casserais que d’une dent.[93]
pasquariel (Imitant l’air de la Pythie)
Io vorrei ben, Madama,
esposar Olivetta, ta, ta, ta.
Ma
quando sarà ma fama,
sarà-t-ella coquetta?
Par
la merci, ci, ci, ci, de mon amor
je lui casserai bien la testa
la pythie (À Pasquariel)
Tu fais l’homme
d’importance,
et tu n’es qu’un grand coquin, faquin.
Prends garde qu’une
potence
ne finisse ton destin,
et qu’un bâton, ton, ton, ne te relance,
et n’époussette ici ton casaquin.[94]
(Les trompettes et les tambours reprennent le
même air. La Pythie danse et finit le second acte)
ACTE III
SCÈNE
I
Le Prince,
Prudent.
le prince Oui, le dessein est pris, il faut enfin que
mon amour éclate, et je veux l’avouer moi-même à mon gouverneur. Le voici fort à
propos. (il se promène à grands pas, en disant:) Hélas!
prudent Voici le Prince. Qui peut l’agiter ainsi?
le prince (Prend
Prudent par la manche, et puis le repousse) Non, il vaut mieux mourir que de
faire un tel aveu.
prudent Donnez-vous en bien de garde, il vaut mieux
parler que de mourir. Je gage que vous êtes amoureux?
5 le
prince A quoi voyez-vous cela?
prudent Bon! Il n’y a rien
de plus facile à connaître.
le prince Oui, je le suis, et plus que vous ne sauriez
penser. Rien n’égale ma passion; et par un charme inévitable,
que je n’ai pas la force de repousser, je me sens emporté loin de moi.
prudent Ces empressements ne dureront pas. L’amour
des jeunes gens est comme un vapeur de vin qui trouble d’abord la raison et qu’une
heure de sommeil dissipe.
le prince Ah, ne vous y trompez pas, je l’aimerai toute
ma vie. Mais un point m’embarrasse. On la dit mariée, et je crains que sa vertu...
10 prudent Bon! Voilà de bonnes
raisons! La vertu dans ce siècle est un monstre que les
femmes n’osent regarder de peur que leur fruit n’en soit marqué. Mais dites-moi
qui elle est, que j’aille la chercher.
le prince Vous n’irez pas bien loin. La voici (il lui montre le portrait de Colombine)
prudent (À
part) A, Ciel! C’est le portrait de ma femme. Je m’en
doutais bien. Mais n’importe, dissimulons.
le prince Avouez,
mon cher Monsieur, que vous n’avez jamais rien vu de plus beau.
prudent (À
part) Ni de plus méchant.
15 le
prince (Baisant le portrait) Que ne puis-je t’animer par mes soupirs!
prudent Eh, fi, fi! A quoi
vous amusez-vous-là? (à part) La carogne!
le prince Que je l’aimerai, Monsieur Prudent!
prudent (À
part) Ah, ma pauvre tête! Mais n’importe, il faut le
désabuser, et faire ici une épreuve de la vertu de ma femme (haut) Combien de temps me donnez-vous pour
vous la faire voir?
le prince Vous la connaissez donc?
20 prudent (À
part) Que trop pour mon malheur!
le prince Hélas! Tous les moments
dont vous différez de me la faire voir sont autant de redoublements de douleur pour
moi.
prudent Laissez-moi faire, vous serez satisfait.
le prince (Revenant
sur ses pas) Que je l’embrasserai, Monsieur Prudent!
prudent Cela n’est pas nécessaire (le Prince sort) Ouf!
Voilà un vilain petit garçon! Encore deux tours de boule
et me voilà sur le but. Ah, petit serpent, que j’ai moi-même élevé pour ma vergogne! Mais il n’y a rien encore d’effleuré à ma réputation; tâchons de pénétrer les sentiments de ma femme. Mais,
auparavant, je veux mettre tous mes domestiques dehors. Je suis averti qu’ils me
volent. Voyons. Pierre? Jacques?
Françoise?
SCÈNE
II
Dame Françoise,
Maître Jacques, ivre, Prudent.
d. françoise Me voilà,
Monsieur. Que me voulez-vous?
prudent Où est Maître Jacques, le cuisinier?
m. jacques (Bredouillant)
Me voilà, me voilà.
prudent J’ai une bonne nouvelle à vous donner, enfants.
5 m.
jacques Comment?
Est-ce que vous êtes malade?
prudent Non, mais c’est que je suis bien aise de
compter avec vous. Je suis convaincu que vous me volez. Ainsi, voyons un peu nos
affaires. Combien y-a-t-il encore de vin dans ma cave?
m. jacques Demande-le à Madame Françoise, elle y a été
la dernière.
d. françoise Eh, mais,
il y a cinq demi-muids de bu, et l’autre qui est bien avancé au-dessous de la barre.
prudent Plaît-il? Et les
six demi-muids que j’ai fait encaver il n’y a pas longtemps, que sont-ils devenus?
10 m.
jacques Ce qu’ils sont devenus? Ils ne sont pas encore bus;
mais patience.
prudent Fort bien. Rendez-moi compte des bouteilles
qu’on en a tirées, et de toutes celles qu’on en a bues.
m. jacques Volontiers. Secondement...
prudent Bon, secondement!
Premièrement.
m. jacques Eh bien, premièrement, si vous voulez; qu’est-ce que cela me fait, à moi? Premièrement, donc,
votre vin est bu. Tenez, je suis homme d’honneur et de réputation;
j’aime à boire.
15 prudent Mais comment bu?
Venons au détail.
m. jacques Patience. Premièrement... oui, premièrement,
huit bouteilles pour laver les jambes à vos chevaux.
prudent Comment,
maraud, vous employez huit bouteilles de mon meilleur vin à laver les jambes de
mes chevaux?
m. jacques Je ne vous dis pas cela, moi. Le vin n’a pas
servi à laver les jambes aux chevaux, mais nous les buvions en les lavant. Vous
voyez bien que je ne prêche que dans la contrition du discours. Plus, portées à
la maison de campagne, trente-six bouteilles.
d. françoise Cela est
vrai, je les ai vu emporter.
20 prudent Oui, mais il me souvient qu’on en rapporta
douze.
m. jacques Qu’est-ce que cela me fait, à moi? Elles ont toujours été portées, et à Paris on punit les
volontés. Ainsi quand le vin est tiré, il faut le boire.
d. françoise Oh, Dame! Cela est vrai à la lettre.
prudent Passe. Après.
m. jacques Plus, pour avoir donné un bouquet à Dame Françoise.
Nous rîmes bien, toujours.
25 d.
françoise Hélas,
oui! Le pauvre garçon entra dans ma chambre à minuit, mais
nous ne bûmes que six bouteilles à nous deux.
m. jacques Comment six? Et celles
que nous bûmes sur le tonneau? Hem?
d. françoise A propos, je l’avais oublié. (à Prudent) Ah, Monsieur, qu’il compte bien!
prudent Je trouve qu’il compte fort mal. Après?
m. jacques Plus, pour avoir fait revenir Mademoiselle
Angélique de son évanouissement, huit bouteilles.
30 prudent (En
colère) Oh, ma foi, je perds patience. Coquin...
m. jacques Quoi? Vous vous fâchez?
prudent Oui, maraud, je me fâche, et...
m. jacques Tant pis pour vous. Voilà le mémoire de votre
vin. Il est bu...
prudent Il est bu? Je vous
ferai pendre...
35 m.
jacques (En s’en allant) Archibu.
prudent Sortez de chez moi tous deux, vous êtes
des voleurs.
m. jacques Peritapetibu, contrarchibu. (ils sortent)
prudent (Seul)
Mais voici ma femme. Tâchons de savoir ses sentiments, et conduisons-la chez le
Prince.
SCÈNE III
Prudent, Colombine.
prudent Je vous trouve fort à propos. Où allez-vous,
ma mie?
colombine J’allais chez Araminte
où l’on m’attend pour jouer.
prudent Vous y passerez le reste du jour?
colombine Si la partie me fait plaisir.
5 prudent Fort bien. Mais un mari, à votre compte,
est donc un émétique que les femmes ne doivent prendre qu’à l’extrémité?
colombine Je crois pour moi, que le plaisir est réciproque,
quand l’on trouve le secret de se passer l’un de l’autre. Le fastidieux personnage
que l’on joue tête à tête, à la lueur du flambeau de l’hymen, et surtout quand,
à force d’avoir brûlé, on le voit s’éteindre de jour en jour!
prudent Que c’est un beau champ pour vous que ma
vieillesse! Ne semble-t-il pas, à vous entendre parler,
que trente années de plus ou de moins défigurent le mérite du mariage? Vraiment, c’est un beau couple, à votre avis, que deux
jeunes cervelles, qu’un jeune Godelureau qui... et fi, morbleu, fi! Cela s’appelle manger son blé en herbe.[95]
colombine Je l’avoue, mais quand il vieillit trop longtemps
dans le grenier, il sent la poussière.
prudent C’est perdre du temps que de raisonner avec
vous. Dites-moi, que pensez-vous du Prince?
10 colombine Il a tout le mérite d’un joli homme.
prudent Une femme qui en serait aimée, vous paraîtrait-elle
pas heureuse?
colombine Sans doute.
prudent Il est bien fait, et jeune, qui plus est.
colombine Que voulez-vous dire par là?
15 prudent Je veux dire qu’il vous aime, et qu’il m’en
a fait confidence.
colombine Et vous ne vous êtes pas efforcé de chasser de
son cœur une passion qui vous déshonore? Allez, indigne
époux, vous mériteriez...
prudent Bon! Il ne sait
pas que tu es ma femme, et je veux que nous l’allions voir ensemble.
colombine Quoi? Vous avez la lâcheté
de me proposer...
prudent Je n’y entends pas de finesse.
20 colombine Non? Eh bien, j’irai; mais pour lui dire que vous êtes le plus indigne de tous
les hommes. Ah! Je me trouve mal.
prudent Holà, ho! Ma femme? Ah! Maudite complaisance! Mais elle revient; ce
ne sont que vapeurs de vertu qui passent.
colombine Laissez-moi m’en aller.
prudent (À
genoux) Permets, je t’en conjure, que je te ramène chez lui.
colombine Non, jamais... y a-t-il bien loin?
25 prudent Tout ici près.
colombine Je n’y consentirai jamais... Quel âge dites-vous
qu’il a?
prudent Vingt ans, ou environs.
colombine Quand il en aurait encore moins... M’aime-t-il
beaucoup?
prudent À la fureur.
30 colombine Il faut bien aimer un mari, pour avoir cette
complaisance! Et quand irons-nous?
prudent De ce pas.
colombine Hélas! Vous faites de
moi tout ce que vous voulez. (à part) Rira bien de
nous deux qui rira le dernier.
SCÈNE IV
Léandre,
en tailleur, Pierrot, Angélique.
léandre (Seul)
La crainte est toujours le partage des cœurs infidèles. Angélique m’aime, et elle
est sûre de ma tendresse; mais une femme change aisément.
Voyons si, à la faveur de ces habits, je pourrai découvrir ses véritables sentiments.
Holà, quelqu’un?
pierrot Tout beau, Monsieur, ne frappez pas si
fort. Et parbleu, vous rompez cette porte.
léandre Je n’y ai pas encore touché.
pierrot Oh, oh, c’est qu’elle sent les voleurs
de loin.
5 léandre Hélas! Si vous me
connaissiez, vous parleriez d’une autre sorte: je suis
tailleur de ma profession, et je viens prendre la mesure à Mademoiselle Angélique
pour ses habits de noces.
pierrot Et que ne parlez-vous?
Je suis homme d’accommodement. Tenez, pourvu que vous me fassiez un habit de rognures,
je vous laisserai couper à la pièce.[96]
léandre Je suis fâché de ne pouvoir pas faire votre
affaire. Je ne travaille point pour hommes, je ne travaille que pour femmes.
pierrot Si cela est, on n’a que faire de vous ici; car je travaille en femmes aussi bien que personne.
léandre Oblige-moi d’appeler ta maîtresse.
10 pierrot Tenez, la voilà. (il l’appelle) Mademoiselle Angélique?
angélique Que veux-tu, Pierrot?
pierrot (Montrant
Léandre) C’est ce Monsieur qui vient pour vous tailler.[97]
léandre Oui, Mademoiselle,
c’est moi qui viens vous prendre la mesure de vos habits de noces de la part de
Monsieur de Pommenville, gentilhomme veuf, et normand,
fils d’un huissier à Verge...[98]
pierrot Belle généalogie!
15 angélique Cela serait dépense perdue, je ne veux point
de Monsieur de Pommenville, et je mourrai mille fois plutôt
que de manquer à la foi que j’ai promise à mon cher Léandre.
léandre (Ôtant
sa fausse barbe) Ah, ma chère Angélique, que je vous ai d’obligation! (il se jette à ses genoux)
pierrot Comment, Monsieur?
Et que faites-vous-là?
léandre (Se
relevant) Je prends la mesure.
pierrot Malepeste! Vous
prenez la mesure bien bas. Ah, ah, c’est Monsieur Léandre! Voilà le véritable tailleur pour les jupons de noces.
20 angélique Quelqu’un entre, remettez votre barbe.
SCÈNE V
Arlequin, en tailleur, suivi d’un garçon tailleur, et des
mêmes.
arlequin (Après
les avoir regardé) Qui est Mademoiselle Angélique de vous trois?
pierrot (Riant)
C’est moi. Le drôle de corps! Ah, ah!
angélique Que lui voulez-vous, Monsieur? C’est moi.
arlequin C’est que je suis tailleur, en grand, en petit,
en menu, en long et en large, et je viens de la part de Monsieur de Pommenville pour vous agrandir, élargir, rétrécir;
enfin pour vous mettre toute telle que vous voudrez paraître.
5 angélique Vous avez fait trop peu de diligence, et Monsieur
vous a prévenu.
pierrot Oui, Monsieur a pris les devants.
arlequin Oh, il y a toujours quelque chose à refaire
autour d’une femme; et pour peu que je vous accommode,
je trouverai assez de besogne.
léandre (Vers
Arlequin) Voilà un homme bien tourné, pour travailler pour Mademoiselle!
arlequin Parbleu, en voilà bien d’une autre! (à Angélique) Mademoiselle,
ne vous fiez pas à cet homme-là, il ne serait bon tout au plus qu’à enfiler des
aiguilles.
10 léandre Et toi, à faire de robes de chambre aux quinze-vingts.[99]
arlequin Et toi, à habiller un sac de blé.
angélique Pour bien juger de l’adresse de l’un et de l’autre,
il faudrait que j’eusse vu de vos ouvrages. (à Arlequin) Oh ça, Monsieur le tailleur, voyons comme vous y prendrez.
Que dites-vous de ma taille?
arlequin (Après
l’avoir examinée) Je dis que jamais receveur de tailles n’a eu une taille si
bien taillée que votre taille. Je la trouve un peu ensellée. Mais que cela ne vous
mette pas en peine, je la rembourrerai comme il faut. Je vais vous montrer le modèle
sur lequel nous nous règlerons. (vers le garçon tailleur)
Eh? Montrez ce corps de jupe à Mademoiselle.[100]
angélique Qui est cet homme-là?
15 arlequin C’est un de mes garçons:
le premier homme du monde pour les gourgandines. Tenez, Mademoiselle (il fait voir à Angélique un corps de jupe à une
grandeur extraordinaire, chargé de plusieurs bourrelets).[101]
angélique Ah, ciel! L’horrible chose!
Si toutes les femmes étaient faites ainsi, personne ne les regarderait.
arlequin Oh, que cela ne vous étonne pas, il vous ira
comme une peinture; et en tout cas, s’il se trouve trop
étroit, nous l’élargirons, le faiseur n’est pas mort.
angélique Mais je serais curieuse de savoir en détail
l’usage de toutes ces fausses pièces dont votre corps est chargé?
arlequin Je vais vous expliquer. Avez-vous, par exemple,
une épaule plus haute que l’autre? Voici de quoi l’égaler.
N’avez-vous point de gorge? Voici de quoi vous en fournir.
Êtes-vous déhanchée? Et voilà de quoi vous faire des hanches; et si vous n’êtes pas contente de votre croupe, je viens
d’en livrer une à la veuve d’un élu, à qui il ne manquait que la parole.
20 angélique Grâces au ciel, je n’ai que faire de tout cela.
Monsieur, votre manière d’habiller ne me convient pas;
c’est pourquoi je me tiendrai à mon premier tailleur.
arlequin Vous n’y songez pas, Mademoiselle. Savez-vous
que c’est moi qui ai habillé la nourrice de Romulus et Remus?
Dame, elle avait de la gorge, celle-là!
léandre Insolent, si tu ne te retires, je te ferai
donner cent coups de bâton.
arlequin Des coups de bâton à un homme de ma qualité? Par la jarnibleu, si je prends
mes ciseaux, je lui couperai... (à Angélique)
Ôtez-vous, Madame. Je lui couperai les oreilles, à ce coquin-là.[102]
angélique Allez, vous êtes un impertinent. Retirez-vous,
et au plus vite.
25 arlequin Que je me retire?
Je ne me retirerai pas qu’il ne m’ait fait réparation des coups de bâton qu’il veut
me donner.
léandre (S’avançant sur Arlequin) Tu crois peut-être
avoir à faire à un maraud comme toi. Tiens, coquin, me connais-tu à présent? (il ôte sa fausse barbe)
arlequin (D’un
ton ferme) Oui, morbleu, je vous connais: vous êtes
Monsieur Léandre, c’est-à-dire un fripon; et pour vous faire voir que je ne vous
cède en rien, je suis Arlequin, un fripon comme vous. (il ôte aussi sa fausse barbe)
léandre Hé, c’est toi, mon cher Arlequin!
arlequin Moi-même; je suis
venu ici pour vos intérêts, afin d’avertir Mademoiselle Angélique que je viendrai
bientôt, déguisé en Monsieur de Pommenville et que je
l’enlèverai dans une chaise.
30 angélique Il me semble que j’entends mon père.
arlequin Et vite, sauvons-nous;
et vite, et vite. (ils sortent)
SCÈNE VI
Le
théâtre représente l’appartement du Prince.
Prudent,
Colombine, Le Prince.
prudent Seigneur, je suis de parole, et voilà ce
que vous m’avez demandé.
le prince Que je vous ai d’obligation!
prudent (Bas
à Colombine) Prends bien garde à ce que tu vas dire.
le prince Ah, Madame, qu’on exprime mal une joie qui
se fait trop sentir! Si l’amour n’avait pris soin de préparer
mon cœur à soutenir le pouvoir de vos yeux, je désespérerais que vous sussiez jamais jusqu’à quel point je vous aime.
5 prudent (À
part) Quelle croquignole pour mon honneur! Je ne lui
ai pourtant jamais appris cela.[103]
colombine Après une si belle idée d’un portrait comme celui
que vous vous étiez fait, il fallait éviter de voir l’original.
prudent (À
Colombine) C’est fort bien répondu. Courage, ma fille.
le prince Ah, Madame! Faites-vous
vous-même plus de justice, et examinez s’il est possible de vous voir, sans ressentir
pour vous tout ce que vous m’avez inspiré. Que manquerait-il à mes transports pour
vous le persuader? Je me suis peut-être fait mal entendre,
mais ne faites point souffrir à mon cœur le défaut de mes expressions. Ou trouver des termes proportionnés à la violence de
ma passion? Et puisque l’esprit a peine à le concevoir,
que peut-il produire pour le persuader?
colombine Vous ne vous expliquez que trop bien, Seigneur,
et je crains de vous trop entendre.
10 prudent (À
part) Il y a quelque chose, là, qui choque mon imagination. (à Colombine) N’approche pas si près de lui,
lâche-lui un peu la mesure.[104]
le prince Que craignez-vous, Madame?
Vous ne me répondez point? Mon cœur ne vous paraît-il assez
tendre?
colombine On croit facilement ce qui fait plaisir; mais, Seigneur, quelle preuve ai-je de votre constance?
prudent (À
Colombine) Eh, ne lui en demande pas, je n’y trouverais pas mon compte.
le prince Ah! S’il faut garantir
cette constance par un serment dont je frémis moi-même, puissé-je ne voir jamais
vos yeux, mes uniques dieux, mon unique espérance, si mes discours ne sont les sincères
interprètes de l’amour dont je brûle pour vous; enfin,
puissiez-vous me haïr autant que je vous aime. De quels maux plus affreux pourrait
être accablé un parjure!
15 colombine (En soupirant)
Hélas!
prudent (À
part) Ouf! Elle a pris son haleine là bien mal à propos.
le prince En croirais-je ce soupir?
Vous ne répondez point?
colombine Je vous regarde, je me trouble, que puis-je vous
dire de plus?
prudent (À
part) Tu n’en dis que trop, double masque.
20 le
prince Mais vous détournez les
yeux. Ah, cruelle, vous me haïssez.
colombine De quoi me servirait de vous haïr? La haine qu’on affecte
pour ce qui plaît, est une espèce de ruine, qui marque l’endroit de l’embrasement.
prudent (À Colombine) Allons, ma fille, donne-lui
le bonsoir, et allons-nous-en.
le prince Par vos genoux que j’embrasse...
prudent (À
Colombine) Notre souper est tout prêt. Viens-t’ en
donc.
25 colombine Ah, Seigneur, on nous écoute. Dérobez ma faiblesse
à la honte que j’aurais si elle avait d’autres témoins.
le prince Qu’on fasse sortir tout le monde, ou plutôt,
Madame, entrons dans le jardin. (à Prudent) Monsieur
Prudent, demeurez.
colombine J’y consens. (à part) Je me doute bien que Mezzetin ne me laissera pas seule longtemps.
(le Prince et Colombine rentrent)
prudent (Après
avoir fait quelques mouvements pour l’arrêter) Elle s’en va!
Au voleur, au voleur, au feu, à l’aide? Hélas! Quel parti prendre? Mon esprit
se trouble déjà par avance. (à Pierrot qui survient)
Ah! Mon pauvre Pierrot, tu me vois au désespoir.
pierrot Qu’avez-vous donc?
Vous alarmez tout le voisinage. Je gage que vous avez fait quelque sottise.
30 prudent Ma femme, ma femme... Ouf!
pierrot Que lui est-il donc arrivé?
Vous ouvrez la bouche comme s’il y avait quelque pièce de four à y mettre.
prudent Hélas! On vient
de me l’enlever.
pierrot Voilà ce que c’est que de me l’ôter! Tant que je l’ai eue, il ne lui manquait pas un fer,
je vous l’ai rendue nette comme l’œil; et je ne vous l’ai
pas plutôt laissée, que vous l’avez perdue.
prudent C’est
la plus noire trahison qu’on ait vu, et c’est le Prince qui me l’enlève.
35 pierrot Ah!
Si ce n’est que lui, je ne suis plus si fâché. Elle ne sort presque pas de la famille; il vaut mieux avoir obligation à ses amis qu’aux autres.
prudent Ne raille point, Pierrot, je ne prends point
goût à tes plaisanteries.
pierrot Et bien, faites-le assigner pour qu’il
vous la rende. Peu de gens se laissent contraindre pour acquitter de pareilles dettes.
prudent Ah, Pierrot, si tu savais ce que c’est qu’une
femme, et combien notre honneur y est attaché!
pierrot Je m’en doute à peu près. Mais venez avec
moi. Ne pleurez donc pas, vous me faites peur. Mezzetin nous attend, et vous verrez
que vous n’êtes pas si à plaindre. Allons donc vite, car je crois que la chose presse.
(il s’en va)
40 prudent Allons, mon pauvre Pierrot;
tu es le plus honnête homme que je connaisse.
SCÈNE VII[105]
Prudent,
Arlequin, dans une chaise
à porteurs.
un porteur (Arrêtant
Prudent) Monsieur, enseignez-moi où demeure Monsieur Pruneau?
prudent Je ne le connais pas, mon enfant. (il veut s’en aller)
le porteur (L’arrêtant
toujours) C’est un qui s’appelle... Impudent, Pudent...
Imprudent.
prudent Si c’est Prudent, c’est moi; sinon, serviteur.
5 le
porteur Prudent, oui Monsieur. C’est
Monsieur de Pommenville, votre gendre, que je vous apporte.
prudent Monsieur de Pommenville? Ah! Que j’aie le plaisir de le voir?
arlequin (Sortant
de la chaise) Quoi? C’est vous, Monsieur Prudent? Eh, parbleu, beau-père, et où diable vous fourrez-vous? J’ai feuilleté toute la halle pour vous trouver. (il l’embrasse)
prudent Si j’avais
su votre arrivée, je vous aurais prévenu avec empressement.
arlequin Si votre fille est au même degré de chaleur,
je tiens déjà la chose bien avancée; et sans que je prisse
la peine de la venir chercher moi-même, elle aurait payé à vue à mon ordre.
10 prudent Vous la trouverez toute disposée à m’obéir.
arlequin Quoi? Se jeter ainsi
à corps perdu dans les bras d’un homme à la première semonce d’un père? Diable! Une fille est une machine
bien prompte à faire mouvoir sur le fait du mariage!
prudent Ah, Monsieur, ma fille est vertueuse.
arlequin Vraiment, c’est comme il me la faut; car je ne m’accommoderais pas d’une femme qui, auparavant
d’avoir tâté du mariage en original, en aurait tiré maintes copies par devers elle.
prudent Vous
n’aurez pas sujet de vous en plaindre. Mais que dites-vous de Paris?
15 arlequin Eh fi, Monsieur!
Les rues sont trop longues et trop larges de la moitié. Ma foi, notre ville de Dieppe
est bien plus ramassée que cela. Et fi! On n’y est point
poli. Vraiment, nous avons bien un autre air que vos badauds. Ce sont de vrais lourdauds,
ils n’ont jamais vu un quartier de froment en face et, sans nous, les poulets d’Inde
seraient des monstres inconnus pour eux. Mais
à propos, beau-père, il me semble que vous ne parlez pas de souper. Ne vous
y trompez pas au moins; je ne verrai votre fille qu’après
un ample repaissance.[106]
prudent Ce n’est
point ici la cuisine, et je sais trop bien vivre pour vous y recevoir.
arlequin Quelle façon! Quel
abus que d’affecter de certains appartements pour une cuisine!
Je veux que tout soit en cuisine, chez moi, jusqu’au grenier. Et mort de ma vie,
où trouvez-vous de plus beau meuble qu’une broche, qu’une lèchefrite?
J’en ai une bibliothèque chez moi qui vaut bien le code.[107]
prudent Dans un moment, si vous voulez, on va nous
servir la collation, en attendant le souper.
arlequin Puisque cela est ainsi, faites-moi la meilleure
chère que vous pourrez, et n’allez pas vous excuser en disant que vous me traitez
en ami. Ces sortes de civilités-là sont des vrais coupe-gorges pour mon appétit.
Il faut que vos assiettes soient revues, corrigées et augmentées. Mais voyons votre
fille, je me restreins aujourd’hui en sa faveur; car, pour
l’ordinaire, je ne me sers d’une femme que comme d’un cure-dent, après le repas.
20 prudent Tenez, Monsieur, la voici. (à Angélique) Angélique, saluez votre futur,
Monsieur de Pommenville.
angélique (Bas)
Monsieur de Pommenville? Ah, ah!
(elle rit) C’est Arlequin.
arlequin (Après
avoir regardé Angélique) Comment Diable? Je ne vous
croyais pas si belle de la moitié. Voilà des yeux qui seront d’un terrible revenu
pour le futur, et ils doivent faire un furieux ravage quand vous leur lâchez la
bride sur le cou.
angélique De quelle manière qu’ils vous paraissent, leurs
regards se fixeront toujours sur vous.
arlequin Ah, morbleu, beau-père, quel monstre d’esprit
vous avez là! Il faut que vous renonciez aux prétentions
que vous avez sur pareille géniture; jamais telle farine
n’est sortie de votre sac, et vous l’avez trouvée toute blutée dans votre Aristote.
25 angélique Tout de bon, me trouvez-vous de l’esprit?
arlequin Je vous en trouve tant, que je crains qu’il
ne regorge. Mais comme je ne veux tromper personne, avant de rien conclure, trouvez
bon que je vous fasse part d’une petite maxime que j’ai faite pour servir de règle
à celle qui tombera sous ma coupe. Cela n’est pas long, c’est un quatrain en six
vers. Ecoutez.
«Il faut veiller toi-même au soin de ton ménage,
pour voir si de tes biens on fait un bon usage.
On se repose en
vain dessus la bonne foi
des gens que l’on commet à cette économie:
à d’autres de ce soin malheureux qui se fie!
Bats ta femme
et ton blé, tout ira bien chez toi.»[108]
prudent Mais, Monsieur, vous aller effrayer ma fille.
arlequin (Vers
Angélique) Cela ne doit point vous dégoûter de mes manières. Je vous aimerai
beaucoup et je vous rosserai de même.
prudent Allons, mon gendre, entrez, le souper est
tout prêt.
30 arlequin Tant mieux, car votre physionomie commençait
à m’altérer. Vous voyez que je suis ingénu. Vous voulez bien qu’avec la même ingénuité
je vous demande une grâce.
prudent Vous n’avez qu’à parler.
arlequin Prêtez-moi votre fille pour un moment.
prudent Comment donc?
arlequin Et oui, c’est que je veux lui faire présent
de quelques petits bijoux, et afin qu’elle les choisisse à sa fantaisie, je vais
la faire mener chez l’orfèvre dans ma chaise.
35 prudent Oh, pour cela, je le veux bien. Allez avec
Monsieur, ma fille, allez.
arlequin (Ouvrant
la chaise) Entrez, Mademoiselle. Pour moi, je m’en vais toujours devant. Adieu,
beau-père. Ah, ah! (il rit) Quel nigaud! Ah, ah! (il s’en va)
prudent Ouais! Il me semble
que Monsieur de Pommenville riait en s’en allant. Ne serait-ce
point ici quelque tour de Maître Gonin? Voyons. (aux porteurs) Attendez un peu, vous autres,
je veux dire un mot à ma fille avant qu’elle parte.[109]
un porteur À moins que mon maître ne soit là, Monsieur, je n’ouvre
ma chaise à personne.
prudent Faquin, je te la ferai bien ouvrir de force.
Holà, quelqu’un de mes gens? Pierrot, Maître Jacques, Picard,
assommez-moi ces coquins de porteurs. (les domestiques de Prudent
sortent armés de broches, de balais, de pelles, de pincettes, et d’autres choses
semblables. La chaise à porteurs s’ouvre, et représente une forteresse, d’où après
avoir tiré des grenades sur les domestiques de Prudent, on fait une sortie, et on
les chasse à coups de bâton)
SCÈNE VIII
Le théâtre représente le jardin du Prince.
Colombine,
Le Prince, Arlequin, en magicien,
qui survient.
colombine (Seule)
Je suis étonnée du peu de diligence de Mezzetin. Il m’avait promis de me tirer dans
peu des mains du Prince. Mais hélas! Le voici.
le prince Enfin, Madame, me voilà débarrassé de mes
fâcheux, et je viens auprès de vous expier un crime dont mon cœur n’a déjà que trop
souffert. Comptez, Madame, que ce n’est pas sans violence que j’ai pu me résoudre
à m’éloigner de vous.
colombine Il ne faut pas que l’amour vous fasse négliger
le soin de vos affaires. Mais, Seigneur, j’ai une grâce à vous demander.
le prince Vous n’avez qu’à commander, Madame.
5 colombine Permettez que je vous quitte.
le prince Permettre que vous me quittiez?
Ah, Madame, demandez-moi toute autre chose que celle-là.
colombine (D’un ton
ferme) Et que prétendez-vous encore?
le prince Vous voir, vous aimer, et vous le dire à tout
moment.
colombine Vous n’êtes pas encore où vous pensez, Seigneur,
j’ai des secours invisibles. (elle veut s’en aller)
10 le
prince Et moi, je m’opposerai
à tous les secours dont vous vous flattez. (il la suit)
colombine (Se retournant)
Arrêtez, Seigneur, ou la mort la plus violente me délivrera de vos poursuites. (elle s’enfuit)
le prince Non, non, n’espérez pas...
arlequin (En
magicien) Fermati, temerario. (il l’empêche d’avancer)
le prince Qui es-tu, toi qui prétends m’empêcher de
suivre l’objet que j’aime?
15 arlequin Qui je suis? Tremblez
à mon aspect. Je suis le procureur fiscal du village
de Pluton, et celui qui paraphe l’honneur des femmes ne varietur.[110]
le prince Quand tu serais tout l’enfer ensemble, il
faut que tu périsses. (il met la cimeterre à la main, et lui en voulant
décharger un coup sur la tête, Arlequin le touche de sa baguette, et le rend immobile)[111]
arlequin (Baissant
sa baguette) Ah, ma chère baguette, que je t’ai d’obligation!
Sans toi, j’étais fricassé. Mais il faut que
je le rende témoin de ma puissance. (il le désenchante)
Tiens, vois jusqu’où s’étend mon pouvoir. Je fais avancer les montagnes; (il frappe la
terre, et la montagne s’avance) et, pour peu que tu t’obstines à me chagriner,
je te ferai cesser d’être homme pour tout le reste de ta vie.
le prince (Tout
effrayé) Ah Seigneur, puisque vous êtes si puissant, faites-moi voir ma maîtresse.
arlequin Volontiers. Mais auparavant rengainez; renguenate. (le Prince met la cimeterre
dans le fourreau) A présent qu’il n’y a plus rien à craindre pour moi, je vais
travailler à vous rendre heureux, en vous faisant voir l’objet que vous aimez.
20 le
prince Ah, de grâce, faites-moi
voir le feu de ses beaux yeux.
arlequin Oui, vous
verrez le feu de ses beaux yeux; mais il sera si loin du
bassinet que la poudre n’y prendra pas. (il tourne autour du Prince
en faisant beaucoup de postures plaisantes avec sa baguette, et après plusieurs
lazzi de cette nature, il dit) Démon, par le pouvoir que j’ai sur toi, que cette
montagne se change en palais magnifique. (aussitôt la montagne change. On voit à la place un palais magnifique, et Prudent
et Colombine à une fenêtre du palais)[112]
le prince Que vois-je? Ma maîtresse
avec mon gouverneur?
prudent Oui, Seigneur, c’est ma femme.
arlequin (Au
Prince) Cela est vrai, et peu s’en est fallu qu’elle n’ait été la vôtre. Vous
vouliez gouverner la femme du Gouverneur, vous!
25 le
prince Quoi, Madame, Monsieur
Prudent est votre époux?
colombine Oui, Seigneur.
le prince Qui l’aurait
cru? Je suis tout hors de moi. (à Arlequin) Quel parti prendre?
arlequin Vous consoler, ou vous pendre.
le prince Oh! Je connais qu’il
faut céder. Oui, Monsieur Prudent, vous avez triomphé. Je renonce au penchant de
mon cœur et je me rends à la vertu de Madame votre femme.
30 arlequin (À part) Voilà une action qui sent bien son
étranger. Un Français n’en serait pas demeuré là. (haut) Mais ce n’est pas le tout. (à Prudent) Ecoutez, bon homme, après vous
avoir fait retrouver votre femme fidèle, si vous ne donnez votre fille Angélique
à Léandre, je m’en vais tout à l’heure vous métamorphoser en une forme de fromage
de Milan.
prudent Je vous ai trop d’obligation pour vous refuser
quelque chose. Je consens que ma fille Angélique épouse Léandre.
arlequin Et moi pour célébrer un si heureux jour, je
m’en vais vous faire voir un échantillon de ma puissance, et vous donner un divertissement
de ma façon. (il frappe le palais de sa baguette. Le palais se
change aussitôt en un jardin très agréable, rempli de jets d’eau et de berceaux.
Bacchus, suivi de plusieurs satyres, s’avance en dansant, et après qu’on a dansé)
bacchus (Chante)
Vive,
vive le dieu de la tonne.
Avalons
le vin qu’il nous donne.
(Il boit, et verse du vin à tous les satyres)[113]
le chœur Vive, vive, etc.
35 bacchus Enfants de Bacchus,
ne vous plaignez plus
de mes faveurs,
cette année a tari vos pleurs
le chœur Vive, vive, etc.
bacchus Venez tous boire
à tasse pleine
de ce jus délicieux
quand Bacchus remplit sa bedaine
Venus
ne s’en trouve que mieux
(Il leur verse encore à boire, et ils s’en vont
en chantant)
Vive, vive le dieu de la tonne.
Avalons
le vin qu’il nous donne
Fin de la comédie.
Apparato
Rispetto all’edizione
Braakman del 1697, l’edizione Gherardi del 1700 presenta
numerosissime varianti, che ci permettono di osservare l’entità del lavoro editoriale
svolto da Gherardi nei confronti delle edizioni precedenti al momento della pubblicazione.
La stessa operazione di riscrittura e in taluni casi di rifacimento avviene per
altri testi come Les Bains de la Porte Saint-Bernard, di M. Boisfranc, che nella sua edizione del 1700 Gherardi pubblica
con notevoli modifiche rispetto alla versione pubblicata nel 1698, in particolare
per quanto riguarda le scene in cui compare Arlequin.[114] Gherardi intervenne
sui testi al momento della sua ultima edizione per diversi motivi: da un lato, per
elevare lo stile delle commedie e avvicinarlo a quello delle commedie letterarie
francesi, e quindi conferire una dignità di solito negata al teatro italiano; dall’altro,
per rendere chiara e comprensibile al lettore la recitazione all’italiana.[115] A
quest’ultimo obiettivo si ricollega per esempio l’accuratezza delle didascalie,
nel caso de La Fausse Coquette, molto ridotte invece nell’edizione del 1697. Questi interventi
così radicali di Gherardi si possono spiegare anche in base al modo in cui gli spettacoli
venivano allestiti alla Comédie-Italienne, dove in molti
casi il ruolo dell’autore passava in secondo piano rispetto alla realizzazione finale
da parte della compagnia.
Qui
di seguito, offriamo qualche esempio delle principali varianti tra le due versioni,
in particolare per quanto riguarda personaggi, scene, assenza/presenza di battute,
didascalie, lingua. Indicheremo il testo dell’edizione Gherardi (1700) con la
sigla TI 1700, e l’edizione spuria Braakman (1697) con
la sigla SupTI 1697.
Titolo e attori
In TI 1700 il titolo precede la lista degli attori, mentre
in SupTI 1697 la lista degli attori precede il titolo
che non menziona il numero degli atti, né la data della messa in scena, ma semplicemente:
La Fausse Coquette,
comédie. Assente anche l’indicazione di luogo: La
Scène est à Paris.
Il numero dei personaggi e
l’ordine sono diversi. In SupTI 1697 mancano tutte le specificazioni
delle parti, i travestimenti e le parti di Arlequin (un tailleur, un peintre,
un normand, un magicien).
L’indicazione Quelques
Diables chantant et dansant,
è sostituita da Plusieurs démons in TI 1700. Importante notare
che in SupTI 1697 è presente Scaramouche, che invece è sostituito da
Pasquariel in TI 1700.
acteurs
angÉlique
colombine
léandre
pierrot
arlequin
mezetin
octave
scaramouche
prudent
mad: françoise
un garçon tailleur
Quelques Diables chantant et dansant.
Poiché sappiamo che l’attore Tiberio Fiorilli, il celebre Scaramouche della compagnia, era morto qualche giorno prima
della rappresentazione della commedia (7 dicembre 1694), potremmo interpretare anche
questa variante nel senso della maggiore precisione dal punto di vista storico,
ricostruttivo, dell’edizione Gherardi rispetto alla versione dell’edizione 1697.
Infatti, Fiorilli venne sostituito da Tortoriti, appunto
nella parte di Pasquariel:[116]
Scene
In SupTI 1697 c’è un maggiore numero di scene più brevi, dovuto a più cambiamenti di scena.
Così l’atto I presenta 11 scene in TI 1700, mentre nel SupTI
1697 arriva a 14; l’atto II 7 scene in TI 1700, nel SupTI
1697 11 scene; e l’atto III 8 scene in TI 1700 e nel SupTI
1697 12 scene.
Nel primo
atto, nella scena I.4, l’incontro tra Colombine e Octave
provoca un cambiamento di scena (I.5, p. 279); come anche l’arrivo di Prudent (I.6, p. 281) e il breve monologo di Octave (I.7, p. 282). L’ultima scena dei paraventi è divisa in tre scene (12-14)
corrispondenti a: 12. Arrivo di Arlequin travestito da
pittore (p. 290); 13. Entrata di due Laquais che portano
i paraventi (p. 293); e 14. Uscita di Octave di scena
(p. 295).
Nel secondo atto, nella prima
scena, l’arrivo di Arlequin è segnalato con un cambiamento
di scena (scena 2, p. 399). Anche nella scena 4, l’arrivo del postino segnala una
nuova scena (5, p. 308). Nella scena II.8 dello scambio di lettera, alla spiegazione
dell’equivoco è riservata una nuova scena (II.9, p. 316). L’ultima scena del secondo
atto è anch’essa divisa in due scene: la seconda riservata all’entrata di Arlequin (9, p. 318).
Nel terzo atto, nella scena 4, l’arrivo
di Angélique provoca un cambiamento di scena (5, p. 341),
come anche nella scena 7 l’allontanamento di Prudent (che
si lamenta con Pierrot) in seguito all’entrata nel giardino di Colombine e del principe
(8, p. 349). Un altro cambiamento coincide con l’arrivo di Angélique
chiamata da Prudent per incontrare Pommenville (10, p. 354), e l’ultimo con l’entrata di Arlequin nella scena finale (12, p. 359).
L’edizione Gherardi: un testo
molto più elaborato e dettagliato
Rivolgendosi a
un pubblico di lettori, Gherardi vuole trascrivere più precisamente l’andamento
del dialogo. Per esempio anche annotando i versi fatti da Mezzetin
a imitazione del gatto (mezzetin (Contrefaisant le chat)
Miaou, miaou; I.3.7-10):
arlequin (En se promenant) Tranquilli bourgeois, che dormite tranquillamente, che la vostra sorte me doit faire
envie! Il vostro sonno vi prepara momenti fortunati;
et il est permis aux chats de vos gouttières...
mezzetin (Contrefaisant le chat) Miaou, miaou.
arlequin Un matou! Est-ce
qu’il me prend pour du mou? Vous verrez que quelque chatte
de mauvaise vie aura passé par ici. Ehi voi, tenero
gatto, qui échauffé par les yeux d’une chatte amoureuse,
correte de ça,
et de là pour tâcher de la surprendre en flagrant délit;
deh! per pietà, fermate
il passo, ne vous mettez point martel en tête. Anca mi son innamorato; ma la mia crudele est bien plus à blâmer;
elle me préfère le fils d’un partisan. Mais pour vous, de quoi vous plaignez-vous? Si votre chatte vous trahit, ne savez
vous pas que la nuit tous les chats sont gris?
mezzetin (Contrefait le chien, le chat, l’âne, le cochon, et autres animaux)
In SupTI 1697 questi versi sono invece appena indicati e lasciati
all’improvvisazione (Mezetin fait le chat;
I.3, p. 271):
arlequin Tranquile
bourgeois, qui dormez en repos, que cela me doit donner d’envie, car le sort vous
prépare mille et mille fortunes. Mezetin fait le chat.
Au chat, au chat, est-ce qu’il me prend pour du mou? Et
vous chat intéressé qui échauffé par les yeux d’une chatte amoureuse courez de ça
et de là pour tâcher de la surprendre, en flagrant délit par pitié. Fermez les yeux,
et devenez amoureux comme elle. Hélas! Ma cruelle est bien
plus à blâmer; car elle me préfère le fils d’un partisan:
mais si votre chatte vous fait quelqu’infidélité, ne savez vous pas que la nuit tous chats sont gris... Mezetin fait l’âne, le coq, et le chien. Tire, tire,
tire, je crois que c’est ici l’assemblée de tous les animaux.
In SupTI 1697, più avanti nella stessa scena, le battute sono brevissime
e si alternano rapidamente (pp. 272-273):
mezetin Qui m’appelle? Ah, ah, Monsieur, voulez vous
jouer?
arlequin Non.
mezetin Quoi, à la paume?
arlequin Non.
mezetin Au billard?
arlequin Non.
mezetin Aux des?
arlequin Non.
mezetin A la boule?
arlequin Non.
mezetin Au totou?
arlequin Non.
mezetin Au corbillon?
arlequin Non.
mezetin Aux cartes?
arlequin Non.
mezetin A petanguele?
arlequin Non.
mezetin Eh, mais vous ne parlez
pas.
arlequin Eh! Mais c’est
que je ne veux pas jouer.
Rispetto
a questa versione, Gherardi svolge un’operazione di condensazione, più rivolta al
lettore che all’attore (I.3.19-22):
mezzetin Que souhaitez-vous de moi? Voulez-vous jouer aux dès? Aux cartes?
Au Toton, au Quilles, au Palet, à la Paume, au Cheval fondu, au Trou-madame, au
Qui met-on, au Combien, à la Coupe tête, à Pet en gueule, au Plaît-il maître? Vous ne parlez pas?
arlequin Je ne veux point jouer.
La maggiore accuratezza
dell’espressione nell’edizione Gherardi emerge anche dalle battute seguenti, di
cui propongo le due versioni. L’edizione TI 1700 è seguita, dopo la parentesi quadra,
dall’edizione SupTI 1697:
le prince (Abordant Colombine)
Le sort m’est plus favorable que je n’osais l’espérer. Je vous retrouve enfin, Madame,
et mon cœur, en vous voyant, est bien vengé de l’inquiétude que ce moment d’absence
lui a causé (I.4.4) ] octave
Enfin, Madame, je vous retrouve ici, et je viens vous marquer le chagrin
que votre absence m’avait causé. (I.5, p. 279)
le prince (Seul)
Dans quel étrange embarras son discours me jette-t-il. Mais enfin, reprenons quelque
espérance. Il n’en faut point douter, c’est son portrait que j’ai trouvé l’autre
jour: la perte qu’elle a avoué avoir fait du sien; son
esprit et mon cœur, tout est d’accord pour me persuader. Pasquariel,
viens être témoin de l’excès de ma joie. J’ai enfin découvert l’original du portrait
qui m’avait donné tant d’inquiétude (I.5.8) ] octave (seul) Dans quel étrange embarras son départ me jette-t’il?
Mais n’importe, reprenons toujours quelqu’espérance. Il
n’en faut point douter, c’est son portait que j’ai trouvé dernièrement dans un jardin.
Son esprit et mon cœur tantôt d’accord pour me le persuader. (I.7, p. 282)
le prince Que veux-tu dire? (I.10.10 ) ] octave Qui
est ce chose? (I.11, p. 289)
le prince Il est assez bien. Mais cette main-là, la main du peigne me paraît un peu contrainte et engourdie (I.11.21) ] octave Il est assez joli, mais sa main paraît
toute engourdie (I.11, p. 293)
Arlequin Engourdie? Cela est vrai. Vous y êtes, Monsieur,
c’est que je l’ai peinte pendant l’hiver.
(I.11.22) ]
Arlequin C’est une main peinte dans le froid (I.11, p. 293)
Anche il francese è a
volte scorretto, a volte scritto secondo la pronuncia:
mezzetin (pendant qu’Arlequin
fouille dans sa poche, se change en oublieux, et crie) La joie, la joie, des
petits tuileaux, laux, laux,
la joie (I.3.35) ] Mezetin (en oublieux) La joie,
la joie. Des petits toüillo Lo, lo.
La joie. (I.3, p. 276)
Rafforzamento della componente patetico-sentimentale
Le scene col principe risultano molto più sviluppate in TI 1700 rispetto alla
versione SupTI 1697, dalla quale sono assenti quasi tutti i monologhi
in versi di questo personaggio. Per esempio nella scena del primo incontro tra il
principe e Colombine (I.4), sono aggiunte alcune battute tra i due protagonisti,
che fanno emergere un raffinato gioco di seduzione, tra vedere, svelare, rivelare,
gli occhi, gli sguardi, dietro la maschera:
colombine Vous
me trouveriez bien faible, si je donnais quelque croyance à des discours, que le
seul hasard, ou plutôt certaine manière familière à tous les hommes leur fait débiter
(8).
[...]
le prince Que
je suis encore loin de l’espérance dont je m’étais flatté, puisque ma sincérité
vous est suspecte! (10)
[...]
le prince Par
quels serments faut-il vous rassurer? Mais que vous êtes
injuste! Tout ne devient-il pas possible aux charmes de
vos yeux? Oui, Madame, c’est dans vos regards que j’ai
puisé cette flamme qui me dévore. Rien n’est comparable à l’idée que je m’en suis
faite; c’est l’Amour même qui a pris soin de vous dépeindre
à mon cœur. Hélas! Si, malgré les soins que vous avez pris
à me les cacher, mon cœur n’a pu se défendre, je m’attends à mourir de plaisir en
les voyant. (12)
[...]
colombine J’estime
trop l’erreur dont mon masque vous a prévenu en ma faveur, pour vouloir risquer,
en me découvrant, ce que mes yeux ont si heureusement commencé. (14)
Anche nella scena I.10 di TI
1700 è aggiunto il monologo poetico in alessandrini nel quale il principe si rivolge
al ritratto dichiarandogli il suo amore e chiedendosi se ciò che ha visto la notte
è frutto di un sogno, di una menzogna, confidando nella speranza che il giorno gli
porti conferma. Sono assenti da SupTI 1697 (I.11) anche tutte le battute tra Prudent e il principe, attraverso le quali Prudent si accorge del ritratto di sua moglie in possesso del
giovane e viene preso da vapori. Mancano anche il monologo e lo scambio di battute
tra i due personaggi che introducono la scena seguente, l’ultima del primo atto,
nella quale appunto Arlequin-pittore, opera il miracolo,
facendo apparire l’amata Colombine al principe su alcuni paraventi da lui dipinti.
Anche il lungo monologo poetico-patetico in versi
del principe nell’ultima scena del secondo atto è assente da SupTI 1697, che comincia
direttamente con la battuta di Scaramouche che scuote
il principe dalla sua rêverie (II.10,
p. 317).
La prima scena del terzo
atto di SupTI 1697, è molto scarna, ridotta a un semplice scambio di informazioni
tra i due personaggi per far avanzare l’intreccio. Prudent
si rivolge al principe chiedendogli perché non smette di piangere, e afferma di
conoscere la causa del suo dolore. Inoltre, a parte dice di sapere che è innamorato
di sua moglie: «Je sais qu’il
est amoureux de ma femme, j’en
ai vu le portrait. Mais il faut
dissimuler» (III.1, p. 331). Il dialogo è condensato,
e soprattutto viene a mancare non solo il contrasto tra le personalità dei due personaggi,
sottolineato invece da TI 1700, attraverso il diverso stile delle battute, ma anche
il loro profilo psicologico appare semplificato. Infatti, nella versione Gherardi
il principe si esprime con toni patetico-romantici e appassionati, comunicando a
Prudent la sua disperazione poiché ha saputo che l’amata
è sposata. Prudent lo consola con considerazioni realistiche
sulla natura estrema dei sentimenti giovanili, destinati a spegnersi ben presto
(III.1.8) e con una frase satirica sulla virtù delle donne («La vertu dans ce siècle est un monstre, que
les femmes n’osent regarder, de peur que leur fruit
n’en soit marqué», III.1.10).
D’altra parte, il ritratto di Colombine che il principe esibisce nello scopo di
rivelare l’identità della donna amata, suscita una forte emozione in Prudent, il quale, vedendo il proprio onore in pericolo, esprime
a parte il suo rancore contro la moglie. Tuttavia, promette al principe di fargliela
incontrare, per soddisfare il suo desiderio, ma anche per metterne alla prova la
virtù.
Cosa possiamo concludere? L’inserimento,
da parte di Gherardi, di battute in versi pronunciate dal principe svolge un ruolo
in un certo senso paradossale. Da un lato svolge una funzione parodica nei confronti
della Comédie-Française, producendo al tempo stesso un
effetto comico, nato dal contrasto tra i due registri, basso (Prudent) e alto (principe), il tutto probabilmente affidato
all’improvvisazione nello spettacolo iniziale. Dall’altro contribuisce a quell’effetto
di letterarietà che caratterizza tutta l’impresa editoriale di Gherardi.
Rafforzamento della componente comico-satirica
Anche la componente comico-satirica è rafforzata o cumunque
maggiormente esplicitata in TI 1700. Per esempio attraverso alcune battute assenti
in SupTI 1697, in cui in contrasto con le dichiarazioni d’amore enfatiche del principe, Pierrot
e Prudent esprimono il loro commento negativo su Colombine,
e Arlequin sulle donne in genere:
pierrot S’il la voyait aussi souvent que moi, il en serait bientôt las. (I.4.5)
prudent Où est donc allée ma
carogne de femme?
colombine (Fait tomber la lanterne de son mari, et entre aussitôt dans la maison).
(I.5.12)
arlequin Je suis surtout le peintre des femmes.
Il n’y en a pas une que je ne rajeunisse de dix années. J’attrape si bien l’air
du visage, que, tac, je donne un soufflet à la nature;
et s’il manque quelque chose à leur ressemblance, c’est leur flux de bouche perpétuel
où je n’ai pu encore atteindre avec mon application. (I.11.7)
Anche nelle scene dell’incontro
tra Pasquariel e Arlequin travestito
da donna possiamo osservare un elaborato dialogo intessuto di doppi sensi osceni,
grazie al termine louée,
‘affittata’, che evoca uno scambio di denaro tramite il quale i due uomini avrebbero
ottenuto i favori di Arlequin:
arlequin En vérité, Monsieur, je ne puis pas. Je
suis louée pour toute la nuit, en conscience. Demandez, demandez.
mezzetin Cela est vrai. Nous en
avons payé la première heure d’avance.
angelique Oh morbleu, louée ou non,
je ne vous quitte pas. (vers Pasquariel et Mezzetin)
Allons, Messieurs, lâchez cette fille-là; ou par le sang bleu... (TI 1700, I.9.17-19)
Mentre in SupTI 1697 (I.8-10) tutto lo scambio è ridotto, pur mantenendo il rinvio alla prostituzione,
reso da Arlequin che afferma essere retenue, ‘riservata’:
arlequin Je
suis retenue pour toute la nuit, en conscience.
angelique (À Arlequin) Je ne vous quitterai pas, (à Scaramouche). Allons, Monsieur, lâchez
cette fille-là, ou par le sang bleu (I.10, p. 288)
E nella scena del secondo atto, tra Prudent e Pierrot,
mancano diverse battute tra i due personaggi a proposito della gelosia di Prudent, che va subito al dunque: «Dis-moi
comment se porte ma femme?» e «Ou
elle a été cette nuit?» (SupTI 1697, II.3, p. 303). Meno elaborato è anche il dialogo
tra Colombine e Prudent nella scena successiva (II.4):
prudent Vous
êtes bien piquante aujourd’hui, je ne suis guère content de vos manières (SupTI
1697, II.4, p. 304).
prudent Vous êtes bien piquante aujourd’hui,
et vous mériteriez... Suffit. Je commence à m’ennuyer, et vos brusqueries ne me
divertissent point (IT 1700, II.3.4).
mentre in TI 1700 (II.3) sono aggiunte alcune battute (18-19) che mostrano più nel dettaglio la personalità dei due coniugi:
debole e patetico dietro le minacce e il comportamento autoritario, Prudent si preoccupa del proprio onore messo in pericolo dalla
moglie, la quale gli risponde con insolenza e insofferenza, prendendosi gioco di
lui:
prudent S’il
n’y allait que de votre réputation, je laisserais volontiers flotter la barque.
Mais, vertu de ma vie, c’est mon honneur que vous jouez quand vous effleurez le
vôtre, et vous ne sauriez si peu y toucher, qu’il ne paraisse au mien.
colombine Vous
vous moquez, Monsieur, vous vous moquez. Et qui voudrait, je vous prie, me tenir
jeu, si je n’avais que votre honneur à risquer? C’est une
pièce qui n’est pas de poids, quoi que bien trébuchante.
Anche il testo della lettera di Pommenville in SupTI 1697 è più breve, privo di didascalie e senza separazione
tra il testo della lettera e le osservazioni di Prudent,
tra le quali un apprezzamento circa l’umore del fututo
genero (assente in TI 1700):
le porteur Ca, trois sols.
prudent Va
on te les donnera. (il ouvre la lettre) Pommenville.
Ah! C’est mon genre. (il lit) beau-père; car ne vous en déplaise, il faut que vous le soyez
malgré vous. Je prends la commodité des
chasse-marées pour vous aller voir promptement, ne manquez pas de me faire trouver du vin prêt à mon arrivée; car je vous avertis, que je suis terriblement altéré.
Je vous en dirais davantage, sans un mal de ventre qui m’oblige de temps en temps
à quitter cette lettre. Je vous laisse sur la bonne bouche, et je suis votre gendre
Pommenville. Voilà un drôle de gendre;
mais je suis bien aise qu’il soit d’une humeur gaie et joviale, il me divertira
pensant mes vieux jours. Je vais tout préparer (II.5, p. 308).
Molto più sviluppato in TI 1700, lo stile più ironico e sarcastico mette in
rilievo la volgarità del normanno che rivolge metafore e insulti al futuro suocero
e a Colombine (II.4.27):
un porteur
de lettres
(Présentant une lettre à M. Prudent) Ça, trois sols?
prudent (Donnant trois sols, et prenant la lettre) Tenez (le porteur s’en va) C’est une lettre de mon
gendre Monsieur de Pommenville que j’attends aujourd’hui.
Il vient pour épouser ma fille. Voyons (il
lit).
Monsieur mon beau-père
(car ne vous en déplaise il faut que vous le soyez), je prends la commodité des
chasse-marées pour vous aller voir promptement, et embrasser, chemin faisant, ma
future épouse. Je ne sais pas encore si je pourrai l’aimer, car on dit qu’elle vous
ressemble; et comme vous êtes très laid, j’aurais là un
fort vilain magot de femme. Mais comme j’ai un singe plus laid que vous, que j’aime
cependant beaucoup, je ne désespère pas qu’elle ne me plaise autant que lui. Ne
manquez pas de me faire trouver du vin prêt à mon arrivée, car je suis toujours
fort altéré, surtout depuis que je sais que vous en avez de bon en cave, et que
votre fille en a la clef. Sans un mal de ventre qui m’oblige de temps en temps à
quitter cette lettre, je vous en écrirais davantage; je
souhaite qu’ainsi soit de vous. Je suis, Monsieur mon beau-père, votre genre,
pommenville
Anche nell’ultima scena del secondo atto nel bosco, gli scambi di battute tra
il principe e Arlequin-mago sono molto ridotti in SupTI 1697:
arlequin Mais! Parlons
d’autres choses. Vous êtes amoureux, sans doute, et vous êtes dans l’inquiétude
de découvrir ce que vous aimez. Vous jouez de malheur. Car il n’y a rien de si commun
à présent qu’une femme. Mais ne vous mettez pas en peine, je vais travailler pour
vous rendre heureux, en invoquant un diable de mes amis, avec qui je ferai le diable
à quatre. (II.11, p. 323)
mentre Gherardi aggiunge una certa violenza
e carica satirica nell’espressione e nelle immagini evocate da Arlequin, forse a partire dalle allusioni ‘improvvisate’ durante
la rappresentazione:
arlequin Très volontiers. Voulez-vous vous faire aimer du sexe? J’ai un secret merveilleux pour cela.
le prince Apparemment que vous en avez fait l’épreuve?
arlequin Belle
demande! Tel que vous le voyez, j’ai usé quarante-six femmes,
mais usé, que les cordes y paraissent; et je suis après
à expédier la quarante-septième. Mais parlons d’autre chose. Vous êtes amoureux
sans doute, et je m’aperçois que vous avez de l’inquiétude de ne point découvrir
celle que vous aimez? Vous jouez assurément de malheur; car rien n’est aujourd’hui de moins rare ni à plus juste
prix qu’une femme. (II.7.52-54)
In TI 1700 sono aggiunte
due battute, una sulle donne sposate, spesso assenti e che spendono i soldi del marito: «Une femme mariée est comme une maison dont le propriétaire n’occupe que
le plus petit appartement, et où cependant toutes les grosses réparations se font
sur son compte» (II.7.78),
e una subito dopo, sullo spirito diabolico
delle donne: «Le Diable a bien de la peine à venir
à bout de l’esprit d’une femme!» (II.7.80). In SupTI 1697 gli stessi difetti sono
evocati in una sola battuta di Arlequin a proposito della
pizia che, sollecitata da Arlequin, non vuole parlare
(p. 328):
scaramouche Quoi, Monsieur, elle est femme et ne parle pas?
arlequin Non.
octave Quoi,
Monsieur, est ce que votre pouvoir n’est pas assez grand pour la faire parler?
arlequin Que voulez-vous, quand une femme s’est
mise une chose en tête, qui diable lui pourrait ôter? Mais
le secret de la faire parler, c’est d’avoir de l’argent.
In questa versione è presente
un particolare interessante, assente da TI 1700. Per far parlare la pizia, Pasquariel cerca anche nelle scarpe e infine trova una petite pièce da offrire all’oracolo, mentre
Arlequin suggerisce al principe di cantare, poiché si
tratta di una donna che ama molto la musica. Un diavolo porta allora un liuto ad
Octave che comincia a cantare (pp. 328-329):
arlequin Est-ce que c’est là une femme
à petite pièce? Ecoutez, Monsieur, c’est une femme qui
aime extrêmement la musique, à la place de l’argent vous n’avez qu’à l’interroger,
en chantant elle vous répondra de même.
octave Il
n’y a rien que je ne fasse pour me contenter. Mais je n’ai point d’instrument.
arlequin Je vais vous en faire apporter à la bala de chiba [sic.]. (un diable apporte un lut à Octave)
octave (Chante)
Tu vois
l’amant le plus tendre
que l’amour ait jamais soumis:
si l’espoir d’être heureux est quelquefois permis,
qui peut mieux y prétendre,
que l’amant
le plus tendre
Tutto questo scambio di batture con Octave
che canta, è sostituito in TI 1700 dalla semplice decisione di Arlequin di far parlare gratis la pizia, accompagnata da alcuni
lazzi (II.7.105):
arlequin Vous êtes trop galant homme; et à cause de votre bon naturel, je m’en vais la faire
parler gratis (aussitôt on entend un bruit
de trompettes et de tambours, et la Pythie descendant de dessus son trépied, chante)
Gherardi ha forse temuto che il futuro primo amoroso non sapesse
né cantare né suonare?
Sono assenti
in SupTI 1697 alcune battute comiche tra Pasquariel,
Arlequin e il principe, suscitate dalle parole pytie (II.7.90) e
Apollon, che vengono storpiate da Pasquariel, la cui ignoranza è oggetto di scherno in una battuta
di Arlequin e del principe (II.7.91-98).
Nella
scena tra Colombine et Prudent (III.3), l’edizione Gherardi
inserisce molte battute che definiscono il conflitto tra i due coniugi, le loro
personalità: i rimproveri di Prudent alla moglie sempre
assente e indifferente, le risposte insolenti di Colombine che disprezza il matrimonio
e ironizza sulla vecchiaia del marito (III.3.5-8). Inoltre in SupTI 1697, forse per una svista, in una battuta Prudent si rivolge
alla moglie utilizzando la seconda persona singolare, o forse questa familiarità
è dovuta al suo stato di alterazione emozionale. Diversa nelle due versioni l’età
del giovane principe: quindici anni in SupTI 1697, mentre venti in IT 1700. Anche le reazioni disperate
di Prudent, che assiste impotente al dialogo amoroso tra
sua moglie e il principe durante l’incontro che ha lui stesso organizzato (III.6),
sono assenti dalla versione SupTI 1697 (III.7), forse perché lasciate all’improvvisazione
dell’attore.
Molto più
elaborata con effetti comico-satirici assenti in SupTI 1697, si presenta anche la
scena tra Prudent e Arlequin
travestito da Pommenville (TI 1700, III.7). Oltre al gioco
di parole sul nome di Prudent che i porteurs deformano
in Pruneau, Impudent, Pudent, Imprudent (1,3), sono aggiunte molte battute (15-20) di
Prudent e di Arlequin, attraverso
le quali viene messo in ridicolo il personaggio del normanno Pommenville come per esempio quella di Arlequin
che dichiara preferire Dieppe a Parigi, tessendo lodi
ridicole dell’ambiente agricolo. Inoltre è aggiunta una battuta di Arlequin che esprime il suo desiderio di cibo, i piatti che
si prepara a gustare, nonché quella in cui coglie l’occasione per mettere ironicamente
in dubbio la paternità di Prudent, data la presenza di
spirito di Angélique (24). Sono aggiunte anche le battute
alla fine della scena (36-39) con l’insulto di Arlequin
a Prudent prima di andarsene con Angélique
(«Quel nigaud!
Ah, ah! (il s’en va)»), quelle di Prudent che sospetta di essere stato ingannato da Arlequin/Pommenville, e la scenetta
spettacolare con la rissa finale, la portantina
che si trasforma in fortezza e il lancio di granate.
Infine, l’ultima
scena della commedia nella versione Gherardi (III.8) presenta molti cambiamenti
che riguardano non solo alcuni dettagli, ma anche lo scioglimento dell’azione. In
SupTI 1697 il principe attacca Arlequin con
una spada e la didascalia annuncia la magia della montagna che avanza (III.12, p.
359: «Il met l’épée à la main, et comme il vient pour frapper Arlequin, qui lui donne un
coup de sa baguette, il reste immobile, et la montagne qui paraît
dans le fond s’avance»),
mentre in TI 1700 la spada è sostituita da una scimitarra e la magia avviene dopo
l’annuncio fattone da Arlequin. Inoltre in SupTI 1697 invece del riferimento ai lazzi che fa Arlequin girando
intorno al principe con la sua bacchetta magica (III.8.21), si trova un’altra didascalia
che spiega che Arlequin canta: «Il chante en donnant
plusieurs coups de canne» (p. 360). Ma la differenza
più significativa riguarda lo scioglimento dell’azione, con il matrimonio tra i
due innamorati, il cui merito in SupTI 1697 è principalmente attribuito
a Colombine. Infatti, in questa versione, dopo esssere
apparsa sul balcone, dopo la trasformazione della montagna in palazzo, Colombine
pronuncia ancora due importanti battute: nella prima, sorta di autogiustificazione
morale, si scusa col principe spiegandogli le ragioni del suo innocent plaisir; e nella
seconda mette in risalto il potere del principe chiedendogli l’accordo per il matrimonio
tra i due innamorati, Angélique e Léandre
(p. 362):
colombine Me pardonnez-vous,
seigneur l’innocent plaisir que je me suis fait d’avoir donné de la jalousie à mon
époux, et d’avoir fait servir votre tendresse au dessin que je m’en étais proposé.
octave Ah Madame!
Je suis encore trop heureux, que vous m’ayez voulu choisir pour cette entreprise.
colombine Mais Seigneur ce n’est pas tout, je viens
vous demander grace pour deux amants, Angélique et Léandre.
octave J’y consens de tout mon cœur.
arlequin Et moi aussi, si Monsieur Prudent n’y
consent pas. Vous voilà, bon homme, si vous ne consentez au mariage de Léandre et
d’Angélique, je vais vous changer en fromage de Milan.
Invece, in TI 1700, Colombine non si manifesta più dopo la
sua apparizione al balcone al fianco di Prudent, e tutto
il merito viene attribuito ad Arlequin-mago. Gherardi
inserisce inoltre il commento di Arlequin circa la rinuncia
ragionevole all’amata da parte del principe, considerata tipica di uno straniero
rispetto a quella di un francese: «arlequin (À part) Voilà une action qui sent bien son étranger. Un Français n’en serait pas demeuré là.» (III.8.30)
L’annuncio del divertimento
finale, comune alle due versioni, è molto più dettagliato nella didascalia di TI
1700. Inoltre, mentre in SupTI 1697 Arlequin specifica che si tratta di un
divertimento concepito per le nozze, in TI 1700, invece, per celebrare la puissance di Arlequin. Poi, la didascalia indica che Mezetin
canta travestito da Bacco (mezetin en Bachus, chante; pp. 362-363):
arlequin Puisque cela est, je vais vous faire part
du divertissement que j’avais préparé pour le jour de la noce des épousailles. (il frappe, et le palais
se change en treille, et il en sort quantité de danseurs).
mezetin (En Bachus,
chante)
Mentre in TI 1700, Mezzetin non appare ed è semplicemente
Bacchus che
canta e danza e alla fine «beve e versa il
vino a tutti i satiri », precisazione assente in SupTI 1697:
arlequin Et moi, pour célébrer un si heureux jour,
je m’en vais vous faire voir un échantillon de ma puissance, et vous donner un divertissement
de ma façon. (il frappe le palais de sa baguette. Le palais se
change aussitôt en un jardin très agréable, rempli de jets d’eau, et de berceaux.
Bacchus suivi de plusieurs satires, s’avance en dansant, et après qu’on a dansé)
bacchus (Chante)
Vive,
vive le Dieu de la tonne.
Avalons
le vin qu’il nous donne.
(il boit, et verse du vin à tous les satires)
(III.8.32-33)
Questi ultimi mutamenti si possono
spiegare con il desiderio da parte di Gherardi di celebrare il personaggio di Arlequin da lui recitato.
Didascalie, rafforzamento dell’elemento spettacolare
Dalla versione SupTI 1697 le didascalie sono molto ridotte rispetto all’edizione Gherardi. Per fare qualche
esempio, ci concentreremo sulle didascalie che descrivono effetti spettacolari (lazzi,
scenografia, danza).
I lazzi di
Arlequin e Mezetin in SupTI 1697 (I.3) sono appena
tratteggiati:
arlequin Ça, ça. Voulez vous
jouer un pied ou une main d’oublies, ensemble?
mezetin Volontiers: et par dessus cela, je vais
vous régaler de ma chanson. (Mezetin tire un cornet
et trois dès).
mezetin Allons, allons, Monsieur,
écoutez. (il chante) (p. 277)
Segue la didascalia posta
graficamente al lato della canzone: Arlequin fouille
dans le corbillon et prend les oublies qu’il mange (p. 277).
Molto più numerose e dettagliate
le didascalie in TI 1700 (I.3.50-55):
arlequin Ca, ça, voulez-vous
jouer une main ou un pied d’oublies ensemble?
mezzetin Volontiers, et par dessus tout cela, je vais vous régaler de ma chanson.
(il s’agenouillent tous deux à terre, le corbillon
au milieu d’eux. Mezzetin tire un cornet et trois dès, et de temps en temps, crie: La vie, la vie; ce qui oblige Arlequin à se lever, et à chercher tout autour de lui. Après
avoir fait plusieurs fois le même lazzi).
arlequin (Regardant
Mezzetin au visage, lui dit): N’avez-vous jamais vendu
d’eau de vie?
mezzetin Non, Monsieur. Mais remettez-vous
donc à votre place si vous voulez jouer.
(Arlequin se replace à côté de Mezzetin, un genou
à terre, et regarde de temps en temps dans le corbillon, pendant que Mezzetin chante)
mezzetin (Chante)
[...]
arlequin (Ayant
la bouche pleine d’oublies qu’il a prises dans le corbillon pendant que l’autre
chantait, contrefait Mezzetin, et répète en bredouillant)
Et le
jour elles sont pour nous.
La scena tutta italiana I.6 è
assente in SupTI 1697, forse non segnalata nel testo, ma comunque prevista
nello spettacolo dagli attori?
C’est une scène toute
italienne. Pasquariel vient avec un flambeau allumé, suivi
d’un de ses amis, qui tient une bouteille et un verre. Et comme toute l’attention
de Pasquariel est tournée du côté de la bouteille, il
ne songe qu’à la vider, sans prendre garde à ce que son maître lui dit; ce qui fait qu’il ne répond jamais juste aux demandes du
Prince, qui lasse de ses impertinences, l’observe attentivement, et le surprenant
avec un verre à la main, lui donne un coup de pied dans le ventre, et s’en va. Pasquariel tombe en arrière, fait la culbute sans renverser
le verre de vin, se lève, le boit; et voulant s’en aller,
il s’arrête voyant venir Arlequin habillé en femme.
Sono invece presenti in SupTI 1697 didascalie che
spiegano i procedimenti scenotecnici che producono l’illusionismo (assenti in TI
1700, I.11):
arlequin C’est que c’est une poche à la mode. Dans
les poches d’à présent, il n’y a rien. Mais, Monsieur, je vais vous faire voir une
feuille qui vous charmera.
(on ouvre, et l’on voit Colombine avec un Cavalier:
on ne voit que la tête véritable de Colombine, le reste du corps et le cavalier
sont peints) (SupTI 1697, I.13, p. 293)
arlequin C’est que c’est une poche à la mode. Dans
les poches d’à présent il n’y a rien. (Au
Prince) Mais, Monsieur, je vais vous faire voir une feuille qui vous charmera.
(Arlequin fait voir une autre feuille du paravent,
où Colombine paraît, avec un Cavalier à ses genoux) Eh bien, que dites-vous
de cette feuille-là? (TI 1700, I.11.24)
arlequin Allons, montrez ces paravents.
scaramouche Mais, Monsieur, il faut les porter dans la chambre.
arlequin Tout à l’heure.
(on lève les paravents de l’autre côté de celui
que l’on a montré au Prince, et on voit une paysane peinte.)
Tenez ceci est Madame
Simonne, quand elle ratissait des navets, voilà une autre feuille
(on ouvre la dernière feuille, l’on voit Mezetin et un joueur de flute, qui joue. Et Mezetin chante ce qui suit, il n’a que la tête, le reste du
corps est peint) (SupTI 1697, I.14, p. 296)
arlequin Ne voulez-vous que cela?
Vous allez être bientôt content. Allons, qu’on lève encore ces paravents.
(on dresse les paravents de haut en bas, et l’on
y voit une servante avec une botte de raves à la main)
prudent (Étonné du changement) Qu’est-ce que cela?
arlequin C’est Madame Simonne quand elle ratisse
les navets. Mais je veux vous faire voire quelque chose de plus joli (il déploie une autre feuille de paravent, où
est Mezzetin en flamand, fumant une pipe, avec un autre Flamand qui tient une flûte
d’Allemagne à la bouche)
prudent Voilà qui est fort drôle. (TI 1700, I.11.44-46)
Nell’ultima scena del primo
atto, in SupTI 1697 è assente la didascalia che descrive il colpo di scena finale nel quale Arlequin apre un altro paravento da cui esce un uomo con la
pistola in pugno che minaccia Prudent e lo prende per
la cravatta (I.11.52-53). Nel terzo atto è assente quella della fine della scena
7, che descrive la rissa tra i domestici di Prudent e
i porteurs di
Arlequin/Pommenville, con la
trasformazione della portantina in fortezza e scoppi di granate (III.7.34).
La lunga didascalia che descrive
la pantomima di Arlequin durante la scena dei lamenti
per la morte di Maître André (IT 1700, II.1.39), in SupTI 1697 è molto più sintetica e incompleta, manca il riferimento
ai tre cappelli:
Arlequin apporte trois
manteaux, un long pour Scaramouche, deux courts pour lui, et Mezetin, les habille et leur donne à chacun un petit papier,
qu’il tire de sa poche. (SupTI 1697, II.2, p. 301)
arlequin (Revient
ayant trois manteaux noirs sur ses épaules, trois chapeaux noirs pointus sur sa
tête, avec des crêpes trainant jusqu’à terre. Dans cet équipage il passe devant
Mezzetin et Pasquariel en marchant gravement, et après
avoir fait le tour du Théâtre sans rien dire, il se campe au milieu d’eux, et leur
faisant signe du doigt de garder le silence, il ôte son premier manteau qui est
le plus long, et le met sur les épaules de Pasquariel,
puis lui ôte sa toque, et lui met à la place un des trois chapeaux noirs. Il fait
la même chose à Mezzetin, de manière qu’après cela ils paraissent tous trois avec
chacun un manteau noir, et un chapeau pointu sur la tête. Dans cet équipage Arlequin
tire trois papiers de sa poche, et en donne un à Pasquariel,
un à Mezzetin, et garde le troisième pour lui) (IT 1700)
Anche la didascalia che descrive il concerto comico
dei tre personaggi, alla fine della scena, presenta molti meno dettagli sui gesti
e gli strumenti. Per esempio, dice semplicemente: «Arlequin fait la flute»
(II.2, p. 302), mentre in IT 1700 si specifica che Arlequin
fa una parodia: «Chante sur le ton du deuil d’Alceste) [...] (après quoi
il contrefait la flûte avec sa gorge sur le même ton. Ensuite tous trois ensemble
reprennent [...])» (II.1.46).
La didascalia
che indica il lazzo con il quale Pierrot fa danzare
e cadere a terra Prudent («il le fait danser, et le pousse à terre»; II.3.28) è assente
in SupTI 1697 (II.3); mentre chiude la scena l’imprecazione di Prudent: «Va t’en
au diable. As-tu envie de me rompre les bras?», assente invece in IT 1700.
Sono anche assenti da SupTI 1697 anche le didascalie della lettera di Pommenville (II.5, p. 308); e anche quelle della scena del dépit amoureux tra Léandre e Angélique a causa dell’equivoco
della lettera di Pierrot consegnata per sbaglio ad Angélique
invece di quella di Léandre (II.8, pp. 314-316).
Anche le didascalie dell’ultima scena del secondo atto sono molto ridotte
(SupTI 1697, II.10). In quella iniziale
che descrive la scenografia è assente la descrizione della posizione e azione di
Arlequin: «Le théâtre représente un bois»(p. 317). Mentre in TI 1700, II.7 si legge:
Le théâtre représente
un bois, et un gros rocher au milieu.
Le Prince, Pasquariel, Arlequin caché derrière le rocher, faisant l’écho.
In SupTI 1697, l’ingresso dei diavoli è segnalato da una didascalia
che precisa il tipo di formazione per la danza: «Il frappe de sa baguette. Il sort cinq diables dont quatre forment une entrée,
l’autre chante» (p. 324).
Mentre in TI
1700, questa precisazione è
assente:
«il frappe de sa baguette, et il sort des
ailes du théâtre quatre démons dansants et un démon qui chante» (II.7.7).
Presenza della lingua italiana
In SupTI 1697, parole e battute in
italiano sono quasi del tutto assenti e l’italiano è spesso scorretto, come nella
scena I.3 (la battuta in SupTI 1697 con il numero di pagina,
è seguita dalla versione IT 1700 con il numero di battuta):
mezetin Come
Arliquino è qui? (p. 271)
mezzetin (Surpris) Come? Arlicchino è
qui? (4)
arlequin Siason qui una, grand
merveille si à son qui.
(p. 271)
arlequin (D’un ton ferme) Signor sì,
son qui. Una cosa ben straordinaria! Ah son qui, ah son qui. Mais, tout beau, ne faisons
pas le brave à contretemps; la prudenza è la virtù
dei poltroni, et à gens de ma sorte notre dos est
souvent le médiateur des différents. (5)
mezetin Puisqu’Arlequino è qui, o voglio me divertir de lui. (p. 271)
mezzetin Poichè Arlicchino è qui, voglio divertirmi di lui (6)
arlequin Tranquile
bourgeois, qui dormez en repos, que cela me doit donner d’envie, car le sort vous
prépare mille et mille fortunes. Il est permis aux chats de vos gouttières... Mezetin fait le chat (p. 271)
arlequin (En se promenant) Tranquilli bourgeois, che dormite tranquillamente, che la vostra sorte me doit faire envie!
Il vostro sonno vi prepara momenti fortunati; et il est permis aux chats de vos gouttières...
mezzetin (Contrefaisant le chat) Miaou,
miaou. (7-11)
Quasi tutti gli altri inserti
d’italiano (scene I.7-9) sono assenti in SupTI
1697, a parte l’espressione
rivolta da Arlequin al principe «Fermati, temerario» (III.8.13), che ritroviamo leggeremente modificata
in «Ferma temerario» (III.12, p. 359). E al posto del
termine italiano mago pronunciato da Pasquariel (II.7.33) che Arlequin
riprende nella battuta seguente in francese («Ah, Magot vous-même»), in SupTI 1697 entrambi i personaggi
ricorrono al termine francese magot (p. 320), evidentemente confondendo a causa dell’omonimia,
i due termini aventi significati ben diversi nelle due lingue (scimmia/mago). L’impressione
è che il redattore della versione 1697 non conosca l’italiano e che quindi trascriva
le parole foneticamente.
In SupTI 1697, il canto del principe suscita quello della pizia, seguito da una canzone di
Scaramouche in un francese familiare (II.11, p. 330):
scaramouche (Chante)
Je
voudrais bien Madame épouser Olivette,
mais quand elle sera ma femme,
fera t-elle la coquette?
Par la vertu de mon âme,
je
lui casserais la tête.
Mentre in IT 1700 la canzone in gergo franco-italiano produce
un effetto molto più comico (II.7.105):
pasquariel (Imitant l’air de la Pythie)
Io vorrei ben, Madama,
esposar Olivetta, ta, ta, ta.
Ma
quando sarà ma fama,
sarà-t-ella
coquetta?
Par la merci,
ci, ci, ci, de mon amor
je lui casserai bien la testa
In sintesi,
il testo dell’edizione Gherardi (TI 1700) è molto più accurato, più completo, più ricco
di personaggi, battute, didascalie rispetto alla versione del 1697 (SupTI 1697). La sintassi è in alcuni casi modificata, con inversioni
di parti di frasi o di frasi intere. Sia lo stile comico-satirico che la vena patetico-sentimentale,
espressa dal personaggio del principe, appaiono rafforzati, rispetto alla versione
SupTI 1697, dalla quale sono invece assenti molte battute
satiriche e quasi tutti i monologhi in versi del principe.
Anche l’elemento spettacolare è più ampiamente sviluppato, grazie alle didascalie
molto più numerose e dettagliate nella descrizione dei vari procedimenti scenici
e degli effetti ottenuti con macchine, che spesso invece non troviamo nell’edizione
SupTI 1697 (a parte alcune didascalie tecniche che spiegano
i meccanismi per realizzare gli effetti speciali d’illusione nella scena I.11 con
i paraventi). Inoltre risulta notevolmente aumentata
la parte di Arlequin nello scioglimento finale dell’azione. La versione TI 1700 appare anche più accurata per quanto
riguarda la lingua, sia quella francese che gli inserti in italiano, quasi tutti
assenti in SupTI 1697.
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[1] Guardenti, Gli Italiani a Parigi, cit., vol.
II, fig. 83, p. 149.
[2] Per maggiori dettagli
su questa raccolta cfr. Comparini - De Luca, Le Théâtre Italien di Evaristo Gherardi. Introduzione, cit.
[3]https://books.google.fr/books?id=H1M6AAAAcAAJ&pg=PP12&lpg=PP12&dq=fausse+coquette+dans+Suppl%C3%A9ment&source=bl&ots=dEg4uhKr10&sig=NWf1w3oycmi7FgBS5hCyl7lZh8E&hl=fr&sa=X&ei=jS8QVbbDB5DuaIPwgqgK&ved=0CC4Q6AEwBA#v=onepage&q=fausse%20coquette%20dans%20Suppl%C3%A9ment&f=false
[4] «... il me
semble que ce troisième a quelque avantage sur les deux autres, en ce que presque
toutes les pièces en sont suivies et complètes [...] Quoi que toutes les pieces ne soient pas de la même force, on peut dire neanmoins que toutes sont tournées avec esprit. Les expressions
en sont heureuses, vives, et naturelles, et n’en déplaise à ces scrupuleux qui condamnent
sans quartier tout ce qui s’appelle Comédie, celles qu’on donne ici ne seront pas
inutiles pour faire connoître le coeur
humain, pour découvrir les secrets ressorts qui font agir les hommes, et pour reduire sur le pied de la vérité les beaux pretextes dont ils savent si bien colorer les démarches les
plus criminelles» (p. 3).
[5] L’Union des Deux opéra; La Fontaine de Sapience;
La Fausse Coquette; Attendez moi sous l’orme; Le Retour de la foire de Bezons; Arlequin
misanthrope; Pasquin et Marforio, medecins des moeurs. Alla fine del volume sono
inseriti i testi seguenti con date diverse: 1) Scènes françaises de la Comédie Italienne: La
Foire Saint Germain (Grenoble, 1696); 2)
Les Fées ou Contes de la mère l’oye (1697).
[6]
Reintegriamo tra parentesi quadre
alla lista originale i personaggi che sono stati dimenticati nell’edizione di Gherardi
e di cui non si sa chi recitasse la parte. Distinguendo tra due categorie separate
da una riga bianca: la prima comprende i ruoli della compagnia e i personaggi corrispondenti,
più le parti non chiaramente assegnate, forse delle doppie parti; la seconda i travestimenti
interni, e le altre parti recitate da Arlequin, Intriguant. Come
spiegato nella Prefazione, nel caso di Arlequin la situazione
è più complessa poichè quelle di pittore e di mago non
sono veramente doppie parti, ma declinazioni della sua natura proteiforme.
octave, Prince polonais
(Giovanni Battista Costantini )
m. prudent, Gouverneur du Prince Cinthio (Marco-Antonio Romagnesi)
colombine, femme de M. Prudent (Caterina Biancolelli)
angélique, nièce de M. Prudent (Angelica Toscano, dite Angélique ou Marinette)
lÉandre, Amant d’Angélique
(Charles-Virgile Romagnesi de Belmont)
arlequin, Intriguant (Evaristo Gherardi)
mezzetin, Valet de Léandre (Angelo Battista
Costantini)
pierrot, domestique de M. Prudent
(Giuseppe Geratoni o Jératon)
dame françoise, domestique de M. Prudent
pasquariel, Valet d’Octave
[maitre jacques,]
[un porteur
des lettres]
[un porteur
de chaise]
[un tailleur,
Léandre]
un tailleur,
un peintre,
un normand, (Arlequin)
un magicien,
Plusieurs
démons
[7] Octave, Prince polonais: Giovan Battista
Costantini (16??- 15 maggio 1721), primo
innamorato, recita la parte del principe dal 1688 al 1697. In La Fausse Coquette è sempre indicato come Le Prince, tranne due volte come Octave (I.6;
II.7.76). Figlio di Costantino Costantini, attore della Comédie-Italienne,
conosciuto col nome di Gradelin,
e fratello di Angelo Costantini conosciuto col nome di Mezzetin, questo attore era anche molto abile nella danza e nella
musica. Secondo Parfaict era bello («il est bien fait de sa personne») e cantava anche
piuttosto bene.[7] Nella commedia
si evocano scambi con la Polonia (I.10), nazione con la quale la Francia intrattiene
relazioni molto profonde da sempre. Dalla fine del XVII secolo i rapporti di viaggio
su questo paese mettono in evidenza il ritardo economico e sociale, la miseria dei
contadini, l’opulenza dell’aristocrazia. Dunque il principe polacco della nostra
commedia è un esempio di quest’aristocrazia molto ricca e potente, che spesso inviava
i suoi giovani membri in Francia a formarsi sotto la guida di un precettore. Troviamo il personaggio di
un finto polacco nella commedia di Hauteroche, Le Feint polonais ou La Veuve impertinente
(1686), in tre atti, in prosa (un capitano di cavalleria
si deve travestire da polacco per potersi sposare con la figlia di un banchiere
che si oppone al matrimonio a causa di un conflitto con il padre del giovane).
[8] M. Prudent,
Gouverneur du Prince Cinthio: Marco-Antonio Romagnesi detto
Cinthio (1633-28
ottobre 1706) dal 1694. Prudent è Gouverneur, vale a dire precettore
del giovane principe polacco.
[9] Colombine, femme de M. Prudent: Caterina Biancolelli, dite Colombine
(1665-22 février 1716, figlia di Dominique Biancolelli. Comincia a recitare a 18 anni (1683)
sulla scena della Comédie-Italienne, fino alla chiusura
del teatro nel 1697, anno in cui si ritira dal teatro rifiutando di entrare alla
Comédie-Française, dove recitava suo marito, l’attore
Pierre Lenoir de La Thorillière
(Maupoint, Bibliothèque
des théâtres, cit., p.
76; Campardon, Les Comédiens du roi de la Troupe italienne, cit.,
t. I, pp. 64-65).
[10] Angélique, nièce de M. Prudent: Angelica Toscano,
dite Angélique ou Marinette (16?-?). In realtà nella
commedia Angélique è presentata come la figlia: nel secondo
atto Prudent dice di aspettare M. de Pommenville che viene a sposare la figlia, poi nella lettera
il futuro sposo lo chiama « Monsieur mon beau-père », e nella battuta ch segue Prudent dice di andare a
portare la notizia alla figlia (II.3.27-28). Più avanti, Pierrot, parlando ad Angélique, definisce Prudent come
« votre père,
un veillard casé […] » (II.5.8).
Nel terzo atto, Angélique si riferisce a « suo padre » (III.5.30), il porteur dice a Prudent di portargli il suo gendre (III.7.5), mentre Arlequin travestito da M. de Pommenville
rivolgendosi a Prudent si riferisce ad Angélique definendola sua figlia (III.7.9). Tuttavia resta una
certa ambiguità in quanto tra Angélique e Colombine, moglie
di Prudent, sembra piuttosto esistere una relazione di
amicizia che non tra madre e figlia. Probabilmente perché Colombine è una seconda
moglie giovane di Prudent.
[11] Léandre, Amant d’Angélique: Charles-Virgile Romagnesi de Belmont 7 maggio 1670
- 9 marzo 1731.
[12] Arlequin, Intriguant: Evaristo Gherardi
(1689-1697). Su questo personaggio centrale della commedia rimando all’introduzione
e alle osservazioni puntuali nel corso del commento dell’opera. Già prima del 1684
l’importanza dei ruoli all’interno della compagnia era stata modificata. Arlequin e Mezzetin formavano una
nuova coppia che occupava una posizione sempre più centrale rispetto agli altri
tipi. Il primo dirigeva e commentava l’intreccio, ed ecco che infatti viene qui
definito intriguant;
il secondo, suo complice, ornava attraverso la musica vocale o strumentale, le situazioni
comiche spesso di un realismo fino ad allora sconosciuto.[12] Spesso usavano
travestimenti.
[13] Mezzetin, Valet de Léandre: Angelo Battista
Costantini (1654-1729). Iniziò la sua carriera
parigina nel 1681, come sostituto di Domenico Biancolelli.
Si adattò a rappresentare anche piccole parti. Nel 1683 (11 ottobre) si affermò
nel ruolo di Mezzettin che interpretò per la prima volta
nell’Arlequin protée di Fatouville. Personaggio «a metà strada tra il valletto e l’avventuriero,
aveva la funzione di conduttore dell’intreccio e indossava un costume a strisce
verdi e rosse, un ampio cappello cascante e non portava la maschera» (Cfr. Guardenti, Gli Italiani a
Parigi, cit., p. 19). Alla morte dell’Arlequin Biancolelli, nel 1688, fu
impiegato nel ruolo di Arlequin, malgrado il fatto che
il pubblico avesse manifestato il desiderio di vederlo a viso scoperto, poichè la sua versatilità era molto apprezzata, era considerato
una specie di Proteo. All’arrivo di Gherardi riprese a recitare il ruolo di Mezzettin a viso scoperto, fino alla chiusura del teatro nel
1697. Passò più di 20 anni in prigione, dal 1700 al 1727 (Cfr. Parfaict, Dictionnaire des théâtres, cit., vol. II, p. 146; Maupoint, Bibliothèque des théâtres, cit., p. 208; Antoine D’Origny, Annales du Théâtre Italien depuis son origine jusqu’à ce jour, Paris,
Veuve Duchesne, 1788, t. I, pp. 20- 21).
[14] Pierrot, domestique
de M. Prudent: Giuseppe Geratoni o Jératon (1639-?). Svolge
il ruolo di servo tuttofare che si lamenta della sua condizione a causa del comportamento
invadente dei padroni, verso i quali nelle sue battute esprime commenti ironici
che puntano a un abbassamento comico. È anche portiere e postino (II.4.8).
[15] Dame Françoise, domestique de M. Prudent: probabilmente una doppia parte,
di cui non sappiamo chi la recitò. Forse un servo, Pasquariel
o Mezzetin.
[16] Pasquariel, Valet d’Octave: Giuseppe Tortoriti, dit Pasquariel ou Scaramouche le jeune (1685-1697), talvolta anche Capitan, e Scaramouche dopo la morte di Tiberio Fiorilli nel 1694. Spesso
in associazione con Pierrot. Al suo posto troviamo Scaramouche
nell’edizione spuria del 1697. L’attore è così descritto
da Guellette che lo vide: «grand grimacier, sauteur
et qui faisait tous les tours périlleux et d’échelle» (Ms. Opéra, I, f° 125, cit. in Moureau, Présence d’Arlequin,
cit., p. 59).
Era lo specialista
delle acrobazie sceniche. A
proposito delle scene che recitava, Gherardi osserva: «[...]
je n’[en] ai mis que la teneur, parce qu’elles étaient ou toutes postiches, ou tout
à fait Italiennes, c’est-à-dire toutes grimaces et toutes postures» (Avertissement ; Le Théâtre Italien, I, cit. [non
paginato]). Nella scena II.5
è lui che porta la lettera di Léandre a Angélique, svolgendo le veci di servo fidato di Léandre, mentre è il servo di Octave
e Mezzetin quello di Léandre,
come risulta dalla lista degli attori.
[17] Colombine, Angélique e Léandre, stanno recandosi
a un ballo in maschera. ¨ en Espagnolette: da ragazza spagnola.
[18] paye comptant...
arrérages: Colombine utilizza
qui la metafora economica-monetaria (usure,
payer comptant, arrérages: usura, contanti, rendite), per riferirsi alla sua interruzione del
dialogo amoroso tra Angélique e Léandre.
[19] fastidieux époux: qui Angélique
si riferisce a Prudent come se non fosse suo padre. Tuttavia
benché nella lista dei personaggi sia definita «nipote», in molti altri luoghi della
commedia essa è chiaramente identificata come sua figlia. Angélique
non sembra neppure figlia di Colombine, che molto probabilmente è una giovane seconda
moglie di Prudent. Inoltre si rivolge a Colombine con
un vezzeggiativo affettuoso, «ma petite», quindi piuttosto da amica.
[20] je le payerais pour dormir... Est-ce que je suis payée pour le bercer: continua la metafora
economica per riferirsi alle relazioni di coppia, anche tra Colombine e Prudent.
[21] In questa scena Pierrot
si lamenta del trattamento riservato ai servi. Situazione tipica e ricorrente nelle
commedie della raccolta (in Colombine, femme
vengée, 1689, di Fatouville,
dove, chiamato con insistenza da Colombine per preparare la cena, Pierrot si lamenta
di non avere mai «un quart d’heure
en repos» (I.6), anche in Les Bains de la Porte Saint-Bernard (1696) di Boisfranc,
Scaramouche viene svegliato bruscamente da Octave (I.2).
[22] Arlequin entra qui in
scena, con un ingresso da ‘primadonna’ che evita ogni volgarità, e permette l’immediato
riconoscimento del personaggio da parte del pubblico grazie all’assurdità della
battuta di esordio, una considerazione sulla differenza tra il giorno e la notte
che comprende una tautologia e la personificazione del sole (Guardenti, Gli Italiani a Parigi, cit., p. 147). Il suo modo di ragionare è fantasioso e paradossale, ricorre a un
linguaggio figurato. Fin da questa scena possiamo notare l’evoluzione del personaggio
recitato da Gherardi rispetto all’Arlequin Biancolelli (vedi introduzione).
[23] Arlequin parla in francese
intercalando parole e frasi in italiano, probabilmente comprensibili al pubblico
per ottenere un effetto comico.
[24] Il vostro sonno vi prepara momenti fortunati: Arlequin ha una certa consapevolezza
delle differenze di ceto; qui si rivolge ai borghesi che dormono tranquillamente,
riferendosi con ironia a Prudent che dorme mentre la moglie
si diverte alle sue spalle; più avanti si lamenterà della condizione di servo (valet) (I.3.14).
[25] matou: gatto maschio, ma anche un uomo, in generale il marito: «Il faut à vieux
matou jeune et tendre souris» (Dancourt, Sancho
Pança, II.1). ¨ mou:
scarti di carne e grasso che il macellaio vende per gli animali di compagnia,
spesso i gatti. ¨ Ne vous mettez point martel en tête: martel forma antica di marteau, martello,
quindi l’espressione significa:
tormentarsi in modo ossessivo
(Molière: «Je ne vois point encore, ou je suis une bête, / Sur quoi
vous avez pu prendre martel en tête. / Lucile, à mon avis, vous montre assez d’amour»; Le Dépit amoureux, I.1). ¨ partisan: militare di un esercito irregolare; anticamente,
colui che organizzava dei partiti o delle società per riscuotere alcune tasse («Quelque gros partisan m’achètera bien cher» (Jean De La Fontaine, Fable
3, Livre 5).
[26] Mezzetin era specializzato nei versi degli animali e nei travestimenti.
[27] cabaret: taverna, modesto locale dove si vende vino e si può anche mangiare.
[28] Sono enumerati una serie di giochi: toton: un gioco con una specie di dado con quattro lati con una lettera
su ogni faccia (A, D, R, T) che si fa girare come una trottola: A = accipe (lat.) fa prendere un gettone, D =
donne, fa dare un gettone, R = rien, niente, non si deve né prendere né dare, T = totum, il giocatore prende tutto. ¨ Quilles: birilli. ¨ Palet: piastrella, disco. ¨ Paume: il famoso gioco nel quale
si lanciava una palla con una racchetta. ¨ Cheval fondu: gioco molto antico (se ne
trova traccia nelle opere di Rabelais), nel quale dei ragazzi si arrampicano sulla
schiena di altri compagni curvati e disposti in fila uno dietro l’altro, il primo
appoggiato contro un muro. ¨ Trou-madame: gioco della Picardia, risalente al XVI secolo, in cui si devono far passare
delle palline nei buchi di una tavola di legno. ¨ Pet en gueule: gioco tra soldati o ragazzi, nel quale due persone si abbracciano
ma rovesciando i corpi, in modo che ognuno abbia la testa tra le cosce dell’altro.
I due devono rovesciarsi a terra alternativamente su altri che sono a quattro zampe
e quindi cambiare di volta in volta di posizione («Quoi!
je n’ons pas joué ensemble à la madame, à la colin-maillard,
à la pet-en-gueule!»; Dancourt, Le Mari retrouvé,
sc. 11). ¨ Plaît-il maître: antico gioco che consiste in una serie di domande e risposte
tra il giocatore e un «maître».
[29] Franchon, Margoton,
Alison, Salisson, Cotillon, Louison,
pour boire du bon, au petit Bourbon: deformazione
di una serie di nomi di forma popolaresca: Margoton: da Margot, tradizionalmente
utilizzato per indicare una donna chiacchierona e leggera; Salisson, termine popolare, da sale, sporco, donna sporca o serva (come
souillon, come
Cenerentola); Cotillon: gonnella da contadina, si usa nel senso di amare la gonnella,
amare le donne facili («Et voilà pour t’avoir, Georgette,
un cotillon»,
Molière, L’Ecole
des femmes, IV.4; «Je veux que
nous dansions ensemble le rigaudon, la chasse, les cotillons, la jalousie et toutes les autres danses
nouvelles»,
Regnard, Le Légataire universel, sc. 8); Louison: nome di donna, diminutivo di Louis che
risale al XVII secolo; in seguito, dal XVIII secolo, nome di uomo; petit Bourbon: riferimento all’antico palazzo
costruito nel XIV secolo davanti al Louvre, che divenne la sala del teatro in cui
recitò Molière dal 1658, in alternanza con gli attori della troupe di Tiberio Fiorilli);
nel 1645, gli attori italiani vi misero in scena La finta pazza, prima opera, con musica e balletti, che anticipa il
genere dell’opéra-ballet
francese; quando venne demolita nel 1660, per permettere la costruzione della colonnata
del Louvre, le compagnie si spostarono nella sala del Palais Royal.
[30] ratafia: liquore
composto da acquavite, zucchero e succo di frutta, una sorta di kirsch apparso verso il 1675 molto apprezzato
nella società mondana: «Chez lui [un directeur
de femmes], sirops exquis, ratafias vantés, / confitures surtout, volent de tous
côtés»; Boileau, Satire X).
[31] le décorum de notre charge: charge: incarico, mestiere; nel linguaggio popolare
anche storia inverosimile, o ancora si dice «Il en a sa charge» di qualcuno che è sazio o ebbro; qui gioco di parole
tra il mestiere di Mezzetin di venditore di acquavite
e suo stato di ebrietà.
[32] accourez tous...: la
prima canzone di Mezzetin che sarà seguita da un’altra
alla fine della scena, e nella battuta seguente viene contraffatta
da Arlequin che a sua volta si mette a cantare. ¨ Rossoli: rosolio. ¨ Fenouillette: acquavite
distillata con semi di finocchio. ¨ Eau clairette (o
anche eau de vie clairette):
per molti secoli questo termine è stato usato per indicare dei composti ottenuti
dalla distillazione da liquidi alcolici, e in particolare dal vino; secondo Furetière si tratta di un’acquavite nella quale si fanno macerare
delle ciliegie con zucchero e altri ingredienti cotti al sole. ¨ Bourbon:
whiskey americano invecchiato. ¨ Nella
Foire Saint-Germain (III.4), i venditori di oublies circolavano
per le strade verso mezzanotte, e i venditori di eau-de-vie dalle quattro del mattino (Le Théâtre italien, vol. II, Les comédies italiennes de J. F. Regnard, textes établis, présentés
et annotés par Roger Guichemerre, Paris, Société des Textes
Français Modernes, 1996, nota n. 11, al Divorce di Regnard,
III.6, p. 90).
[33] se change en oublieux: si trasforma
in venditore di oublies, dolcetti a forma
rotonda, di cilindro, chiamati plaisir quando sono in forma di cornetto («Mais
à condition qu’en son plus grand besoin on ne lui donnera que deux tranches de coing,
douze cornets d’oublies et deux verres d’eau claire»; Dancourt, Sancho Pança,
V.12). ¨ tuileaux: biscottini
a base di farina, burro e bianco d’uovo, arrotolati a forma di tegola cilindrica
(sinonimo quindi di oublies)
e gioco di parola per assonanza con eau
(eau-de-vie) e joie.
[34] jouer une main
ou un pied d’oublies: giocare a carte [con] i biscotti
(oublies); forse
anche nel senso di mangiarne una grande quantità, poichè
nel linguaggio popolare si dice anche «faire des pieds et de mains» nel senso di ‘fare tutto il possibile’.
[35] In questo primo lazzo
Mezzetin tira i dadi e i biscotti (cornet), mentre Arlequin si alza e si abbassa al ritmo delle grida dell’amico
«La vie, la vie». ¨ corbillon: piccolo cestino usato nei giochi di carte e di dadi pour deporre la
posta del gioco. ¨ La scena si conclude
(I.3.58-59), con il lazzo della farina, che Mezzettino
lancia in faccia ad Arlequin mentre si sta mangiando i
biscotti. Troviamo altri lazzi nelle scene seguenti come quello acrobatico di Pasquariel (I.6). Un altro lazzo è quello, nella scena II.1,
in cui Mezzettino alterna il pianto col riso. Un lazzo
si trova anche alla fine della commedia (III.8), nella quale Arlequin travestito da mago compie con la sua bacchetta magica,
una serie di gesti buffi intorno al principe.
[36] Seconda canzone di Mezzetin che, come sopra, viene subito dopo imitata da Arlequin con la bocca piena di biscotti.
[37] I.3.58-59 il lui jette une poignée de farine: lazzo della farina, tipico di molti scenari
della commedia dell’arte.
[38] Durante il ballo Colombine
incontra il principe. Malgrado sia mascherata, questi le dichiara il suo amore.
Anche se non può vederla, il piacere, la fiamma che lo divora, è nato dai suoi sguardi
e dai suoi occhi nascosti dietro la maschera. Tutti i dialoghi si sviluppano intorno
al tema del vedere/nascondere/intravedere.
[39] marmouset: piccola figura grottesca,
con senso dispregiativo, giovane scioperato («Faut-il qu’un
marmouset, un maudit étourneau....»; Molière, Sganarelle, ou Le Cocu imaginaire, 9).
[40] J’ai enfin
découvert l’original du portrait: il principe intuisce ciò che gli verrà confermato nella
scena I.11.25, vale a dire l’identità tra la donna raffigurata nel ritratto e quella
che ha incontrato al ballo, cioè Colombine.
[41] C’est une scène toute italienne: il lazzo acrobatico di Pasquariel
che fa delle capriole con un bicchiere senza versarne una goccia, nella scena «tutta
italiana», cioè tutta lasciata all’improvvisazione.
[42] le tour de bâton: profitto illecito; l’espressione si basa su un gioco di
parole tra «tono basso» (bas ton), in riferimento al segreto del profitto,
e ‘bastone’, cioè la bacchetta dei giochi di magia. Qui c’è anche il riferimento
alle bastonate che tradizionalmente ricevono i personaggi come Arlecchino e i servi.
[43] Je suis
une pièce d’étoffe...: eufemismo, «stoffa non ancora srotolata», cioè
ragazza vergine.
[44] I.7.18-19 Continua il gioco di parole con doppio senso, come sopra, la metafora
della stoffa (la ragazza vergine) in vendita. ¨ Aune: antica unità
di misura per misurare le stoffe. Proverbio: Les hommes ne se mesurent pas à l’aune (gli uomini non si misurano a braccia, cioè,
dall’apparenza).
[45] figlia: calco da fille, ragazza.
[46] gibier:
animale da preda, in senso figurato persona da seguire, catturare e imbrogliare; anche prostituta («Nous
autres fourbes de la première classe, nous ne faisons que jouer, lorsque nous trouvons
un gibier aussi facile que celui-là»; Molière, Monsieur
de Pourceaugnac,
II.4).
[47] Comportamento
tipico del personaggio di Arlequin avido di cibo e di
sesso: qui si vuole approfittare del conflitto tra gli amici per bere il doppio.
[48] vers la cantonade: nel
suo Avertissement
qu’il faut lire, Gherardi spiega questo termine «usités par les comédiens italiens», che significa «aile, coin, côté du
théâtre». Quindi qui indica la direzione della voce di Angélique verso un lato del teatro. ¨ galon d’or: tessuto, striscia
dorata. ¨ Plumets: piume di struzzo poste sui cappelli dei
galants, significando
questi personaggi per metonimia.
[49] Gonesse: comune
francese situato vicino a Parigi, nell’Île de France.
[50]
galefretiers: termine invecchiato che significa ‘buono
a nulla’.
[51] par le sang bleu: all’origine si trova l’imprecazione par le sang (de) Dieu!, attestata nel XIV sec. Ma durante l’Ancien Régime
(tra il XV e il XVIII secolo), quando
la nobiltà e il clero erano all’apice del potere, questa
imprecazione era blasfematoria. Quindi venne usata al suo posto Palsambleu, una deformazione
accettabile (Molière utilizza
par le sang bleu e par la sangbleu: «A-t-on jamais vu une telle furie
de chanter? Par le sang bleu! J’enrage»;
Molière,
La Princesse d’Elide, Premier intermède,
sc. 2).
[52] gasconnade:
termine significante fanfaronata, vanteria,
derivato dalla reputazione dei
guasconi, abitanti dell’antica Guascogna, regione al sud-ovest della Francia, al confine con la Spagna. ¨ je vous donnerai de mon flambeau par le nez: Pasquariel minaccia Angélique di bruciarle il naso con la fiaccola che sta usando
per fare luce.
[53] In questa scena il principe, con il ritratto di Colombine in mano, declama una
poesia d’amore in alessandrini scritta per lei, nella quale realtà e illusione,
giorno e notte, si confondono e si sovrappongono. Il ritratto permette una visione
in assenza dell’oggetto amato, così come il sogno offre all’innamorato tante sue
nuove rappresentazioni. Ma questo oggetto non è frutto solo di pura immaginazione,
infatti la notte il principe l’ha passata al ballo con Colombine, e ciò che ha visto
non era un sogno, ma la realtà: «Voir cet objet la nuit,
le chercher tout le jour». Prudent
sopraggiunge e si accorge che il soggetto del ritratto e dell’innamoramento del
principe è proprio sua moglie. Viene allora colto da ‘vapori’ che riprendono per
contrasto il vapore evocato dalla poesia, per descrivere ciò che resta delle menzogne,
delle visioni notturne. Questa poesia sviluppa il tema cruciale del rapporto tra
realtà e illusione, tema che percorre tutta la commedia, e viene rilanciato qui
subito nella scena seguente, con l’arrivo di Arlecchino pittore.
[54] A questa scena è dedicata
la prima raffigurazione relativa a quest’opera; si tratta dell’incisione di Franz
Ertinger, che costituisce il frontespizio della commedia:
in essa vediamo rappresentati Arlequin in veste di pittore
che presenta al principe alcuni pannelli sui quali appare Colombine (Guardenti, Gli Italiani a Parigi, cit., vol.
II, fig. 83, p. 149).
[55] Arlequin sfrutta la polisemia del termine
originale per evocare la sua originalità
come personaggio, quella della sua arte e delle opere realizzate in quanto pittore.
La genealogia nella quale si inserisce fornisce un esempio dell’effetto retorico-stilistico
(bathos) ottenuto tramite contrasto, grazie all’inserimento di un elemento triviale, in un enunciato serio (Spielmann, Le jeu de l’ordre et du chaos, cit., p. 323). Altri esempi più avanti (II.7).
[56] L’arc-en-ciel!: esempio di umorismo paradossale di Arlequin
che confondendo realtà e illusione, immagine naturale e rappresentazione: sostiene
di aver dipinto l’arcobaleno.
[57]
Ancora un esempio
di confusione tra realtà e finzione.
[58] Colombine paraît, avec un Cavalier à ses genoux: in questa didascalia non è specificato
se si tratti o meno di un tableau vivant,
mentre nell’edizione SupTI 1697 la didascalia specifica
che si tratta di una figura dipinta tranne il viso, che è quello di Colombine (vedi
nota Apparato).
[59] Il principe
ha qui la conferma dell’identità tra la donna raffigurata nel ritratto e quella
che appare sul paravento, cioè Colombine.
[60] (il déploie
une autre feuille de paravent...): nell’edizione SupTI
1697 anche qui, come prima a proposito del paravento con Colombine, la didascalia
spiega come veniva realizzata l’illusione scenicamente.
[61] quest’ultima illusione, con un paravento raffigurante un ladro che cerca di
derubare Prudent, è assente da SupTI
1697.
[62] Questa scena, nella quale Pasquariel in compagnia di Arlequin e di Mezzetin lamenta la
morte dell’unico taverniere di Parigi che gli faceva credito, doveva essere molto
popolare, e ricorda alcuni elementi del repertorio precedente. Essa anticipa
il tema della commedia successiva Le Tombeau de Maître André (29 gennaio 1695), dove viene ripresa diventando puro non
sense: gli zanni litigano per una bottiglia, Scaramouche pensa di sposare la vedova di Maître André, e fa
sposare Arlequin con la figlia, Colombine; dopo la lettura
del testamento, il lutto finisce quando Maître André si sveglia, si siede e comincia
a cantare: «Beviamo! Beviamo! Beviamo!». ¨ Il momento in
cui, mentre Pasquariel e Mezzetin
stanno piangendo, entra in scena Arlequin e si mette a
piangere con loro, è l’oggetto di un’incisione di Gabriel Huquier
(erroneamente intitolata Le Tombeau de Maître André) da un disegno
di Claude Gillot intitolato Arlequin pleurant (Guardenti, Gli Italiani a Parigi, cit., fig. 107, p. 135 e pp. 150-151). Ci sono altre due immagini di un momento successivo
quando Arlequin torna con tre mantelli e tre cappelli
che distribuisce ai suoi amici. Si tratta del disegno di Gillot
(fig. 130) e dell’incisione di Huquier (fig. 116), anch’esse
erroneamente intitolate Le Tombeau de Maître André (Per il commento di queste immagini, cfr. ivi, pp. 152-157). Guardenti arriva alla conclusione che, malgrado l’assenza di
documenti comprovanti l’effettiva conoscenza dell’attività dei comici della Comédie-Italienne da parte del disegnatore Gillot, queste immagini potrebbero comunque fornire indicazioni
sulla recitazione dell’Arlequin Gherardi. In particolare,
i disegni di Gillot confermano che ci troviamo davanti
a «un Arlequin ingentilito rispetto a quello che compare
nelle figurazioni probabilmente ispirate alla pratica scenica di Biancolelli. L’Arlequin di Gillot si lascia decisamente alle spalle il patrimonio spesso
forzatamente grottesco dei suoi predecessori e sembra essere dunque alla base dell’immagine
settecentesca e quindi ‘classica’ del personaggio». Insomma, grazie a queste
figurazioni sceniche, secondo Guardenti «inizia a prendere
corpo il mito dell’arte scenica di Evaristo Gherardi». In effetti, secondo Guardenti, questi risulta essere più garbato, sottile, le battute
perdono la sconcezza, acquistano finezza e capacità di penetrazione (Guardenti, Gli Italiani a Parigi, cit., pp. 135 e 138-139).
[63] chante sur
le ton du deuil d’Alceste: Alceste ou
le triomphe d’Alcide è una tragedia in musica i cinque atti con prologo di Jean-Baptiste Lully (1632-1687) su un libretto di Philippe Quinault (1635-1688), rappresentata il 2 gennaio 1674 al teatro
del Palais Royal; molto apprezzata dal re, ebbe un grandissimo successo, metre fu attaccata da Boileau e Racine; negli anni seguenti venne ripresa a Versailles, Fontainbleau (1677), St-Germain-en-Laye
(1678), à Paris à l’Académie Royale de muisque e al teatro del Palais Royal (1682). théorbe: strumento
a corde della famiglia del liuto, ma più grande.
[64] In tutta
questa scena Colombine viene presentata come una donna di spirito, arguta e ironica.
Ogni sua battuta mette per contrasto in evidenza la semplicità e debolezza di Prudent. Le proteste di questi, causate dalle assenze ripetute
di Colombine, ricordano quelle di Sotinet verso la giovane
moglie Isabelle nel Divorce
(1688) di Regnard (II.2).
[65] C’est une pièce... trébuchante: gioco di parole con l’espressione «pièces
sonnantes et trébuchantes» che
significa, moneta metallica, nuova e autentica (troviamo questa espressione nel Quart livre di Rabelais, 1552, prol. 178). L’aggettivo trébuchant significa traballante;
mentre il sostantivo, riferito alla moneta, indica il sovrappeso che veniva dato
volontariamente alle monete per compensarne l’usura e che veniva misurato tramite
il trébuchet,
una piccola bilancia usata per pesare le monete (nel XIV sec.). Qui Colombine ricorre
alla metafora della moneta, sfruttando i doppi sensi di trébuchant, per devalorizzare ancora una volta il marito paragonando il suo
onore (ma anche la sua persona) a una moneta senza valore, malgrado sia trébuchant, sovrappeso
e traballante.
[66] chasse-marées: imbarcazione per il trasporto del pesce, tipico della Bretagna.
Secondo il dizionario dell’Accademia francese, il termine marée
(marea), va usato al singolare:
«L’Académie
qui, au mot chasse-marée, ne dit rien du pluriel, écrit, dans un exemple au mot
chasse, des chasse-marées. Il est bien plus naturel d’écrire des chasse-marée; car les chasse-marée chassent, c’est-à-dire mènent en
hâte la marée bien plutôt que les marées; marée ne se disant pas en ce sens au pluriel»
(Littré). ¨ magot: scimmia
simile al macaco che vive in Africa del nord e a Gibilterra. Si usa per designare
una persona molto brutta: «Il est laid comme un magot».
Si trova nel dizionario dell’Accadémie Française dal 1694.
[67] vin de Côte Rôtie: vino molto apprezzato della
regione del Rodano.
[68] vin de Côte Bouillie: Bouillie, alimento costituito da latte
o di altro liquido e di farina bolliti. Si usa in senso figurato per significare
che qualcosa ha perduto ogni consistenza qualcosa d’inutile («De la bouillie pour
les chats»). Qui gioco di parole di Pierrot in riferimento
al termine appena usato da Pasquariel, per scherzare sulla
qualità del vino che ha appena offerto all’amico.
[69] jour de dépêche: giorno consacrato alla posta, nel quale Pierrot deve fungere
da postino.
[70] suisse: termine usato tra il XVII e il XIX secolo per indicare un
portiere di un palazzo, di una grande casa, che indossa una divisa simile a quella
delle guardie svizzere, e in particolare dei pantaloni («chausses») la cui parte alta era cucita
con delle pieghe. Qui si vogliono evocare le varie mansioni di Pierrot come domestico
tuttofare: postino, portiere... Infatti come spiega subito dopo, Pierrot ha il compito
di portare alla posta le lettere scritte da un segretario (commis). C’è inoltre un doppio senso, poiché il termine significa anche
qualcuno che beve e fuma molto: «boire comme un suisse», «elles fumeront comme des Suisses» (Les
Bains de la Porte Saint-Bernard, I.6). Inoltre gli svizzeri avevano la reputazione
di essere brutali e feroci, irragionevoli, si diceva: «n’entendre
pas plus raison qu’un Suisse».
[71] rétive: recalcitrante.
[72] gourmandiller: fare dei piccoli rimproveri. Probabilmente un neologismo
a partire da gourmander (rimproverare molto severamente). Nei dizionari
l’unica occorrenza attestata del termine deriva proprio da questo testo.
[73] un vent... couchant: riprende il detto «rouge au couchant,
vent au levant».
[74] Siamo in presenza di un lazzo verbale, in particolare secondo
la tecnica del liage,
in base alla quale il discorso si sviluppa sulla variazione di un tema, qui la metafora
del vento, fino all’assurdo (Spielmann,
p. 322). ¨ Corbeil: località
che si trova nel dipartimento dell’Essonne, a pochi chilometri
a sud-est di Parigi, dove non c’è naturalmente il mare. ¨ Le vent d’aquilon: Aquilone, nome romano corrispondente
al greco Borea, vento freddo e violento del nord. Figlio di Eos e di Astreo, abitava in una caverna della Tracia o, secondo alcune
fonti, nell’isola di Eolia, dove Eolo, il re dei venti, lo teneva incatenato. Veniva
rappresentato come cavallo o come un vecchio dai capelli bianchi in disordine.
[75] postillon: mentre il cocchiere conduce la carrozza
con i cavalli, il postillon monta il cavallo.
[76] vers la cantonade: cfr. I.9.1.
[77] fressure: insieme delle viscere di un animale macellato: polmoni,
cuore, timo, fegato e milza. Interiora consumate in forma di ragù, in padella o
arrosto.
[78] altro esempio di bathos.
[79] qui pro cro: deformazione di quiproquo,
equivoco.
[80] écho: ritroviamo quest’uso della voce come eco da parte di Arlequin anche in altre commedie come in Arlequin empereur de la lune (5 marzo 1684)
di Fatouville, in cui Pierrot, sentendo alcune parole
di Arlequin nascosto in fondo al teatro, le attribuisce
al Dottore, osservando: «Et c’est vous, monsieur, qui
parlez comme un écho» (I, p. 142); si potrebbe anche trattare di un commento
a proposito della recitazione del Dottore poiché, nell’Avertissement qu’il faut lire al primo tomo, Gherardi utilizza
l’immagine dell’eco per descrivere un tipo di recitazione opposta a quella degli
Italiani: «On peut dire que
ces sortes de comédiens sont comme des ècoliers,
qui viennent répéter en tremblant une leçon qu’ils ont apprise
avec soin: ou plutôt ils
sont semblables aux échos, qui ne parleraient jamais si d’autres n’avaient parlé avent eux.
Ce sont des comédiens
de nom, mais inutiles et à charge à leur compagnie». Invece l’attore italiano recita ricorrendo all’immaginazione e sa
combinare perfettamente il testo che ha imparato
a memoria con l’azione, interagendo con i suoi interlocutori in scena: «Qui dit bon
comédien italien dit un homme qui a du fonds, qui joue plus d’imagination que de
mémoire; qui compose, en jouant, tout ce qu’il dit; qui sait seconder celui avec
qui il se trouve sur le théâtre: c’est à dire qu’il marie si bien ses paroles et
ses actions avec celles de son camarade qu’il entre sur le champ dans tout le jeu
et dans tous les mouvements que l’autre lui demande, d’une manière à faire croire
à tout le monde qu’ils étaient déjà concertés» (Gherardi, Avertissement, in Le Théâtre Italien, I, cit. [non paginato]). ¨ Un triomphe en amour perd beaucoup de sa gloire: gli alessandrini del principe ricordano quelli del Cid di Corneille:
«A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire» (II.2).
[81] Bois, prés, fontaines, fleurs, vous aimeriez aussi:
riferimento a Molière, La Princesse d’Elide (1664), Deuxième
intermède, scène I: «Bois, prés, fontaines, fleurs, qui voyez mon teint
blême, / Si vous ne le savez, je vous apprends que j’aime. / Philis est l’objet charmant / Qui tient mon cœur à l’attache,
/ Et je devins son amant / La voyant traire une vache. / Ses doigts tout pleins
de lait, et plus blancs mille fois, / Pressaient les bouts du pis d’une grâce admirable.
/ Ouf! Cette idée
est capable / De me réduire
aux abois». Stereotipo pastorale della «conversazione con gli alberi e le rocce», illustrato tra l’altro in testi poetici come: Les Charmes de Félicie (1654) di Montauban, due ecloghe de Mlle
Desjardins (1662), un
idillio di Madame Deshoulières (1674).
[82] Quel prix dois-je espérer que ma Philis m’accorde:
il nome Philis è tipico della poesia
pastorale e galante (Benserade, Mlle Desjardins, Sercy).
[83] Farfadet: piccolo personaggio immaginario dei racconti popolari dotato
di poteri fantastici, aggraziato, più dispettoso e malizioso che malevolo.
[84] triple hécate: dea degli inferi, così chiamata perché era al tempo stesso
Diana sulla terra, la luna nel cielo e Proserpina dell’inferno.
[85] Ah, Magot vous-même: lazzo verbale costituito dal calco francese magot (scimmia) sulla
parola italiana mago della battuta precedente
di Pasquariel: Signor
mago? (cfr. II.3.27). ¨ cruche: caraffa, ma anche in senso
figurato persona stupida e ignorante; in quest’ultimo senso se ne trovano delle
occorrenze in vari autori dell’epoca (Boileau, Lafontaine,
Molière).
[86] muid: antica misura di capacità che variava a seconda delle province,
in genere indicante un grande volume.
[87] aussi diable
que vous êtes noir: riferimento al colore della
maschera d’Arlequin e all’origine del personaggio, hellequin, un diavolo,
nel folklore medievale francese.
[88] Médée, frère
de Circé, [...], d’Armide et de la
Jobin: figura di stile (bathos), qui ottenuta con una lista
di maghe appartenenti alla tradizione mitologica, interrotta e conclusa con riferimenti
all’attualità (oncle à la mode de Bretagne; la Jobin) (vedi altri
esempi: II.7.44 e II.7.50). Con la Jobin, in particolare, Arlequin
si riferisce alla Voisin, la famosa avvelenatrice, bruciata viva nel 1680, la cui
fama era stata sfruttata da vari autori comici come Thomas Corneille
e Donneau de Visé con La devineresse ou les Faux
enchantements (19 novembre, 1679; Paris,
Blageart, 1680), mutandone il nome appunto in Jobin; questa pièce à
machines ebbe un enorme successo tra il 1679 e il 1680 con 47 repliche, e venne
rappresentata fino al 1739, con un totale di 194 rappresentazioni (Lancaster, A History
of French Dramatic Literature, cit., p. 917); ritroviamo echi di questo
personaggio in varie altre commedie della raccolta, in Le Divorce (II.6) e La Déscente de Mezzetin aux enfers (sc. 1 e 2) di Regnard, per esempio. ¨ Médée: tragedia in
musica di Thomas Corneille e Charpentier
(1693). ¨ Circé: tragedia di Thomas Corneille e Donneau de Visé (1675). ¨ Urgande: tragedia di Louvart (1679). ¨ Armide: tragedia in musica di Quinault e Lully (1686).
[89] petits collets: ecclesiastico, uomo
di chiesa, in riferimento ai colli stretti delle camicie che indossavano. Altro
esempio della figura di stile qui sopra evocata (bathos).
[90] la baguette de Vulcain [...] comédiens italiens: riferimento alla commedia di Regnard
et Dufresny, La
baguette de Vulcain, messa in scena sul Théâtre-Italien (1693).
[91] Franc goyer: ruffiano.
[92] l’enclouure: la difficoltà.
[93] Pythie: Pizia, la sacerdotessa di Apollo, oracolo del santuario
di Delfi.
[94] Et n’épouste ici ton casaquin: da épousseter,
‘spolverare’, ma anche ‘colpire’,
‘battere con un bastone’ («Oui-da,
très volontiers, je l’épousterai bien»; Molière, L’Etourdi ou le Contretemps, IV.7).
[95] Godelureau: termine peggiorativo per designare un bellimbusto che corteggia le donne. ¨ manger son blé en herbe: letteralmente ‘mangiare il
grano acerbo’, nel senso di essere imprevidenti.
[96] rognures: resti,
scarti di stoffa. Si utilizza anche in senso figurato e familiare, per significare
qualcosa che risulta dall’utilizzo di materiale di scarto.
[97] tailler: uso
metonimico del verbo ‘tagliare’ ch,e
invece che al vestito, Pierrot applica a chi lo indossa ottenendo un effetto comico.
[98] Verge: gioco di parole, riferimento all’organo
sessuale maschile (ancora un esempio di bathos).
[99] quinze-vingts: ciechi;
allusione comica all’ospedale dei Quinze-Vingts, ospedale fondato a Parigi da San Luigi per trecento
non vedenti («Et que les Quinze-Vingts
disent que je suis borgne»; Régnier, Satire V).
[100] ensellée (enseller:
sellare): qui nel senso di arcuata. Si applica per riferirsi al dorso dei cavalli
che recano la traccia della sella. ¨ corps de jupe: corsetto
che con una gonna faceva parte del vestito femminile seicentesco molto caricato.
[101] Gourgandines: termine a doppio senso: un tipo di vestito alla moda nel
1694 che consiste in un corsetto che lascia intravedere la camicia; ma anche ‘donna
leggera’, ‘prostituta’.
[102] par la jarnibleu:
jarnidieu e
jarnibleu, imprecazione
che deriva da un’alterazione di je renie Dieu (rinnego Dio). Troviamo
harnibieu nel
XVI sec. Cfr. sopra I.9.19 per altre forme simili d’imprecazione.
[103] croquignole: doppio senso tra il
significato di ‘biscotto’ (specialità molto antica della regione di Pithiviers fino alla seconda guerra mondiale; se ne trova la
prima occorrenza nel 1532 nel romanzo di Rabelais), e ‘colpo’ («S’appliqua mainte croquignole, pocha ses yeux,
mordit ses doigts»; Scarron, Virgile travesti,
IV).
[104] lâche-lui un peu
la mesure: termine di scherma, che significa indietreggiare davanti
all’avversario.
[105] Tutta
la scena è l’occasione per fare la satira del provinciale normanno, in questo caso
M. Pommenville, futuro genero di Angélique.
[106] Lourdauds: goffo,
impacciato nei movimenti; ma anche, sul piano psicologico, qualcuno cui manca finezza,
acutezza nella percezione. Il termine appare dal XV secolo, nel senso di sot, stupide.
Tra i sinonimi troviamo: balourd, lourd,
pataud. ¨ un quartier de froment: un quarto, una quarta parte di una quantità totale. ¨ poulets d’Inde: anticamente usato per riferirsi ai pulcini
del tacchino. Le Renard et les
Poulets d’Inde è la diciottesima favola del libro XII delle Fables di Jean de La Fontaine (1693). ¨ repaissance: da repaître, ‘nutrire’, ‘nutrirsi’.
[107] que d’affecter
de [...] pour une
cuisine: cercare con cura, con esagerazione.
[108] Bats ta
femme et ton blé: forma proverbiale che indica
il comportamento violento dell’uomo nei confronti di sua moglie: battre= picchiare
[la moglie], battre le blé: trebbiare.
[109]
Maître Gonin: persona furba; termine usato nelle locuzioni popolari («Il
faut en devinaille [pour deviner] être maître gonin»; Régnier, Satire 10).
[110]
ne varietur: scherzo di Arlecchino,
che utilizza il linguaggio giuridico del termine latino (usato per significare che
un documento non può essere modificato) in difesa dell’onore di Colombine.
[111] cimeterre: scimitarra. Quest’arma orientale viene attribuita al principe
forse nel desiderio di rafforzare l’esotismo del personaggio.
[112] bassinet: piccola parte di un’arma da fuoco nella quale s’inseriva
la miccia: mettre la poudre dans le bassinet.
[113] tonne: botte di vino. Il personaggio mitologico era all’epoca al
centro di varie opere teatrali, tra le quali la pastorale di Quinault, Les fêtes de l’amour et de Bacchus (1672), la commedia eroica di Donneau de Visé, Le mariage de Bacchus
et d’Ariane (1672), dopo il successo della tragedia Amours de Venus et d’Adonis (1670). Secondo Parfaict,
la commedia non ebbe successo e non andò oltre le quattro rappresentazioni (Histoire
du Théâtre français, année 1685, t.
III (ristampa Genève, Slatkine,
1967, p. 259); e
tra gli inediti, Les travaux
divertissants d’Arlequin Bacchus, «comédie accomodée au Théâtre italien»
di Denis (Lancaster, A History of French Dramatic Literature, cit., p. 700). Può anche essere utile ricordare che
nel 1651, anno in cui il giovane Louis XIV iniziava a impegnarsi nel balletto, venne
rappresentato quello in cui appariva Arlequin, dal titolo
Fêtes de Bacchus, del
quale ci resta il libretto, la musica e una serie di disegni, con colori vivaci,
che raffigurano la scenografia e il personaggio di Arlequin
in posizione di danza (Mazouer, Le Théâtre d’Arlequin, cit., pp. 64, 67, 73).
[114] Cfr. Evariste Gherardi, Le Théâtre italien,
I, éd. par
Charles Mazouer, Paris, Klincksieck - Société
des Textes Français Modernes, 1994, pp. 320-323.
[115] Su tutto questo
aspetto cfr. l’analisi approfondita di Emanuele
De Luca, Il Théâtre Italien (a cura) di Evaristo Gherardi, in Goldoni «avant la lettre»:
esperienze teatrali pregoldoniane (1650-1750), a cura
di Javier Gutiérrez Carou, Venezia, lineadacqua, 2015, pp. 135-145.
[116] Trascriviamo il
testo dell’edizione del 1697 rispettando l’ortografia originale.